Une rentrée française
pleine d’inconnues

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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf

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Traditionnellement, la France s’affiche au ralenti durant la période estivale. A tel point que l’on pouvait ironiser, au temps de la guerre froide, en soulignant que le moment propice pour déstabiliser les centres économiques et politiques de l’hexagone était sans doute le mois d’août…

En ce début septembre, synonyme de rentrée pluridisciplinaire, force est de constater qu’au-delà des températures records, nous dit la météo, les dossiers sont brûlants…

Sur le plan international, l’image de la France continue d’être ternie et son rayonnement de se flétrir, notamment en Afrique, au rythme de coups d’Etat militaires, sans que cela ne semble signifier la fin du clientélisme, de la corruption et de l’affairisme autour des matières premières d’importance stratégique (uranium, pétrole, gaz, bois), mais aussi des métaux précieux comme l’or ou les diamants maliens.

Sur le plan économique et social, la paupérisation française continue de s’accroître, et les inégalités sociales de se creuser, tandis que les multinationales ne cessent d’augmenter leurs bénéfices.

Les services publics, et notamment les secteurs de l’Education nationale et de la Santé, souffrent toujours et encore du manque de personnels. Et l’on ne perçoit rien de rassurant à court et moyen terme.

Les tensions sécuritaires et communautaires ne cessent de s’amplifier, de surcroît à travers le champ scolaire (l’abaya en étant un exemple de plus), face à un Etat frileux dans la stricte application de la loi, et sur fond de cacophonie médiatique où politiques, journalistes, et commentateurs divers donnent chacun de la voix pour dire tout et son contraire, le plus souvent sans socle historique et conceptuel solide.

L’Elysée, enfin, tente de légitimer une posture qui se voudrait synonyme de stratégie crédible et consensuelle, alors que s’annoncent les élections sénatoriales, le 24 septembre 2023, et les élections européennes, le 9 juin 2024. La politique de communication de l’Exécutif, pétrie de belles formules, ne semble guère convaincre une opinion publique qui, majoritairement, fait de plus en plus le dos rond.

Au sommaire de notre numéro de rentrée, Vincent Gourvil porte son regard sur la situation en Afrique, dans l’ancien « pré carré » français, en prenant en référence la crise nigérienne qui est loin d’être isolée : « Niger…et après ? » (rubrique Humeurs).

Xavier Driencourt, pour sa part, nous livre son regard sur la réalité des relations entre la France et l’Algérie, malheureusement loin d’être apaisées : « Relations franco-algériennes : vision de l’ambassadeur » (rubrique Géopolitique).

En matière de Défense, vous découvrirez une vidéo réunissant Alain Juillet et Eric Denécé à propos de la place des sociétés militaires privées, acteurs désormais incontournables dans les opérations militaires et paramilitaires. On sait d’ailleurs combien la SMP Wagner, désignée aussi par le vocable de milice, occupe le premier plan de cette question très médiatisée (rubrique Défense).

Xavier Raufer, ensuite, revient sur les émeutes urbaines qui ont secoué le pays, il y a quelques mois, et porte un regard fermement critique à l’égard de l’Etat : « Emeutes, Etat inerte, Etat inepte » (rubrique Sécurité).

Pour la rubrique Livres, nous vous proposons un focus sur le dernier ouvrage de Merri, Frères de solitudes. Merri est le pseudonyme d’un auteur qui avait déjà marqué les esprits en 2011, avec un premier récit mettant en lumière une équipe opérationnelle des services secrets, en charge de missions clandestines. Ce sont donc les mêmes personnalités que l’on retrouve, entre vies personnelles, réflexions intérieures et realpolitik, où leur instrumentalisation engendre chez eux une certaine amertume, même si l’amitié profonde et leurs convictions, intactes, viennent compenser le cynisme opportuniste des cercles politiques. Mais la mort, elle, est bien là, sans arrière-pensée…juste réelle et hors du temps (rubrique Livre).

Pour sa nouvelle Revue d’actualité, André Dulou aborde, comme à l’accoutumée, une belle variété de thèmes inhérents à la géopolitique, la Défense ou encore la Sécurité. La succession d’évènements lourds et préoccupants, tout au long de l’été, ne laisse finalement aucun répit quant à la gravité conjoncturelle. Ce n’est pas être négatif que de le souligner ; cela relève juste d’une réalité, que certains préfèrent ne pas voir, au nom d’un carpe diem tout à fait discutable, car susceptible d’être synonyme de légèreté, d’inconscience ou d’irresponsabilité…

Nous publions aussi cette semaine un ensemble d’informations sur l’Ukraine,
– d’une part une mise à jour d’un Dossier Espritcors@ire, réalisée par un de nos stagiaires , Victor DENIS de l’université de Lille : « UKRAINE » Le conflit ukrainien, vecteur d’instabilité internationale

d’autre part la veille mensuelle sur « La guerre en Ukraine » que réalise Laure FANJEAU, notre Directrice du développement et Consultante en communication et RP dans les domaines civilo-militaires.

Ces documents sont réservés aux membres d’Espritcors@ire, vous pouvez en faire la demande au  secretariat@espritcorsaire.fr

Bonne lecture


 

(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.