- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Jacques Raimond
- ACTUALITÉS INTERNATIONALES :
- Forum de Davos : au-delà du « business as usual », une édition (géo) politique
- Maintien de la paix de l’ONU : le chef d’orchestre doit davantage s’impliquer
- Chine, la montée en (super)puissance, assez pour menacer les Etats-Unis ?
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE :
- Affrètement des moyens aériens militaires : le rapport explosif du contrôle général des armées
- La 11ème brigade parachutiste va évaluer sa capacité de projection à très court préavis, lors de l’exercice Acinonyx
- Décès de cinq officiers pilotes de l’aviation légère de l’armée de terre
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE :
- Airbus : vers une réduction des cadences de production de l’A400M
- Projet de rapprochement entre NavalGroup et Finacantieri
- Les nouvelles routes de la soie passent aussi par l’espace
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ :
- La paix plus que jamais improbable en Syrie
- Synthèse de l’actualité internationale de janvier 2018
- Afghanistan : l’impasse stratégique de l’Occident
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – Forum de Davos : au-delà du « business as usual », une édition (géo) politique (IRIS, Sylvie Matelly)
« America first », « Choose France », « Go global », ces slogans utilisés par les dirigeants politiques pour promouvoir l’attractivité économique de leur pays tendent à affirmer une dimension de puissance de plus en plus assumée. Dans un environnement international où la conjoncture est annonciatrice d’une reprise économique. Les États rivalisent dans leur communication et stratégie politique pour en tirer les bénéfices. Cela serait ignorer le risque géopolitique au sein de cette période de reprise de la croissance mondiale et dont les milieux d’affaires semblent avoir pris toute l’ampleur dans cette édition 2018 du Forum de Davos. Pour nous éclairer, le point de vue de Sylvie Matelly, directrice adjointe à l’IRIS
Au-delà de la dimension communicationnelle « Choose France » d’Emmanuel Macron lors de la réception de 140 représentants de firmes multinationales à Versailles, ce lundi, ou encore la Une d’un numéro de The Economistconsacrant la France comme pays de l’année 2017, quelle analyse tirer de ce regain d’intérêt pour la France à l’international ?
La communication du Président de la République est assumée et elle s’adosse à une véritable stratégie politique, voire économique. Il s’agit de faire pour rassurer, et donc attirer les investisseurs étrangers. À l’international, en effet, la France était perçue depuis des années comme le bastion irréductible de l’anticapitalisme, le pays où le mot même « libéralisme » était un tabou et dans lequel des partis politiques ouvertement antilibéraux sur le plan économique pouvaient enregistrer de bons scores aux élections, ce qui rendait impossible les réformes politiques sur le libéralisme. Aujourd’hui, Emmanuel Macron veut signifier aux investisseurs étrangers que tout cela a changé. Il a ajouté un nouvel argument, lors de son discours prononcé à Davos, celui que s’il ne réussit pas à redresser le pays et faire bouger les lignes, donc à attirer au préalable les investisseurs étrangers, la prochaine fois, l’extrême droite ou gauche pourrait gagner les élections. À l’étranger, en effet, l’élection d’Emmanuel Macron a souvent été perçue comme un renouvellement générationnel et des mentalités et le Président surfe sur cette vague. Par ailleurs, il est vrai que le manque de contestation de sa réforme du marché du travail lui donne des arguments qui vont dans ce sens. Cependant, il sait toutefois que la réalité est plus complexe. Le pays est extrêmement divisé, et il y a urgence à réussir pour ne pas reproduire des scénarios comme le Brexit au Royaume-Uni, ou l’élection de Trump aux États-Unis. Faire venir des entreprises étrangères en les invitant à investir dans le pays, permet au chef de l’État de monétiser ce gain politique en leur expliquant qu’une véritable transformation peut s’opérer, mais que cela ne pourra se concrétiser sans que les entreprises étrangères y prennent une part active. Mais surtout, que le défi dépasse la seule question économique et/ou nationale. La question qui se pose ensuite est de savoir si ce discours fonctionne. Certes pour partie, et le nombre d’entreprises (mais surtout la qualité de celles-ci) ayant répondu présentes à son invitation à Versailles en est une illustration. Pour autant, et comme souvent pour ce qui le concerne, il bénéficie également d’un bon alignement des planètes. La France donne en ce moment une impression de stabilité et de détermination dans l’action, aussi parce que le Royaume-Uni et l’Allemagne sont affaiblis, et que d’autres pays en Europe et ailleurs sont dominés par des populismes risqués et réactionnaires. Dans un contexte où l’économie redémarre vraisemblablement plus vite que prévu, si on se fie aux prévisions revues à la hausse les unes après les autres, les hommes d’affaires sont avides d’investissements et de profits. Un pays qui est perçu comme un îlot de stabilité politique et économique devient alors attractif. Cela, Emmanuel Macron l’a très bien compris et il compte en profiter un maximum. Quant à la réalité de cette embellie ou renouveau, il ne faut pas faire abstraction de la situation économique et commerciale de l’Allemagne. Celle-ci engrange des excédents commerciaux qui sont numéro 2 dans le monde, derrière les excédents chinois. Or, pour l’instant, la France n’arrive pas à réduire une balance fortement déficitaire. Mais il est vrai que les entreprises françaises commencent à mieux se positionner à l’international, à gagner des parts de marché, notamment en Chine où elles talonnent l’Allemagne. Il faut aussi engager des réformes afin de mieux les accompagner dans ce sens pour véritablement convaincre. Toutefois, il importe de prendre également en compte le fait que cette perception dynamique provient du caractère relatif de l’économie qui se base avant tout sur la confiance. Et cette confiance crée ce que l’on appelle dans le jargon « des anticipations auto-réalisatrices ». Si les hommes d’affaires sont persuadés que la France est en train de changer, il est alors fort probable que la France va changer.
