L’OCCIDENT
ENTRE COURAGE ET LÂCHETÉ
de René Occhiminuti(*)
Directeur de la publication
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«Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque pays, et bien sûr, aux Nations Unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie de la société. (… ) »
C’est en ces termes qu’ Alexandre Soljenitsyne s’adressait, le 8 juin 1978, aux étudiants de l’université de Harvard .
C’était onze ans avant la chute du mur de Berlin, Aujourd’hui plus de quarante ans plus tard ce discours est particulièrement d’actualité. Nos dirigeants, nos sociétés occidentales, nos médias n’ont pas su ou voulu tenir compte de cette analyse dont nous présentons les grandes lignes ci-dessous.
Certes nos dirigeants politiques ont su prendre des décisions courageuses pour développer l’Europe, pour lutter contre le terrorisme islamiste. Pourtant ces deux sujets d’actualité montrent aussi les lâchetés de notre monde pour des raisons électoralistes, de « réalpolitique » et d’intérêts individuels, ou par manque de vision et /ou de courage.
Ainsi dans ce numéro nous présentons une analyse sur « La trahison de Trump…les kurdes » ou sur «Les dérives des institutions européennes », le cri d’alerte de Jean Dominique Giuliani.
Chacun saura, dans ses analyses personnelles, identifier les actions de courage et de lâcheté politique. Certains pourront constater que les banlieues sont devenues des zones de non-droit, que la sécurité n’est plus assurée et que les islamistes et/ou la drogue s’y développent. Chacun choisira ce qu’il estimera être le plus pertinent dans les remarques de Soljenitsyne
Dès 1978, Alexandre Soljenitsyne nous donnait des éléments explicatifs de notre situation en 2019. Nous avons sélectionné quelques extraits de son discours.
Ce discours intitulé « Le déclin du courage » a été édité, nous le présentons dans notre rubrique « LIVRES » de ce numéro.
Trop de juridisme
« La société occidentale s’est choisi l’organisation la plus appropriée à ses fins, une organisation que j’appellerais légaliste. Les limites des droits de l’homme et de ce qui est bon sont fixées par un système de lois; ces limites sont très lâches. Les hommes à l’Ouest ont acquis une habileté considérable pour utiliser, interpréter et manipuler la loi, bien que paradoxalement les lois tendent à devenir bien trop compliquées à comprendre pour une personne moyenne sans l’aide d’un expert. (…)»
« J’ai vécu toute ma vie sous un régime communiste, et je peux vous dire qu’une société sans référent légal objectif est particulièrement terrible. Mais une société basée sur la lettre de la loi, et n’allant pas plus loin, échoue à déployer à son avantage le large champ des possibilités humaines. La lettre de la loi est trop froide et formelle pour avoir une influence bénéfique sur la société.(…) »
« Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l’homme. (…) »
« Et il sera tout simplement impossible de relever les défis de notre siècle menaçant armés des seules armes d’une structure sociale légaliste.(…) »
« De ce fait, la médiocrité triomphe sous le masque des limitations démocratiques.(…) »
Trop de droits et peu de devoirs
« Il est aisé en tout lieu de saper le pouvoir administratif, et il a en fait été considérablement amoindri dans tous les pays occidentaux. La défense des droits individuels a pris de telles proportions que la société en tant que telle est désormais sans défense contre les initiatives de quelques-uns. Il est temps, à l’Ouest, de défendre non pas tant les droits de l’homme que ses devoirs.(…) »
« L’évolution s’est faite progressivement, mais il semble qu’elle ait eu pour point de départ la bienveillante conception humaniste selon laquelle l’homme, maître du monde, ne porte en lui aucun germe de mal, et tout ce que notre existence offre de vicié est simplement le fruit de systèmes sociaux erronés qu’il importe d’amender. (…) »
Trop de politiquement « correct »
« La presse, aussi, bien sûr, jouit de la plus grande liberté. Mais pour quel usage? (…) »
« Combien de jugements hâtifs, irréfléchis, superficiels et trompeurs sont ainsi émis quotidiennement, jetant le trouble chez le lecteur, et le laissant ensuite à lui-même?
La presse a le pouvoir de contrefaire l’opinion publique, et aussi celui de la pervertir. La voici qui couronne les terroristes des lauriers d’Érostrate ; la voici qui dévoile jusqu’aux secrets défensifs de son pays ; la voici qui viole impudemment la vie privée des célébrités au cri de : « Tout le monde a le droit de tout savoir » (slogan mensonger pour un siècle de mensonge, car bien au-dessus de ce droit il y en a un autre, perdu aujourd’hui : le droit qu’à l’homme de ne pas savoir, de ne pas encombrer son âme créée par Dieu avec des ragots, des bavardages, des futilités. Les gens qui travaillent vraiment et dont la vie est bien remplie n’ont aucun besoin de ce flot pléthorique d’informations abrutissantes). (…) »
« Autre chose ne manquera pas de surprendre un observateur venu de l’Est totalitaire, avec sa presse rigoureusement univoque: on découvre un courant général d’idées privilégiées au sein de la presse occidentale dans son ensemble, une sorte d’esprit du temps, fait de critères de jugement reconnus par tous, d’intérêts communs, la somme de tout cela donnant le sentiment non d’une compétition mais d’une uniformité. (…) »
« Sans qu’il y ait, comme à l’Est, de violence ouverte, cette sélection opérée par la mode, ce besoin de tout conformer à des modèles standards, empêchent les penseurs les plus originaux d’apporter leur contribution à la vie publique et provoquent l’apparition d’un dangereux esprit grégaire qui fait obstacle à un développement digne de ce nom. Aux Etats-Unis, il m’est arrivé de recevoir des lettres de personnes éminemment intelligentes… peut-être un professeur d’un petit collège perdu, qui aurait pu beaucoup pour le renouveau et le salut de son pays, mais le pays ne pouvait l’entendre, car les média n’allaient pas lui donner la parole. Voilà qui donne naissance à de solides préjugés de masse, à un aveuglement qui à notre époque est particulièrement dangereux. (…) »
Nous soulignons
l’analyse faite déjà, en 1978, de la dérive de pouvoir des médias,
de leur influence pour véhiculer un langage « politiquement correct et
uniforme ».
C’est contre cette « mauvaise »manière d’informer que veut lutter
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Prochaine édition le lundi 4 novembre 2019
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