INTELLIGENCE ARTIFICIELLE :
REVOLUTION ET DESTRUCTION
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MPE Concept (*)
Think Tank partenaire d’espritcors@ire
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Les avancées technologiques n’en finissent pas d’évoluer pour alléger le quotidien de l’Homme et lui faciliter la vie. Mais, comme toute création, l’Intelligence Artificielle (I.A.) intrigue et possède sa part d’ombre. Elle pénètre toujours davantage les rouages de notre époque, l’économie en est toujours plus tributaire. Son recours soulève des questions éthiques qui sont loin d’être secondaires.
Qu’est ce exactement que cette chose dont tout le monde parle ? Et qui sait réellement de quoi il s’agit ? Tout d’abord, on distingue deux types d’Intelligence Artificielle : la « faible » et la « forte ». La première aide et assiste l’Homme dans sa vie de tous les jours, comme par exemple la conduite des voitures et les robots juristes. Elle transforme peu à peu les emplois, la société, les relations humaines et nous impacte tous. La deuxième, l’I.A. dite « forte » est celle capable de remplacer l’être humain dans ses responsabilités comme dans sa créativité. Pour l’instant, elle n’existe vraiment qu’en tant que prototype.
L’I.A se différencie de la robotique par son fonctionnement : elle n’est qu’algorithmes. Elle s’appuie sur des processus mathématiques pour traiter les informations en fonction des programmes qu’elle connaît. Les robots peuvent désormais s’instruire grâce au « deep learning ». Il s’agit d’un type d’intelligence artificielle dérivé du « machine learning » où la machine apprend par elle-même à partir des informations fournies par l’Homme. De fait, le logiciel n’est pas programmé. Il fonctionne comme un cerveau humain. C’est grâce à un réseau de neurones artificiels qui mémorise, compare et analyse des problèmes ou différentes situations, que la magie opère. La reconnaissance faciale ou vocale présente dans nos smartphones est un exemple du « deep learning ».
Assistant indispensable
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Les questions face à une telle prouesse sont nombreuses. C’est une révolution qui, certes, émerveille, mais effraie aussi. Qu’elle soit utilisée pour faciliter les tâches ordinaires ou pour aider à prendre une décision, l’I.A. possède en effet des travers. Assister et aider, oui ! Mais voulons-nous vraiment qu’un robot prenne notre place ? Qui n’a jamais rêvé d’avoir un robot qui l’accompagne dans sa prise de décision ou qui puisse l’assister dans ses tâches domestiques ? Un rêve devenu réalité, mais à quel prix ?
En ce qui concerne la gestion d’une ville, l’intelligence artificielle se révèle être un atout clé. Une ville entièrement connectée, dont l’I.A. gère autant les ascenseurs que les réseaux de fluide (eaux, chaleur, électricité), notamment en période de crise, pourrait pallier n’importe quelle erreur humaine.
Néanmoins, toute « Super Intelligence » a ses limites. Programmée pour tout assimiler, la performance de l’I.A. dépend de l’évolution du code, du langage et des algorithmes. C’est en développant les ordinateurs quantiques, que l’IA parviendra à concevoir une vision plus humaine de la réalité. C’est le chemin vers l’IA « forte ».
Ennemi redoutable
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Elle supervise mais peut aussi devenir incontrôlable. Que faire lorsque l’IA sait comment exploiter ses propres capacités ? Que faire lorsque l’Homme veut reprendre les rênes d’un réseau entièrement sous le contrôle de l’I.A. ? L’intelligence artificielle est-elle vraiment une avancée technologique indispensable à nos vies ? Si oui, il faut savoir la dompter et la régir sans tomber dans l’excès. Pour le moment, elle ne peut pas établir de lois, ni résoudre des problèmes complexes, encore moins concevoir un être ou se réparer elle-même. Le faudrait-il ? Toute la question réside dans les limites que la société met en place pour sa conception.