2 – Maintien de la paix de l’ONU : le chef d’orchestre doit davantage s’impliquer (The Conversation, Alexandra Novosseloff)
Chercheure-associée au Centre Thucydide, Université Paris 2 Panthéon-Assas Alexandra Novosseloff est chercheure-invitée à l’International Peace Institute de New York.
On ne compte plus le nombre d’articles critiquant l’action des Casques bleus des Nations unies – 106 338 civils et militaires – répartis dans les 15 missions, à la longévité inégale mais excédent souvent plusieurs décennies. Jamais les succès des opérations de maintien de la paix ne font la « une » des journaux – de la Namibie et du Mozambique au Cambodge, au Timor oriental et à la Sierra Leone, en passant par le Liberia, et dans une moindre mesure la Côte d’Ivoire et Haïti. Et si l’ONU n’avait pas été présente dans nombre de crises ignorées, qui auraient soulagé ces populations en détresse ? Plusieurs études ont démontré qu’un pays est moins susceptible de retomber dans la guerre civile après qu’une opération de maintien de la paix l’a aidé à remettre sur pied un certain nombre de ses structures.
Une activité complexe et mal aimée
Activité la plus visible et la plus connue de l’Organisation, le maintien de la paix est son enfant mal aimé car trop souvent mal compris, évoluant dans une zone grise de ni guerre ni paix complexe et inconfortable. On parle d’impuissance, d’inconséquence, d’inefficacité, de missions sans fin. On parle de Casques bleus qui commettent des abus sexuels, qui sont souvent passifs face à des populations victimes des pires exactions à quelques kilomètres de leur camp. Cela est vrai et c’est impardonnable. Mais jamais les critiques en tous genres ne donnent les vraies raisons de ces manquements et de ces vices, ni ne désignent les vrais responsables. Si la critique est souvent facile, l’explication est plus complexe et moins « croustillante ». Certes, un certain nombre de blocages persistent, mais leurs responsabilités n’incombent pas à la simple « ONU » qui recouvre des réalités, des entités et des acteurs multiples. Il faut là, malheureusement, aborder un certain nombre de sujets qui fâchent car les solutions passent aussi par une mise en cohérence entre les discours et les promesses des uns et les actions des autres.
Une activité menée au rabais
On accuse, tout d’abord, le maintien de la paix de coûter trop cher. Mais qu’est-ce que 7,3 milliards de dollars pour le déploiement de plus de 100 000 personnes, quand on sait que cela représente 0,4 % des dépenses militaires mondiales ? Doit-on rappeler qu’un soldat américain « coûte » 800 000 dollars par an alors qu’un Casque bleu n’en coûte que 20 000 ? On perçoit là déjà une première explication : les États préfèrent les logiques sécuritaires et guerrières aux logiques de paix.
Et les grands contributeurs financiers sont particulièrement pingres quand il s’agit de fournir des moyens à ces opérations en rapport avec les ambitions qui leur ont assignées. C’est une activité qui a ainsi toujours été conduite au rabais, de la création des « zones de sécurité » en Bosnie dans les années 90 aux mandats de protection des civils d’aujourd’hui. De fait, cette activité (bien qu’à 80 % militaire) est financée par des budgets civils contraints et non par les budgets militaires plus importants, et dans lesquels les dépenses du maintien de la paix (de ses composantes militaires) pourraient être plus aisément absorbées. Ce budget a encore été réduit en 2017, sous la pression de l’administration américaine comme des États européens.
Un éclatement des responsabilités
Depuis la fin de la Guerre froide, les ambitions des quinze membres du Conseil de sécurité et les mandats votés ont été d’une complexité croissante, empilant les tâches et les objectifs sans grande cohérente stratégique. Deuxième explication à la faiblesse de ces opérations : au fil des décennies, le Conseil s’est également fracturé sur la façon de maintenir la paix, et ces voix dissonantes sont bien entendues instrumentalisées par les acteurs sur le terrain, ceux qui gardent un intérêt à ce que l’instabilité perdure. De plus, ceux qui décident des mandats et les financent ne sont pas ceux qui les conduisent et les mettent en œuvre.
Retrouvez l’intégralité de l’article (et la vidéo) avec ce lien :
https://theconversation.com/maintien-de-la-paix-de-lonu-le-chef-dorchestre-doit-davantage-simpliquer-91050?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%202%20fvrier%202018%20-%2093828019&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%202%20fvrier%202018%20-%2093828019+CID_a3431975248a3d71f120145a3c44d058&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Maintien%20de%20la%20paix%20de%20lONU%20%20le%20chef%20dorchestre%20doit%20davantage%20simpliquer
3 – Chine, la montée en (super)puissance, assez pour menacer les Etats-Unis ? (Atlantico avec Institut Thomas Moore, Sylvestre Mongrenier)
Lors d’une interview donnée à la BBC, Mike Pompeo, directeur de la CIA, a déclaré que les efforts chinois pour exercer une influence sur l’Occident sont tout aussi préoccupant que la subversion russe, en se référant notamment à l’espionnage chinois (et la découverte d’une « taupe » chinoise ayant entraîné l’arrestation de nombreux informateurs). D’un point de vue économique, militaire ou géopolitique, peut-on dire que la puissance du XXe siècle pourrait avoir trouvé son « maître » au cours du XXI siècle ? Avec quelles conséquences ?
