ENTRE DESILLUSION
ET SOIF DE RENOUVEAU

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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF
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oins la ramener, plus bosser » aurait lancé Xavier Bertrand. Cela pourrait servir d’adage à toute la classe politique à un an des élections présidentielles. Car le bilan des deux tours des élections régionales et départementales, les dimanches 20 et 28 juin 2021, sanctionne les graves limites d’acteurs politiques qui manquent de profondeur et confondent gesticulations de communication et connaissances de fond.

Des urnes quasi vides

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La suffisance de nombreux orateurs politiques, peu crédibles et guère charismatiques, s’est brisée sur un taux d’abstention record : près de 67% au niveau national – et même plus de 70% dans le Grand-Est – au premier tour, contre 66%, en moyenne, au second. En comparaison, le taux d’abstention aux élections européennes de 2009 avait atteint les 59,4%.

Pour la classe d’âge des 18-24 ans, le constat est glaçant : 84% d’abstention… Au gré des consultations réalisées après coup, il est dit que 30% des jeunes abstentionnistes ne connaissaient pas les candidats, ne s’intéressaient pas à ces élections.

Mais surtout, divers acteurs politiques, dès la soirée du dimanche 20 juin, estimaient que les citoyens souffraient d’une mauvaise compréhension du fonctionnement des institutions départementales et régionales. Alain Duhamel, sur une chaîne de télévision privée,  est même allé jusqu’à affirmer que « l’abstention signifiait l’inadaptation des Français à la vie politique ».

Mettre en avant la soi-disant ignorance des citoyens vis-à-vis des institutions locales est tout de même un peu lapidaire… Ayons l’honnêteté intellectuelle et le sens éthique de surtout relever, en l’état, les conséquences des comportements totalement décalés de diverses personnalités politiques, à tous les niveaux, par rapport aux attentes pragmatiques et rationnelles des citoyens.

La politique, heureusement, n’est pas qu’un jeu de trombinoscope. Photo DR

Une Polis qui a perdu de son éclat…

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Discours politiques vides de sens, invectives, débats tronqués relayés par des journalistes trop souvent subjectifs : autant de situations déplorables qui ne trompent plus grand monde quant à la perte d’éclat de la vie politique en la Cité. Il suffit d’échanger avec des personnes représentantes de diverses  catégories socio-professionnelles pour constater que le vide intellectuel, le creux structurel des projets politiques actuels, et surtout les mensonges et raccourcis, sont dans tous les esprits. Mais ce ne sont que quelques-unes des observations à retenir…

Restaurer les piliers

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Il faut s’appliquer à garder son sang-froid devant le climat délétère de la vie politique en France. Car le parti pris de nombreux médias contribue largement à ce que l’horizon politique soit fragmenté. La profondeur intellectuelle des analyses a trop laissé de place aux  raccourcis et aux caricatures, le tout sur fond d’atmosphère anxiogène, savamment entretenue, en vertu d’une dynamique de l’autorité verticale. L’occasion pour Christian Fremaux de souligner, dans la rubrique Humeurs, combien les exagérations, mascarades et jeux de communication laissent à penser que le système a perdu tout sens d’orientation constructive.

Pour autant, il existe bien une option destinée à reconstruire un Etat aujourd’hui au bord du gouffre. Et cela doit absolument passer par la renaissance des piliers du pouvoir régalien : le Droit et la Justice, l’Économie, l’Éducation et la Défense.

Depuis que le service militaire a été suspendu, en 1997, par le président Jacques Chirac, on perçoit bien que l’idée d’un renouveau en la matière n’a jamais été abandonnée. Mais l’on n’est toujours pas parvenu à trouver la meilleure formule pour la faire admettre et apprécier par les jeunes citoyens. Johann Airieau, dans la rubrique Défense, revient ainsi sur la notion de conscription en France et souligne combien le programme du Service national universel (SNU) soulève des espoirs en vue de ressusciter l’esprit de cohésion chez les plus jeunes…

La Défense conduit aussi à des interventions à l’international qui, pour l’essentiel, se cristallisent dans la zone pan-sahélienne, alors que le Mali est en proie à de nouveaux tumultes politiques et sécuritaires. Gildas Le Marchand en souligne quelques aspects pour la rubrique Défense.

Disparités économiques et sociales

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On sait combien les disparités entre les régions, entre monde rural et monde urbain, sont au cœur de bien des études sociologiques et économiques. Perdure même encore le distinguo entre Paris et la province, expression pourtant obsolète depuis le XIXème siècle, preuve persistante d’une tradition macrocéphale de la France. Plus globalement, on fait surtout référence à la France des périphéries comme l’espace des oubliés et des abandonnés de la République. Or, selon certaines analyses, la France fragilisée à l’extrême ne serait pas nécessairement celle des campagnes…Alexandre Mirlicourtois, de Xerfi Canal, pour la rubrique Economie, considère ainsi que la « France périphérique » relève de caractéristiques nouvelles, faisant écho aux propos du chercheur et économiste Laurent Davezies. Ce dernier estime en effet que l’Etat n’abandonne pas ses territoires.

Des avis et constats qui ne manqueront pas de nourrir débats et controverses.

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(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales, Officier (diplômé ORSEM) dans la Reserve opérationnelle depuis 1993. Conférencier et Chargé de cours dans l’Enseignement supérieur sur les crises et conflits contemporains, il enseigne aussi en Économie internationale et Géopolitique, Sociologie, Doctrines politiques et Éthique politique et militaire. Depuis 2017, Pascal Le Pautremat s’est tourné vers les sociétés et les structures publiques en matière d’analyses géopolitiques et géoéconomiques, de positionnement à l’étranger, d’analyses des Risques et Opportunités Pays. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu” est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF du 30 novembre 2020

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