Les menaces de l’I.A. « forte » sont plus ou moins graves en fonction du domaine touché. Des fausses vidéos aux robots cambrioleurs, en passant par l’escroquerie ou les drones d’attaques autonomes, les dérives et les dangers peuvent être considérables. In fine, l’intelligence artificielle est une arme puissante et destructrice qu’il faut savoir apprivoiser et contrôler précautionneusement.
L’avenir avec l’intelligence artificielle
Le caractère potentiellement incontrôlable de l’intelligence artificielle devient problématique dans le cadre de son développement. Qui dit évolution, dit aussi changement. Certaines transformations pourraient même être irréversibles …
De prime abord, l’intelligence artificielle « faible » se contente d’assister l’Homme. En réalité, elle modifie déjà ses habitudes et le fonctionnement de la société. Petit à petit, elle s’installe et gagne la confiance des êtres humains en décidant et en agissant directement sur le périmètre qu’il lui a fixé. La domotique est un des exemples qui illustre cette évolution.
Pour garantir l’optimisation des choix et des interventions dans tous les domaines, l’Homme décide ensuite de passer à l’I.A. généralisée, développant et interconnectant les I.A. via de multiples réseaux. Il confie alors à l’I.A. l’analyse croisée des situations et la coordination des actions à réaliser dans les différents domaines. L’I.A. généralisée a toute sa place dans la gestion des flux (transport, énergie, eau, télécommunications) et pour le pilotage des processus de production.
Peu à peu, avec le progrès technique, l’Homme va chercher à confier plus de pouvoir à l’IA, la laissant agir en son nom et lui donnant de plus en plus d’autonomie pour améliorer la performance de ses algorithmes et ses contextes d’intervention. L’IA sera devenue forte et généralisée.
Vers une IA débridée
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Cette évolution va de pair avec le progrès scientifique et technologique, sans quoi l’I.A. demeurerait « faible ». Pour assurer un pareil développement, il faut des ordinateurs extrêmement performants. Anticiper leur évolution est indispensable. Dès 1965, l’un des cofondateurs de la société Intel, à savoir Gordon E. Moore, a postulé que la performance des processeurs double environ tous les deux ans. Cette loi permet de comprendre à quel point les avancées technologiques sont rapides. Toutefois, depuis 2017, elle est remise en question car de plus en plus difficile à réaliser à coût similaire. C’est sans compter sur la rupture technologique qu’espèrent bien franchir prochainement les grandes entreprises concurrentes du domaine, avec l’ordinateur quantique par exemple.
Aussi intelligente soit-elle, certains affirment que la machine ne remplacera jamais totalement l’Homme car, si elle maitrise davantage son sujet, elle n’éprouve aucune compassion. Ce à quoi d’autres rétorquent justement que, sans émotion, elle a toutes les chances de devenir hors de contrôle. C’est la voie ouverte à l’affrontement IA contre IH (Intelligence Humaine). Ira-t-on jusqu’à la soumission des créateurs devant leur création, à l’instar de Frankenstein qui s’est retourné contre son fondateur ? Est-ce que l’I.A. asservira l’Homme et le renversera à terme ?
De fait, exhortées par la concurrence, les évolutions nous incitent à aller de plus en plus vite, sans prendre le recul suffisant pour analyser la voie sur laquelle nous allons. L’intelligence artificielle se développe et devient « débridée ». L’Homme ne peut pas anticiper et prévoir avec exactitude vers quoi l’intelligence artificielle l’emmène. Le monde va vers l’inconnu.
La guerre des I.A.
Les évolutions de l’Intelligence Artificielle se poursuivent de manière exponentielle. Les mises en garde s’intensifient mais les entreprises accroissent toujours leurs investissements. Les plus grands Etats misent sur l’I.A. et en font une priorité. Telle la recherche de l’arme nucléaire, l’I.A. est une forme de pouvoir à acquérir pour un Etat qui veut asseoir sa puissance.