S’il est nécessaire à la réflexion géopolitique de dégager des tendances lourdes et d’envisager des cycles de puissance, afin de ne pas être esclave d’analyses trop centrées sur l’évènement et le sensationnel, il faut se garder d’une vision mécanique du système international (l’idée d’une puissance dominante par siècle). Rien n’est joué par avance. Le fait est que depuis une décennie, la politique étrangère de la République Populaire de Chine (RPC) est sortie de son ambiguïté. Fini le temps de la « montée en puissance harmonieuse » et du primat, proclamé urbi et orbi, de l’économie. Les dirigeants chinois affichent leurs ambitions géopolitiques et se voient en futurs maîtres du monde. Ils interprètent la crise financière et économique de 2008 comme un signe du ciel : un « mandat céleste » leur confierait le sort du monde. Depuis une dizaine d’année, le comportement des dirigeants chinois est beaucoup moins hermétique qu’autrefois et ces deniers pèchent par arrogance, en paroles et en actes. Contre le droit de la mer et l’avis juridique rendu par la Cour permanente de La Haye, en 2016, la RPC revendique la totalité de la « Méditerranée asiatique » (la mer de Chine du Sud), poldérise et bétonne des rochers et des îlots afin de matérialiser ses ambitions, menace ses voisins. Elle instrumentalise la Corée du Nord avec pour objectif de détruire les alliances régionales des Etats-Unis. Soulignons le fait que cette « Méditerranée asiatique » s’étend sur 3,5 millions de km² (2,5 millions de km² pour la mer Méditerranée). Le tiers du commerce mondial y transite et la question est de portée planétaire, tant sur le plan du droit que sur celui de l’économie. Au-delà, le projet des « nouvelles routes de la soie » (Belt Road Initiative) donne la mesure des ambitions. Cette aspiration à la domination universelle a déjà sa formulation idéologique : le « Tianxia » (littéralement « Tout ce qui est sous le ciel »). Il s’agit là d’une forme de cosmopolitique ancrée dans l’antique tradition qui, schématiquement, élargit le « mandat céleste » de l’Empereur du Milieu à la totalité du globe (cf. Emmanuel Dubois de Prisque, « Tianxa : la mondialisation heureuse? », Monde Chinois, n°49, 2017). Nous sommes donc au début d’une rivalité entre une puissance installée, les Etats-Unis, et une puissance montante, la RPC. Dans un récent ouvrage, Graham Allison évoque le « piège de Thucydide » qui menace Pékin et Washington : une guerre hégémonique pourrait être la plus grave conséquence des aspirations et ambitions de la RPC. D’une manière générale, soyons conscients que ces ambitions concernent l’Occident dans son ensemble. Depuis la « mondialisation ibérique » et l’inauguration de l’histoire universelle, voici cinq siècles, l’Occident est globalement hégémonique. Les modifications dans le partage du pouvoir ont eu lieu à l’intérieur de l’Occident. En cela, les Etats-Unis, chefs de file et unificateurs du monde occidental à l’issue d’une nouvelle « guerre de trente ans » (les deux guerres mondiales), sont les héritiers de cette histoire. Si la Chine passait au premier rang mondial, sur tous les plans, ce serait une première historique (l’Empire du milieu n’a jamais été une « superpuissance » mondiale). Inévitablement, la domination d’une « puissance pauvre » (cf. le PIB per capita), non-occidentale et dotée d’un régime totalitaire (Xi-Jinping est un néo-maoïste), aurait des conséquences sur nos modes et styles de vie. La cause de la liberté est en jeu.
Quelles sont les faiblesses qui pourraient « empêcher » la Chine d’en arriver là, sur les mêmes bases qui avaient pu laisser penser que l’Union Soviétique de la guerre froide, puis le Japon de la fin des années 80, étaient en passe de devenir de nouvelles puissances dominantes ? La Chine dispose-t-elle de plus d’atouts que ses prédécesseurs pour prétendre à un tel rôle ?
Le cas du Japon doit être mis à part. Le scénario de son accès à la puissance globale était exagéré et Tokyo ne se posait certainement pas en « challenger » des Etats-Unis. Le cas de l’URSS est plus pertinent. Au moment où l’URSS s’entrouvre et prétend faire des réformes politiques, sous Gorbatchev, la RPC a déjà adopté une démarche inverse et elle conduit une sorte de « NEP » (la « nouvelle économie politique » de Lénine, après la guerre civile) : une ouverture économique sélective dont les effets libérateurs sont compensés par le renforcement du contrôle politique. Bref, un « léninisme de marché » qui prend la forme d’un capitalisme monopolistique d’Etat, pour parler comme les marxistes. A l’inverse de ce qui s’est passé en URSS, cette « formule » a permis au Parti communiste chinois (PCC) de conserver le contrôle des événements, au prix de massacres (cf. Tienanmen, en 1989). Et Pékin regarde avec beaucoup de mépris la Russie post-soviétique, née de la dislocation de l’URSS. Elle fait figure de contre-exemple. La RPC dispose bien de plus d’atouts que l’ex-URSS, l’essentiel se réduisant à un effet de masse : 1,4 milliard d’hommes qui travaillent de manière industrieuse, dans un système en rupture avec les inepties de l’économie à la mode soviétique. La RPC a surtout bénéficié de la foi américaine et occidentale dans les vertus du commerce, posé comme libérateur et pacificateur. Sans l’ouverture massive du marché américain aux produits fabriqués en RPC, dans le cadre d’une alliance objective contre l’URSS, les réformes de Deng Xiaoping de la fin des années 1970 eurent été privées de sens et d’efficacité. Cette complaisance à l’égard de la RPC s’inscrivait dans un semblant de philosophie de l’histoire: la libéralisation économique était censée conduire, via l’émergence de classes moyennes revendicatives, à la libéralisation politique. Le réductionnisme économique qui marque cette philosophie de l’histoire du pauvre et une certaine insouciance des dirigeants occidentaux, au sortir de la Guerre Froide, ont bénéficié à la RPC.
