DÉFENSE : AJUSTEMENTS BUDGÉTAIRES ENFIN…

Richard Labévière
Rédacteur en chef

La démission estivale du CEMA – le général Pierre de Villiers – aura au moins servi à quelque chose : améliorer le quotidien de nos soldats, boucher les trous en effectifs et matériels, combler des retards criants de livraisons d’équipements et mieux prendre en cause les cyber-menaces. Autant d’ajustements destinés à rétablir le lien de confiance minimal entre les président de la République, le pays et nos armées.

Il est vrai que l’effort consenti est significatif, même s’il repousse les principaux engagements après le quinquennat que ce soit en dotation budgétaire, en augmentation des effectifs ou en livraison de matériels. En prévoyant une révision en 2021, les engagements inscrits dans la LPM (Loi de programmation militaire) – 2019 – 2025 – se conjuguent déjà au conditionnel, les « petits voleurs de Bercy » n’ayant pas dit leur dernier mot.

Cela dit, la LPM, présentée jeudi dernier en conseil des ministres, pour la période 2019 – 2025, débloque 295 milliards d’euros. Pour 2018, le budget de nos armées se monte à 34,2 milliards et devrait bénéficier d’une hausse annuelle de 1,7 milliard d’euros jusqu’en 2022. Ensuite, des ajustements de 3 milliards sont prévus selon les modalités d’une révision de la LPM fixée à l’horizon 2021. Et la loi affiche l’objectif réclamé par l’OTAN – rappelé par le Président – d’atteindre les 2% du PIB consacrés à l’effort de défense en… 2025.

Lorsque l’on compare ces ajustements aux dernières augmentations des budgets de défense américains, chinois et russes, on se dit que cette mise à niveau française n’est pas du luxe. Et qu’on ne vienne pas prendre exemple sur nos « amis » britanniques en plein traumatisme post-Brexit qui continuent à décrocher pour s’en remettre de plus en plus aux Américains et aux industries américaines de défense : America First !    

Par conséquent et pour une fois, on peut se féliciter et adresser un satisfecit à Florence Parly. La nouvelle LPM veut, d’abord envoyer un message clair en améliorant le sort des quelques 200 000 militaires français ! Cela dit, c’est tout de même la moindre des choses d’assurer des conditions de vie quotidienne décente, sinon attractive aux jeunes gens qu’on envoie au feu.

Globalement, la ministre de la Défense ne touche pas aux formats d’armées (terre, air, mer) définis par l’ancienne LPM, ni en nombre d’hommes, ni en catégorie de matériels : blindés, avions de chasse, frégates. La LPM consacre toutefois une légère remontée des effectifs pour les porter à 275 000 soldats et civils en 2025, contre 268 000 aujourd’hui. Au total, 6000 créations de postes sont envisagées, dont la moitié au cours du quinquennat, notamment pour renforcer les effectifs du renseignement (1500 postes), de la cyberdéfense (1500 postes), de la surveillance des sites sensibles (750 postes) et du soutien à l’exportation (750 postes).

Du côté de la Marine nationale, la livraison des quatre premiers sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) Barracuda – qui a déjà trois ans de retard – est annoncée d’ici à 2025, ainsi que celles des trois dernières frégates multi-missions (FREMM) et deux des premières frégates intermédiaires (FTI). Enfin, cette dernière LPM débloque le lancement des premières études pour la conception d’un porte-avions de nouvelle génération destiné à remplacer le Charles-de-Gaulle devant prendre sa retraite en 2038.

On parle bien – ici – de « remplacement » et non du deuxième porte-avions (PA-2), nécessaire afin d’assurer la permanence à la mer de notre Groupe aéronaval ! La question n’st toujours pas tranchée. Et en cette matière, il est faux – du moins approximatif donc inapproprié – d’avancer le seul argument du coût, sans tenir compte des retombées induites en matière de recherche, d’emplois et sous-traitance. Il suffit de rappeler que sans le Charles-de-Gaulle, la France n’aurait, tout simplement plus de filière aérospatiale !

Le coût du PA-2 – soit une enveloppe pouvant varier de 4 à 2 milliards d’euros – équivaut aux pertes, pillages et dommages causés chaque année aux 11 millions de kilomètres carrés de l’espace maritime français… On ne le répétera jamais assez : faudrait-il aussi en faire quelque chose !

En définitive, cette nouvelle LPM fixe un bon cap sans toutefois définir une feuille de route stratégique de long terme, une ambition, un grand dessein… Elle permet les ajustements nécessaires pour que la France continue à tenir son rang dans le monde. Lors des révisions annoncées en 2021, on verra si Bercy n’est pas repassé derrière le rideau avec ses grands ciseaux… Madame la ministre, encore un effort… notamment pour doter notre pays d’une réelle stratégique maritime et navale.

 

 

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