Toutefois, l’Homme peut perdre le contrôle des I.A. développées dans des intentions belliqueuses, par exemple pour contrôler des économies ou des populations. A titre d’exemple, en 2019, l’I.A. gérait déjà 18 000 milliards de dollars d’actifs. A elle seule, BlackRock, une société de gestion des placements, en a maîtrisé environ 30% grâce à son système électronique, Aladdin. Comment croire que l’I.A. n’est pas à l’origine de l’accroissement important de ses revenus en 15 ans et qu’il ne s’est pas fait au détriment des sociétés moins bien équipées dans ce domaine ?
Si la dissuasion ne fonctionne pas, deux options sont envisageables. Soit les I.A. prennent la main pour contrer les tentatives belliqueuses mais leur manque total de compassion fait que leurs actions peuvent avoir de graves conséquences pour les êtres humains. Soit les I.A. s’entendent, mais elles risquent de prendre le pouvoir sur l’Homme, le rendant définitivement esclave du numérique. L’humanité passerait alors sous la coupe d’une I.A. autoritaire.
Ainsi, une possible guerre de l’intelligence artificielle pourrait bouleverser le monde des humains. Le contrôle de l’évolution de la recherche scientifique est donc nécessaire pour maitriser celle de l’I.A.
L’I.A. maitrisée
Rien n’est pour le moment irrémédiable et l’espoir peut persister. Toutefois, l’argent, les données et l’I.A. deviennent de plus en plus prégnants dans toutes les activités, et servent trop souvent à dominer. L’opposition sino-américaine récente serait-elle déjà le reflet d’une tension liée aux utilisations réciproques de l’I.A. ?
Les autres Etats, notamment en Europe, ont pris conscience de la place prépondérante de l’I.A. et s’organisent. Des actions sont engagées, pour se protéger et se doter d’une I.A. puissante. A titre d’exemple, la France vient d’engager un plan quantique d’1,8 Milliards d’Euros. Plusieurs start-up françaises sont déjà identifiées comme étant à la pointe du domaine.
Si une négociation mondiale devient possible, une modération pourra s’instaurer, et l’I.A. continuera de contribuer au progrès de l’humanité. L’homme doit donc réussir à améliorer l’I.A. en restant maître de la situation. L’Homme et l’I.A. peuvent devenir des partenaires, notamment pour anticiper et résoudre des problèmes complexes qui se posent à la planète. Capable de simuler des situations grâce à de nouvelles technologies numériques, l’I.A. renforce la puissance de l’Homme. Mais l’Homme doit conserver son identité, cultiver les caractéristiques qui le différencient des machines et se protéger des intrusions trop fortes qui pourraient survenir…
Tout cela n’étant que supposition, il faut rester en alerte pour contrer les possibles dérives de l’Intelligence artificielle.
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(*)MPE Concept (Modéliser Pour Évoluer) est un Club de Réflexions fondé courant 2020 par deux passionnés de modélisation qui aiment explorer toutes les facettes de sujets complexes. L’un a conçu une méthode, l’autre est « fan » de cartes heuristiques. Après plusieurs années d’expériences diverses et de travail en commun pour le compte de différents organismes, ils ont répondu à leurs envies fondées sur des valeurs communes : mettre à disposition leurs expériences et compétences, enrichir la connaissance générale, servir des collectifs ou être utiles à des personnes, contribuer à la construction du monde de demain. MPE Concept réalise des études et les présente à des interlocuteurs intéressés qui peuvent contribuer à leur enrichissement. À titre d’exemples, pour l’axe sociétal, on peut citer celles relatives à l’énergie électrique, à l’Intelligence Artificielle ou à une écologie motivante. Une jeune journaliste, Margot Duchesne, a rejoint ce Club fin 2020 pour mettre en valeur le travail réalisé via des supports médiatiques afin de susciter la réflexion et la déclinaison des études dans des domaines plus ciblés. Les adhérents d’espritcors@ire peuvent participer à nos deux groupes d’analyses et de réflexions pour approfondir certains aspects de nos études: Intelligence Artificielle ou Energie MPE Concept, partenaire d’espritcors@ire, est répertorié dans la rubrique Think Tank de la Communauté « Géopolitique, Économie, Défense et Sécurité » de ESPRITSURCOUF |
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