Guerre
et
matières premières

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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF

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À l’évidence, le retour en force, à la Maison blanche, du républicain et ultralibéral, Donald Trump marque le coup d’envoi d’une nouvelle offensive tous azimuts des entreprises multinationales dédiées à l’extraction-captation-prédation des matières premières énergétiques à haute valeur ajoutée ; des hydrocarbures (« Or noir ») aux terres rares (« Or gris ») sans qu’il ne soit question de se préoccuper des questions environnementales, de la dégradation continue et en accélération de la qualité de l’air, sans compter la pollution des espaces naturels, terrestres, fluviaux, sous-marins et maritimes.

Même dans les espaces en guerre – le conflit russo-ukrainien en témoigne – les tractations vont bon train pour rafler la mise sur des terres riches en minerais divers. Ainsi, l’Ukraine est-elle l’objet de convoitises tant des investisseurs américains, proches de la Maison blanche, que des oligarques russes en corrélation avec le Kremlin : lithium, uranium, graphique, titane, fer, manganèse et autres métaux sont au programme. Guerre et affaires font souvent bon ménage. Elles se combinent cyniquement dans le temps.

Pour le reste, notre rapport aux énergies est à repenser dans sa quasi intégralité.

Mais, dans l’immédiat, les antagonismes conceptuels sont sur le devant de la scène. On oppose le moteur électrique au moteur thermique ; on prône l’éolien mais son efficacité est assez minimaliste. L’énergie solaire ? On est très en retard en la matière. Sinon, on mise sur le nucléaire… ce qui n’est pas sans critiques légitimes.

Bref, où en sommes-nous et que devons-nous faire ?

« Du business ! », hurlent les uns, chacun dans sa sphère de lobbying ; « De l’énergie propre » martèlent les autres, sans que l’on se se soucie d’une démarche collégiale, équilibrée et posée.

Tout est mené dans l’urgence du moment, sous les coups politiques et coups de communication, du moment que les marchés financiers suivent, pourvu que les affaires soient sous contrôle…et que les citoyens consomment…et paient…même si leur pouvoir d’achats s’effondre, que les tensions socio-économiques s’aggravent dans un monde en manque de renouveau salvateur.

Dans l’immédiat, on réarme…

 

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Pour son 252ème numéro, Espritsurcouf ne peut faire l’impasse sur la force et l’importance de la diplomatie tant elle apparait galvaudée, méprisée, foulée au pied. Vincent Gourvil en rappelle les fondamentaux tout autant que les limites qui ne pourront qu’interpeller, dans la conjoncture que l’on sait : « Diplomatie : du vouloir au pouvoir. Une ardent obligation » (rubrique HUMEURS).

Autre élément clé de ce numéro : les ressources énergétiques. Aussi, avons-nous fait le choix de vous proposer, à cet effet, deux articles axés sur cette thématique. Le premier, de Gilles Lepesant, est consacré au commerce international du gaz, thème particulièrement stratégique et sensible, de surcroît dans les espaces géographiques considérés : « Entre la Baltique et les Balkans, une géopolitique du gaz recomposée ». (rubrique GEOECONOMIE)

Le second article, d’Eloïse Herbreteau, se penche surtout sur les oléoducs, et donc l’or noir, domaine non moins stratégique et éminemment lié aux soubresauts internationaux : « Pipelines entre sécurité énergétique et stratégies géopolitiques. » (rubrique GEOPOLITIQUE)

En guise de prolongement logique du focus que nous proposons sur les énergies et ressources, Laure Fanjeau a réuni plusieurs documentaires qui viennent illustrer le propos général : énergie fossile, énergies nouvelles et hydrogène témoignent d’une logique qui oscille entre rupture et évolution.(rubrique VIDEO GEOPOLITIQUE)

La nouvelle REVUE D’ACTUALITE d’André Dulou, est également de la partie, avec un thème principal particulièrement explicite « Après les dividendes de la paix, les dividendes de la guerre ?» Sans occulter une revue de presse internationale qui met en avant les questions de réarmement de l’Europe, la gestion de la crise conflictuelle avec la Russie et le jeu de posture erratique des Etats-Unis.

Enfin, pour celles et ceux qui conservent un temps de lecture, à l’heure du tout en images, nous vous conseillons l’ouvrage qu’Antoine Viktine consacre aux mafias chinoises, depuis leurs origines. Au-delà de leurs activités illicites ou légales, les triades œuvrent en corrélation avec Pékin qui sait donc les utiliser à des fins de positionnement géostratégique : Antoine VIKTINE, Avec la collaboration de Jeanne Pham Tran. Triades. La mafia chinoise à la conquête du monde. Ed. Tallandier, 2025, 352 pages. (rubrique LIVRES).

Bonne lecture

Pascal Le Pautremat

 

(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.

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