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http://www.atlantico.fr/decryptage/chine-montee-en-superpuissance-assez-pour-menacer-etats-unis-jean-sylvestre-mongrenier-3295361.html
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – Affrètement des moyens aériens militaires : le rapport explosif du contrôle général des armées ( la Tribune, Michel Cabirol)
Les dysfonctionnements dans le domaine de l’affrètement des moyens aériens militaires (avion cargo, ici sur la photo, un Antonov-124) est le résultat d’un manque d’effectif, de la jeunesse de certains services résultant de restructurations récentes, de rotation ou de formation insuffisante du personnel, estime le Contrôle général des armées. (Crédits : Antonov) Le rapport intermédiaire du Contrôle général des armées émet des « doutes sérieux » sur les procédures de passation et d’exécution des marchés d’affrètement stratégique. Il constate également une déficience des contrôles internes. Accablant… Révélé par Le Monde et Ouest-France, le rapport intermédiaire du Contrôle général des armées (CGA) est terrible pour le ministère des Armées, et plus particulièrement, pour le Centre de soutien des opérations et des acheminements (CSOA) sur l’affrètement de moyens aériens militaires dans le cadre des opérations extérieures (OPEX) aussi bien dans le domaine stratégique qu’intra-théâtre. Ce rapport confirme tous les doutes initiés par le rapport d’octobre 2016 de la Cour des comptes sur ce sujet brûlant, puis confirmé dans le rapport de mars 2017 sur le transport stratégique du député Républicain, François Cornut-Gentille. Nul doute aussi que les éléments découverts par le CGA, qui a enquêté sur le respect des procédures de passation et d’exécution de ces marchés ainsi que sur l’efficience du contrôle interne, seront versés à l’enquête en cours du Parquet national financier (PNF).
« Des doutes sérieux » sur les marchés passés
Pour le CGA, « les procédures de passation et d’exécution de ces marchés présentent pour le marché d’affrètement stratégique (avions cargos), des doutes sérieux et justifient la transmission au cours de l’audit, de documentation à la direction des affaires juridiques » du ministère. Une direction qui assure le lien avec le PNF. En revanche, le CGA demande encore du temps pour se forger un avis pour ce qui concerne les marchés d’affrètement intra-théâtre. Des marchés qui présentent « un certain nombre d’hétérogénéités en dépit des besoins et de prestations réalisées marqués par de nombreux points communs ». Mais, d’ores et déjà, « des modalités de mise en œuvre des principes de mise en œuvre des principes d’égalité de traitement des candidats et de transparence de procédure invitent à poursuivre les investigations ». Par ailleurs, le CGA constate lors des appels d’offres que l’entreprise titulaire sortante est « dans un très grand nombre de cas titulaire du nouveau marché » sur ce type d’affrètement. Enfin, il confirme également que le contrôle interne doit « encore être amélioré dans certains services ». Notamment à la direction de Villacoublay, où les effectifs sont « insuffisants » pour assurer toutes les opérations de contrôle.
Le choix de la société ICS en question
Pour les affrètements dont l’urgence est supérieure à 20 jours, le CSOA a sélectionné la société française International Chartering Systems (ICS). Pourtant, comme l’a reconnu la Cour des comptes, « les heures de vol ICS sont plus élevées que les heures SALIS » (Strategic airlift interim solution) du nom de la solution gérée par l’agence de soutien de l’OTAN. A noter que le contrat d’ICS se caractérisait notamment par l’atteinte d’un minimum annuel (10 millions d’euros) pour le marché d’affrètement cargo.
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https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/affretement-des-moyens-aeriens-militaires-le-rapport-explosif-du-controle-general-des-armees-766
2 – La 11ème brigade parachutiste va évaluer sa capacité de projection à très court préavis, lors de l’exercice Acinonyx (OPEX 360, Laurent Lagneau)
Pour les biologistes, le terme Acinonyx est le nom biologique du Guépard. D’où le nom donné à l’exercice que va organiser la 11e Brigade Parachutiste entre le 5 et le 14 février dans la région de Tarbes-Lourdes, afin de s’entraîner à intervenir par voie aérienne dans le cadre du système d’alerte Guépard TAP (QRF/TAP) de l’échelon national d’urgence (ENU), c’est à dire à très court préavis et n’importe où dans le monde, depuis le Pôle national des opérations aéroportées (PNOAP) de Toulouse. Pour faire simple, il s’agit d’évaluer la capacité de la 11e BP, mais aussi de la Brigade aérienne d’appui à la projection (BAAP) de l’armée de l’Air, qui co-organise cet exercice, à mener une opération aéroportée (OAP) dans des délais très brefs depuis le territoire national, comme cela fut le cas en 1978 avec l’opération Bonite, à Kolwezi. Selon son contrat opérationnel, la 11e BP doit pouvoir mobiliser et engager près de 700 hommes selon deux échelons : un premier échelon d’alerte à 12h (170 parachutistes avec une autonomie de 3 jours) et un deuxième à 48h. L’exercice Acinonyx va donc mobiliser deux Casa CN-235, un Transall C-160, un C-130H Hercules et un A400M « Atlas », lequel ne permet pas encore de larguer simultanément des parachutistes par ses deux portes latérales… À ce propos, les difficultés actuelles dans le domaine du transport aérien tactique, avec des avions sur-sollicités et affichant des taux de disponibilité pour le moins inquiétants (22,50% pour les 14 C-130H Hercules en 2016 et 40,90 pour les 23 Transall C-160 encore en service) hypothèquent la capacité de mener une OAP à court préavis de la 11e BP… À moins que les problèmes relatifs à l’aptitude de l’A400M à mener des missions tactiques soient réglés à brève échéance. Du côté de l’armée de Terre, et comme l’exercice Acinonyx doit valider sa préparation avant sa projection en Côte d’Ivoire, le 8e Régiment de Parachutistes de l’Infanterie de Marine (RPIMa) sera de la partie. De même que le 5e Régiment d’hélicoptères de combat (RHC) de Pau, des éléments du 2e Régiment de Dragons (spécialiste de la menace NRBC), des équipes du 132e Bataillon cynophile (BCAT) et un détachement du 511e Régiment du Train. Cet exercice sera aussi « interalliés » puisque 173e Brigade aéroportée américaine (173rd Airborn Brigade Combat Team), basée en Italie, a été conviée à y participer, avec un C-130J de l’US Air Force, lequel effectuera des largages de « personnels et de matériels ».
