ATTENTAT DE SAINT-PETERSBOURG

3 AVRIL 2017


Par Jean Pierre ARRIGNON

Lundi 3 avril 2017, une bombe posée par un russe d’origine kirghize, Akbarson Dzalilov, explosait dans un wagon d’une rame du métro de Saint-Pétersbourg, entre les stations Tekhnologitchevski Institut et Sennaja Plochad, causant la mort de 14 personnes dont un enfant et 51 blessés. Une deuxième bombe  a pu être désamorcée peu après dans la station Plochad Vostanija ; enfin jeudi 6 avril, une troisième bombe a été découverte et désamorcée dans un appartement d’un immeuble sis avenue Tovaritchevski.

Ces attentats ont légitimement suscité la compassion du monde ; ils ont aussi révélé la lourde menace terroriste pesant sur la Russie, adversaire déclaré et actif de l’Etat islamique.  Surtout, l’attentat de Saint-Pétersbourg a révélé la vulnérabilité de la Russie pourtant fortement encadré et surveillé. Nombreux étaient ceux qui pensaient que la surveillance vidéo et humaine des métros de la capitale russe  septentrional,  était exemplaire et devait assurer une sécurité collective sans faille.

L’attentat du 3 avril a révélé les limites de la sécurisation de la ville et posé la grande vulnérabilité du pays sur sa frontière sud.

Ainsi, l’enquête qui a suivi la tragédie a révélé l’existence d’une cellule dormante composée d’au moins six individus qui diffusaient et relayaient les messages de l’Etat islamique et recrutaient des candidats à s’engager dans les activités criminelles de l’Etat islamique. Cette vulnérabilité a été soulignée par le journal Kommersant qui révèle que pour quelques roubles il est facile d’acquérir des billes d’acier ou de vieilles voitures qui peuvent être préparées à des fins criminelles. La lutte contre l’islamisme radical exige de chaque citoyen une attention de chaque instant. La sécurité de tous n’est que la résultante de la responsabilité de chacun. La sécurité ne se délègue pas, elle s’assume. Or dans une société fortement encadrée, la responsabilité est souvent transférée à ceux qui sont en charge de la sécurité ; il en résulte des failles dans le corps social, failles qui facilitent la mise place des cellules dormantes d’autant plus dangereuses qu’elles peuvent être activées à tout moment.

Cet attentat nous amène à mesurer la grande vulnérabilité de la Russie dont la longue frontière sud s’étend sur des milliers de kilomètres au contact de pays largement  islamisés et politiquement  fragiles. Ainsi le terrorisme de Saint-Pétersbourg revenait de la ville kirghize d’Os, dans la vallée du Ferghana où prospèrent de fortes mouvances d’islamisme radicalisé. Aujourd’hui les spécialistes estiment que plus d’un millier de jeunes Kirghizes se sont engagés dans les rangs de Daesh  auxquels il faut rajouter les quelques 6000 caucasiens qui constituent la force militaire la plus virulente de Daesh.

L’attentat de Saint-Pétersbourg souligne à la fois la vulnérabilité de tous ceux qui sont engagés dans la lutte contre l’islamisme radical et la nécessité d’une lutte sans répit qui doit être menée par tous dans un objectif commun  d’éradiquer cette radicalité qui se nourrit d’une vision obsessionnelle d’un martyre qui ouvre les portes d’un Paradis fantasmé !

 

Jean Pierre ARRIGNON