PENSEE UNIQUE…
DEMOCRATIQUE…

.
Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF
:

La nouvelle ne semble surprendre qu’une minorité de personnes… Le 9 décembre 2021, on apprenait que, dans le cadre des élections présidentielles en France, l’Agence France-Presse (AFP) s’associe à Google, pour, officiellement, assurer une couverture des plus transparentes de la campagne.

Il est ainsi question de procéder à une sélection entre informations pertinentes – donc validées par le pôle décisionnel – et informations autres, réduites au statut fourre-tout de « fake news ». Formidable, la liberté démocratique est sauve, grâce l’ordre établi de la doxa.

L’AFP avance même un label « « Objectif Désinfox » qui tend à faire croire que l’indépendance et l‘objectivité de l’information seront garanties ; et cela « […] grâce au soutien financier de Google » précise l’AFP dans son communiqué.

On croit rêver… Google est une multinationale américaine et  personne ne dénonce la moindre démarche d’ingérence d’une puissance étrangère dans le processus électoral français…

Les journalistes vont donc nourrir la logique d’une pensée unique, propice à favoriser un ordre de bien-pensant, via des dépêches encore plus calibrées qu’elles ne le sont déjà, dans le sillage d’un pouvoir libéral qui ne veut surtout pas être bousculé. N’oublions pas, en effet, que sur les 18 membres du conseil d’administration de l’AFP siègent trois représentants du gouvernement. L’heure est donc bien à une France diluée dans une Europe faussement indépendante sur laquelle l’emprise des Etats-Unis ne cesse de se réinventer… Et gare à ceux qui s’en offusquent…Ils seront catalogués comme dangereux souverainistes, immanquablement liés à l’extrême-droite… Pathétique caricature en prise avec un déni sidérant de l’histoire de notre État-nation.

Ceux qui ne peuvent se défaire du soft power américain, devraient garder à l’esprit que les Etats-Unis, qui aiment à ce que leurs Alliés leur soient assujettis, n’ont aucun état d’âme à faire passer leurs intérêts économiques et stratégiques en premier lieu. L’affaire des sous-marins nucléaires avec l’Australie en témoigne, comme tend à le rappeler Vincent Gourvil, dans la rubrique Humeurs, avec son article intitulé « Le camouflet de la villa Bonaparte ».

Les preuves de faiblesse ne manquent pas non plus du côté européen, comme en témoigne la calamiteuse gestion de la crise migratoire. Renaud Girard, dans son article « Crise migratoire : le bal des hypocrites »   revient sur ce sujet, dans la rubrique Géopolitique.

Loin des tourments d’aujourd’hui, demeurent toutefois ceux d’hier, à l’époque où, en Europe, étaient assassinés des millions de Juifs. Alors que le temps fait son œuvre et emporte les derniers survivants de la Seconde Guerre mondiale, la préciosité des derniers témoins de la shoah par balles a retenu l’attention d’étudiants de l’Université catholique de l’Ouest (Angers) Malo Bordas et Damien Chatel, qui ont pu se rendre en Pologne lors d’un voyage d’étude. Ils proposent ainsi une vue d’ensemble de la question dans « Shoah en Pologne : les derniers témoins » (rubrique Défense).

Sur le plan économique, la situation reste pour le moins tendue, sur fond de vives inquiétudes quant à l’évolution des marchés financiers, dont l’économie mondiale est malheureusement tributaire, et flux commerciaux, en raison des soubresauts de la crise sanitaire… Ce qui incite l’économiste Alexandre Mirlicourtois à rappeler que la croissance mondiale, affichée comme de retour, ne semble profiter qu’à des multinationales, sans véritable profit partagé, et n’occulte pas pour autant de réelles menaces. Vous pourrez ainsi lire son papier « Croissance mondiale ; cinq grains de sable » dans la rubrique Économie.

Enfin, vous trouverez dans nos colonnes, la nouvelle revue d’actualité d’André Dulou qui a mis, à sa une, un ensemble d’articles consacrés à   « La présidence française de l’Union européenne ». Au regard des menaces polymorphes, face à des Etats prêts à renouer avec les conflits de haute intensité, face à des multinationales adeptes de la globalisation, , la construction européenne veut montrer la volonté du vieux continent de pouvoir jouer un rôle crédible à l’échelle planétaire. Nous sommes assurément encore loin du compte tant l’Europe oscille entre aspiration à préserver les États-nations et credo en faveur d’un fédéralisme quasi inféodé aux Etats-Unis..

  Bonne lecture.

***

Ce billet vous a intéressé ? Vous avez une remarque à nous faire ? Vous souhaitez nous le faire savoir ? Cliquer ICI


(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Conférencier et chargé de cours dans l’Enseignement Supérieur, il a enseigné à l’École Spéciale militaire de Saint-Cyr, et au collège interarmées de Défense. Il intervient aussi dans les sociétés et les structures publiques en matière d’analyses géopolitiques et géoéconomies. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense Nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu” est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF du 30 novembre 2020

Bonne lecture et rendez-vous le 28 décembre 2021
avec le n°180
D’ici là, pour une bonne santé, prenez soin de vous.

RESPECTEZ LES CONSIGNES :
Distanciation, port du masque  …