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http://www.opex360.com/2018/02/02/11e-brigade-parachutiste-va-evaluer-capacite-de-projection-a-tres-court-preavis-lors-de-lexercice-acinonyx/
3 – Décès de cinq officiers pilotes de l’aviation légère de l’armée de terre (Defense, armée de terre)
Le vendredi 2 février 2018, deux hélicoptères de l’école de l’aviation légère de l’armée de Terre (EALAT) basés à Cannet-des-Maures se sont écrasés sur la commune de Carcès. L’accident s’est produit lors d’un vol d’instruction.
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https://www.defense.gouv.fr/terre/actu-terre/deces-de-cinq-officiers-pilotes-de-l-aviation-legere-de-l-armee-de-terre
INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – Airbus : vers une réduction des cadences de production de l’A400M (La Tribune, Michel Cabirol)
A380, A400M, même combat. Airbus envisage sérieusement de réduire les cadences de production de l’appareil de transport militaire européen. Cette baisse des cadences est envisagée dans le cadre de la renégociation du planning de développement de certaines spécifications tactiques de l’A400M. Les pays de l’OTAN, qui ont commandé des A400M, se réuniront d’ailleurs le 5 février à Londres pour discuter des retards enregistrés dans le développement de l’appareil. L’A400M a connu des retards et des surcoûts liés à son développement. Le largage de parachutistes par les portes latérales et le ravitaillement en vol des hélicoptères devraient être disponibles en 2018. Dans ses vœux aux 136.000 salariés le 10 janvier, Tom Enders a expliqué qu’il était « important de continuer à avancer dans les négociations avec les clients et les capacités militaires de l’A400M ».
Lisser la production et attendre de nouvelles commandes
Airbus compte ainsi obtenir un lissage des livraisons qui lui permettrait d’optimiser la production de l’A400M. Ce souhait du constructeur permettrait d’éviter les a-coups dans la production de l’appareil, dont un grand nombre doit être livré selon les termes de la renégociation de 2010, durant la période 2018-2020 (plus d’une cinquantaine) tout en maintenant une production minimale de l’appareil jusqu’à l’horizon de 2030, date des dernières livraisons à la France et à l’Espagne. Cela permettrait également à Airbus de pérenniser industriellement le programme sur toute la durée de production ainsi que les compétences. Enfin, cette décision permettrait d’attendre de nouvelles commandes. Dans ses vœux aux 136.000 salariés, Tom Enders s’est d’ailleurs engagé à « renforcer » les « efforts en termes de marketing et de ventes en 2018 » en faveur de l’A400M. Plusieurs pays seraient intéressés par l’acquisition de cet avion de transport tactique, selon nos informations : la Nouvelle-Zélande (de quatre à huit exemplaires), le Pérou, l’Arabie Saoudite, Les Émirats Arabes Unis, la Jordanie et l’Indonésie.
Treize appareils livrés à la France
Le constructeur européen a livré 19 avions de transport A400M en 2017. Il aurait dû en livrer 20 mais l’Allemagne a refusé de prendre cet appareil. Ce qui porte à 57 le nombre total de livraisons depuis l’entrée en service de l’appareil en 2013. Les deux premiers A400M ont été livrés en 2013 au profit de l’armée de l’air française. Puis, l’avionneur en a livré huit en 2014, 11 en 2015 et 17 en 2016. Il restait au 31 décembre 117 appareils à livrer. Soit environ six ans de production. L’A400M avait été commandé à 174 exemplaires par huit pays.
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https://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/airbus-vers-une-reduction-des-cadences-de-production-de-l-a400m-766763.html
2 – Projet de rapprochement entre NavalGroup et Finacantieri (communiqué de presse conjoint ministère des armées – ministère de l’économie et des finances)
Fincantieri Florence Parly, ministre des Armées, et Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, se sont rendus à Rome ce jeudi 1er février 2018 pour évoquer le projet d’alliance entre Naval Group et Fincantieri avec leurs homologues italiens et les PDG des deux groupes. Cette rencontre a été l’occasion de rappeler le soutien déterminé de la France comme de l’Italie à ce projet d’alliance et de renforcement de l’industrie navale franco-italienne. Les ministres ont pu constater les avancées réalisées sur le projet depuis les annonces formulées par le président de la République française et le président du Conseil italien lors du sommet de Lyon en septembre 2017. Cette alliance permettra la construction d’un projet industriel et commercial solide entre les deux groupes. Celui-ci se concrétisera notamment par la conception et la réalisation conjointes de bâtiments de surface, dont le bâtiment de soutien et de ravitaillement devrait être un premier exemple. Cette alliance permettra également aux deux sociétés de présenter un front uni en matière d’export militaire sur les navires de surface fortement armés, en s’appuyant sur une politique produit coordonnée et profitant des implantations internationales complémentaires des deux sociétés. Ce rapprochement permettra en outre aux deux sociétés de mutualiser leurs efforts de recherche et développement, et ainsi de se placer à la pointe d’innovations déterminantes pour le secteur naval : l’optimisation de la consommation d’énergie, l’architecture électrique des bâtiments ou encore les batteries Li-Ion ou la maîtrise des architectures complexes par exemple. L’alliance des deux groupes permettra enfin des synergies et le partage de meilleures pratiques en matière d’achats, de services et de méthodes industrielles, dont de premières illustrations ont pu être partagées. Ce projet a vocation à renforcer très significativement les bases industrielles de technologie et de défense navale en France comme en Italie, en apportant un renforcement économique, industriel, social, et un rayonnement international accru de l’industrie navale des deux Etats. Il contribuera ainsi à développer l’emploi et à soutenir la balance commerciale tant en France qu’en Italie. Les travaux entre industriels se poursuivront dans le cadre de groupes de travail communs au cours des prochains mois. Les modalités détaillées du projet d’alliance seront présentées aux deux gouvernements en juin 2018. Parallèlement, les gouvernements français et italien travailleront dans le même calendrier à l’élaboration d’un accord intergouvernemental qui servira de cadre à cette alliance, préservera leurs intérêts vitaux tout en rendant plus fluides les échanges entre les deux groupes.
