Que désire-t-on ?
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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf
En géopolitique, au-delà du triptyque Hard Power (guerre et contraintes multiformes), Smart Power (diplomatie – négociations) et Soft Power (stratégies et tactiques d’influence culturelle et économique), l’un des vecteurs de puissance, rappelle qu’avant tout il faut un socle territorial ou géographique, des hommes et des femmes, mais surtout le désir. Sans ce sentiment essentiel à la dynamique de l’action et de la vie, rien ne peut se réaliser de manière constructive. À l’inverse, on subit les évènements, les conjonctures…et le désir des autres.
Que veulent vraiment les Français, de manière profonde ? C’est bien la question qui se pose à nous, en prenant nos distances avec le jeux d’influence de médias télévisés qui semblent nous dicter ce que nous devons apprécier, consommer et croire…
Le Soft Power, cher au politologue américain Joseph Nye, qui en fut l’instigateur à la fin des années 1980, atteint aujourd’hui des sommets. Le mainstream, ou courant dominant, fonctionne à plein régime pour asseoir une vision unilatéraliste, conspuant toute forme de contradiction.
L’approche de la guerre russo-ukrainienne en est un exemple criant. Elle ne cesse d’être abordée en chroniques quotidiennes, alors qu’elle nécessiterait plutôt des éclairages épisodiques, avec le recul et une capacité d’analyse constructive autant que pertinente. Une situation qui a inspiré Caroline Galacteros, dans son article incisif (rubrique Géopolitique).
Les Etats-Unis, obnubilés par la stricte préservation de leur leadership, confortent leur application du soft power sur fond de guerre économique et de ventes de systèmes d’armes. Dans le secteur hautement concurrentiel de l’armement, l’avion de combat F-35 est au cœur de bien des tractations et jeux d’influence, comme vient le rappeler Aurélien Hablot (rubrique Économie/Défense).
En France, sur le champ de la mémoire et de la culture de la Défense, on constate que, depuis des années, les cérémonies commémoratives n’attirent guère les foules et encore moins les militaires d’active. Ce qui suscite une réaction de Thierry Battmann, président d’un comité du Souvenir français qui appelle à une certaine prise de conscience de cette absence (rubrique Humeurs).
Pour autant, parmi les jeunes citoyens, les motivations ne sont pas rares. Ce qui vient aussi nourrir la détermination de l’Etat à accentuer et améliorer tout le dispositif du Service national universel, qui doit monter en puissance. Laurent Morisseau, qui dirigeait un centre de formation il y a encore quelque semaines, nous apporte un témoignage précieux quant au déroulement actuel du SNU (rubrique Défense).
Enfin, dans ce nouveau numéro, nous retrouvons la Revue d’Actualité d’André Dulou dont les sujets de fond ne manquent pas, au regard d’une actualité conjoncturelle toujours très lourde et préoccupante.
Bonne lecture.
(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Conférencier et chargé de cours dans l’Enseignement Supérieur, il a enseigné à l’École Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Il intervient aussi dans les sociétés et les structures publiques en matière d’analyses géopolitiques et géoéconomies. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF. Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : l’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF du 30 novembre 2020 |
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