3 – Les nouvelles routes de la soie passent aussi par l’espace (Institut Montaigne, Arthur Sauzay)
En quelques années seulement, la Chine est devenue le vrai concurrent des Etats-Unis et de l’Europe dans l’espace. Comment passer la vitesse supérieure ? Arthur Sauzay, auteur de la note « Espace : l’Europe contre-attaque ? », avance des solutions. Le voyage présidentiel en Chine en janvier a aussi été l’occasion pour la France de renforcer ses liens avec la puissance émergente dans le spatial. Sur le plan scientifique, le CNES (l’agence spatiale française) a signé avec son homologue, la CNSA (China National Space Administration), et en présence du président de la République, un mémorandum d’entente concernant la lutte contre le changement climatique et l’exploration spatiale, comprenant notamment le développement de satellites. Sur le plan commercial, Eutelsat, l’opérateur français de satellites de communication, a conclu un accord pour fournir dans la région Asie-Pacifique des services de télécommunication à China Unicom – un opérateur public de télécommunications, quatrième mondial en nombre de clients. L’accord d’Eutelsat s’inscrit dans le cadre de l’initiative chinoise des “nouvelles routes de la soie” lancée en 2013 et qui monte désormais rapidement en puissance, avec de multiples projets d’infrastructures et de coopération. Emmanuel Macron a indiqué à Xian – ville désignée comme point de départ des nouvelles routes de la soie – que ces dernières “ne peuvent être univoques”. Certes, mais reste à savoir comment la France, dont le PIB est désormais cinq fois inférieur à celui de la Chine, pourra résister à la rapide montée en puissance commerciale de cette dernière. Ceci vaut aussi pour le spatial, secteur dans lequel la Chine semble s’être affirmée, en quelques années, comme le vrai concurrent des Etats-Unis et de l’Europe.
Que s’est-il passé et que peut-on attendre ?
Une ambition spatiale chinoise longtemps contrariée
La Chine mène une politique spatiale active depuis les années 1960. Cinquième pays à avoir réussi à placer un satellite en orbite, en 1970, la Chine est aussi la troisième puissance à avoir lancé un humain dans l’espace (en 2003), après l’URSS et les Etats-Unis – l’Europe ayant pour l’instant renoncé à cette capacité. Bien qu’elle ait régulièrement développé ses capacités satellitaires (mise en place d’un GPS autonome chinois, satellites militaires, etc.), la Chine a eu du mal à s’insérer sur le marché commercial international dans les années 2000 – c’est-à-dire à vendre des services et des produits à des pays étrangers. La principale raison réside dans l’imposition par les Etats-Unis, en 1998, de règles interdisant le lancement par des fusées chinoises de satellites contenant des composantes américaines – y compris lorsque ces dernières sont intégrées à des satellites européens, par exemple. Dans les faits, ces règles dites “ITAR” (International Traffic in Arms Regulations) ont fortement limité les ambitions chinoises. En outre, le pays ne disposait pas de la capacité de produire seul des satellites à la pointe de la technologie tout en étant compétitifs. Bien que ces règles soient maintenues, la Chine est en train de devenir un acteur de premier plan dans le secteur spatial commercial. Plusieurs facteurs y concourent. D’abord, la taille du marché chinois incite les industriels non-américains à développer des produits dits “ITAR-free”, c’est-à-dire n’intégrant aucune composante américaine. Ensuite et surtout, la Chine “incite” ses “partenaires”, dans le cadre de ses programmes d’aides et des nouvelles routes de la soie, à recourir à ses services pour lancer leurs satellites. Enfin, et même si certains observateurs soulignent que la Chine reste en retard d’un point de vue technologique, Pékin propose désormais des services “tout-en-un” comprenant notamment fourniture du satellite et service de lancement (fusée) – le tout à des prix avantageux.
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GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE
ET DE SÉCURITÉ
1 – La paix plus que jamais improbable en Syrie (Orient XXI, Henri Mamarbachi)
Alors que se tient, ce mardi 30 janvier, le Congrès du dialogue national syrien convoqué par les Russes à Sotchi, les espoirs de « percée politique » sont faibles. L’opposition et les Kurdes ont boycotté la réunion, tandis que les combats s’intensifient à travers la Syrie et que la Turquie poursuit son offensive contre les rebelles kurdes. Tout fout le camp ! Alors que certains pariaient encore sur une paix possible ou du moins sur un conflit de basse intensité, les cartes sont une nouvelle fois rebattues en Syrie où même les anciens partenaires sont en désaccord et les alliances d’hier montrent leurs fragilités béantes. S’il en fallait une preuve, il suffit de regarder le spectacle de l’offensive militaire turque dans le nord-ouest syrien, notamment à Afrin, et la désagrégation des dernières conférences de paix à Genève sous l’égide de l’ONU, et de Sotchi en Russie à l’invitation de Moscou. Voici le paysage : la Ghouta de Damas, la grande oasis dont la rivière du Barada irriguait en des temps plus heureux les champs et les vergers est en proie aux flammes. Cette région contrôlée par les rebelles et qui menace la capitale est soumise aux bombardements intensifs russes et syriens. Dans le même temps et appuyée par l’aviation russe, l’armée syrienne a lancé en décembre une vaste offensive contre la province d’Idlib (au sud d’Alep), une région majoritairement contrôlée par les groupes djihadistes dont le fer de lance est le Front Al-Nosra (l’ex-branche syrienne d’Al-Qaida). Dans cette province aussi, les bombardements aériens provoquent de nouveaux déplacements de population. L’organisation de l’État islamique (OEI), bien que moribonde après avoir été chassée de son fief à Rakka et de Deir Ezzor à l’est, n’est pas tout à fait morte — contrairement aux affirmations du président Donald Trump à Davos — et poursuit des opérations ponctuelles. Même Alep, la capitale du nord, « pacifiée » en décembre 2016 grâce à l’alliance syro-russe avec le concours du Hezbollah chiite allié de l’Iran reste encore à un jet d’obus des régions tenues par les rebelles à l’ouest de la ville, sur la route principale la reliant à Damas. En outre, plus de la moitié des 21 millions d’habitants du pays est déplacée ou réfugiée à l’étranger, une source d’angoisse permanente pour les Européens. Sur cette sombre toile de fond, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a lancé depuis une semaine une offensive d’envergure contre le nord-ouest de la Syrie, une région majoritairement kurde mais aussi arabe sous le feu de l’aviation et des chars turcs.« Peu importe le nom de l’organisation terroriste, qu’il s’agisse de Daech, du Parti des travailleurs du Kurdistan ou des YPG. Avec l’aide de Dieu, nous les écraserons comme un rouleau compresseur », a-t-il déclaré samedi 20 janvier, après avoir mis en avant les « menaces » contre son pays, à sa frontière. Alors que plusieurs pays occidentaux ont émis des appels à la retenue, Ankara a même lancé samedi un avertissement fort peu diplomatique à Washington, son principal allié en Asie orientale et au sein de l’Alliance atlantique, en le sommant sans ménagement de se retirer des régions où la Turquie menace d’élargir son offensive.
LA SOURIS QUI RUGIT DEVANT LE TIGRE
Le chef de la diplomatie turque a en effet exigé que les États-Unis retirent « immédiatement » leurs militaires déployés à Manbej, ville du nord de la Syrie, ce gros bourg situé à l’ouest de l’Euphrate, contrôlé par les Unités de protection du peuple (YPG) et allié (de circonstance ?) de Washington. Peuplée de Kurdes et d’Arabes, la ville est située à une centaine de kilomètres à l’est de la région d’Afrin. Plusieurs centaines de militaires américains y sont déployés, et l’on évoque le risque d’une confrontation directe avec les forces américaines. Jusqu’à présent, Washington comme Moscou (mais aussi l’Union européenne) se sont contentés d’appeler leur allié à « la retenue » tandis que les Américains ont promis, aux dires de la présidence turque, de ne plus livrer d’armes aux YPG. Cependant, les États-Unis par la voie du Centcom ont déclaré dimanche, en réponse aux Turcs, qu’ils ne se retireront pas de Manbij, et ces derniers semblent à la peine dans leur avancée en raison de la résistance des Kurdes
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2 – Synthèse de l’actualité internationale de janvier 2018 ( Diploweb, Axelle Degans)
Toujours de la violence
En janvier 2018, un terrible attentat fait une trentaine de morts en Irak, à Bagdad où la violence des djihadistes continue à être structurelle. Deux autres, en Afghanistan, revendiqués par les talibans, causent la mort de près d’une vingtaine de personnes dans un hôtel de Kaboul et une ambulance piégée fait une centaine de victimes et plus de deux cents blessés dans la capitale. En République démocratique du Congo (RDC) de nouveaux troubles anti-Kabila – le président actuellement en poste qui aurait dû organiser des élections – ont fait près de 10 victimes et ont causé l’arrestation de plusieurs centaines de personnes. Le risque que le pays ne bascule plus en avant dans la violence est grand. Dans la partie orientale de l’Algérie, l’armée a tué sept personnes, de « dangereux terroristes ». L’inquiétude est sourde dans un pays où se profile l’après-Bouteflika.
Le temps des manifestations
De violentes manifestations secouent l’Iran en janvier 2018, notamment à Téhéran où de bâtiments publics ont été pris pour cible et des voitures de police brûlées, mais aussi dans plusieurs dizaines de grandes villes du pays. Elles auraient causé la mort de plusieurs dizaines de personnes. Les multiples privations et les mauvaises conditions de vie – notamment liées aux différents embargos pesant sur le pays – poussent la population à bout. Le déclencheur a été l’annonce d’un budget d’austérité. Ce malaise est attisé par les conservateurs… comme par les États-Unis de Donald Trump. Si l’économie iranienne commence à mieux se porter, elle reste handicapée par la faiblesse des cours du pétrole et une inflation à deux chiffres. La réintégration de l’Iran sur la scène internationale est seulement balbutiante, alors que la loi américaine d’embargo sur ce pays continue à freiner les entreprises étrangères qui veulent y faire des affaires. En Tunisie, sept années après la « Révolution du jasmin » qui a vu le départ de son dirigeant Ben Ali, la situation reste très tendue. Les manifestations se multiplient, à l’appel du mouvement « Fech nestannnew », (Qu’est-ce qu’on attend), comme les arrestations… de plusieurs centaines de personnes. Le premier janvier s’est accompagné d’une hausse des tarifs difficilement acceptée en période d’austérité, alors que la baisse du dinar renchérit toutes les importations. L’exaspération monte dans un pays jeune, avec un chômage qui frappe plus du quart des jeunes adultes. Ces derniers réclament du travail, mais aussi de la dignité et la liberté… ce qui n’est pas sans rappeler les slogans au moment de la chute de Ben Ali. Cela fait deux années que le pays a instauré l’état d’urgence, et le bilan de la révolution du jasmin est pour tout dire assez amer. Le gouvernement a déployé l’armée dans plusieurs villes tunisiennes.
Diplomatie américaine…
Les rapports entre Washington et Islamabad se tendent courant janvier 2018 après l’annonce américaine de la volonté de cesser l’aide à son allié historique en Asie du Sud, l’accusant de financer et de protéger des terroristes. C’est au Pakistan que Ben Laden a été traqué par les États-Unis d’Obama. D. Trump annonce de même envisager de suspendre l’aide américaine à l’Autorité palestinienne après la réaction très hostile à l’annonce de la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël. Le dialogue de paix est interrompu depuis 2014 entre Israël et l’Autorité palestinienne à laquelle Washington verse chaque année 370 millions de dollars pour aider les réfugiés. Le président américain a menacé de se retirer des accords sur le nucléaire iranien ce qui paralyse les négociations et retarde d’autant la réintégration de l’Iran dans la communauté internationale… pour le plus grand contentement de l’Arabie saoudite. La coalition internationale, sous patronage de Washington, annonce vouloir constituer une force frontalière de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, notamment Kurdes. Cette force fâche la Syrie de Bahar el-Assad mais aussi la Turquie d’Erdogan.
Nouvelles d’Allemagne et d’Europe centrale
Angela Merkel, à la tête du parti conservateur CSU-CDU, annonce avoir trouvé en janvier 2018 un compromis politique avec le parti social-démocrate SPD. Une nouvelle grande coalition qui ne suscite pas vraiment l’enthousiasme outre-Rhin. Cet accord, s’il n’est finalement pas dénoncé, devrait déboucher sur un quatrième mandat de chancelier pour Angela Merkel, mais une chancelière affaiblie par ce long marathon politique pour trouver une alliance. A-t-elle tenté le mandat de trop ? Ces difficultés politiques nous semblent d’autant plus incompréhensibles en France que notre voisin affiche une insolente santé économique. Un nouvel excédent budgétaire (plus de 38 milliards d’euros) et une croissance économique de probablement 2,2% en 2017, et elle s’annonce encore meilleure pour 2018…
En République tchèque, le candidat pro-européen Jiri Drahos a été battu par le président sortant Milos Zeman. Cet homme de 73 ans populiste, se dirigerait vers la constitution d’un gouvernement autour d’Andrej Babis, milliardaire et populiste dont le parti ANO (centre) a remporté les dernières élections législatives. Cette élection inquiète Bruxelles.
Emmanuel Macron en Chine
Courant janvier 2018, le président français E. Macron s’est rendu en visite officielle pour trois jours en Chine, avec pour objectif de rééquilibrer les relations commerciales très en défaveur de la France – un déficit de 30 milliards d’euros pour 2016 – et associer davantage la Chine à la gestion des affaires internationales, depuis la lutte contre le réchauffement climatique jusqu’à la politique de sécurité au Sahel. Il affirme sa volonté de participer à la constitution d’une nouvelle route de la soie, axe en devenir élaboré par Xi Jinping, au motif que l’Europe est à l’autre extrémité de cet axe économique et commercial. Bref, le président français plaide pour des relations plus équilibrées.
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https://www.diploweb.com/Synthese-de-l-actualite-internationale-de-janvier-2018.html
3 – Afghanistan : l’impasse stratégique de l’Occident (IRIS, le point de vue de Karim Pakzad)
Les attentats meurtriers de ces derniers jours ont brutalement rappelé le statut d’Etat failli de l’Afghanistan. Après plus de 16 année d’interventionnisme, force est de constater que, malgré le soutien militaire et politique de la communauté internationale, les Talibans n’ont jamais été autant en position de force. En parallèle, Daech a fait de ce pays sa nouvelle terre de djihad après ses défaites militaire en Irak et Syrie. Pour nous éclairer, l’analyse de Karim Pakzad, chercheur à l’IRIS, sur la situation.
Les attentats meurtriers de ces derniers jours interrogent sur le caractère dissuasif de la présence des contingents internationaux de la Mission de soutien ainsi que sur le bilan de la formation des forces de sécurité afghanes. Pourquoi l’Afghanistan est-elle si durement frappée par les attentats ? Le pays a-t-il un appareil sécuritaire ?
Par leur densité, les attentats de ces derniers jours ont aussi bien frappé l’opinion afghane, qu’internationale. En une semaine, c’est plusieurs centaines de personnes qui ont été tuées, à Kaboul et en province. Ces attaques-suicides semblent être une réponse des Talibans et de Daech à la présence étrangère en Afghanistan. Elles ont été préparées minutieusement, et depuis longtemps, car on ne décide pas du jour au lendemain d’attaquer ou de se faire exploser dans un endroit stratégique, qui plus est, dans une capitale bouclée par les différentes forces en présence. Les Talibans ont notamment projeté cette attaque comme une réponse à la stratégie de Donald Trump. Celle-ci se décline en un renforcement de la présence américaine et par des pressions sur le Pakistan. Le président américain a ainsi annoncé vouloir envoyer 3000 soldats supplémentaires en Afghanistan, pour porter à plus de 10.000 le total des effectifs. Pour rappel, il y avait encore 100.000 soldats américains en 2014, et jusqu’à 150.000 unités déployées en tenant compte des autres contingents étrangers. Le contexte est, en réalité, celui d’un redéploiement, faisant suite à un désengagement progressif mais massif. Quant aux pressions sur Islamabad, cela peut s’exercer sur le montant de l’aide civile et militaire jusqu’à une intervention directe en zone tribale sur le sol pakistanais. C’est la raison pour laquelle, depuis plusieurs mois, les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan se sont brusquement tendues. Depuis les avertissements de Donald Trump, les Talibans avaient promis de « transformer l’Afghanistan en cimetière américain ».
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http://www.iris-france.org/106864-afghanistan-limpasse-strategique-de-loccident/