- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
- ACTUALITES INTERNATIONALES :
- Présidentielle américaine : Obama était au courant d’une ingérence russe depuis août 2016
- Le couple franco-allemand condamné à réussir
- Doha rejette les accusations de Ryad, Washington joue le médiateur
- LES ENJEUX DE LA DEFENSE FRANÇAISE :
- Défense : 2018, une année très tendue
- Bercy veut amputer le budget de la défense 2017 de 850 millions d’euros
- Ne relâchons pas notre effort de défense
- INDUSTRIE ET ECONOMIE :
- Méga-contrat australien : Naval Group passe une nouvelle étape-clé
- Armement : mais qu’a vendu la France au Botswana en 2016 ?
- Communiqué après l’assemblée générale du GIFAS
- GRANDS PROBLEMES DE DEFENSE ET DE SECURITE:
- La cyberdéfense, menace permanente
- Frédéric Pichon : « L’Etat islamique renaîtra, sous une forme ou sous une autre »
- Armée française : des paroles aux actes, un choix crucial
de Jacques Raimond
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – Présidentielle américaine : Obama était au courant d’une ingérence russe depuis août 2016 (La Tribune)
Barack Obama aurait eu vent d’une implication russe pour l’élection présidentielle américaine en août 2016 – avant d’adopter des sanctions en décembre. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir son successeur Donald Trump ce week-end. Encore un rebondissement dans l’affaire de l’ingérence russe pour la présidentielle américaine. Alors que l’élection s’est déroulée le 8 novembre, Barack Obama en aurait été averti par la CIA dès août 2016, révèle une enquête du Washington Post publiée vendredi 25 juin. La Russie est accusée d’avoir ordonné les piratages des communications électroniques du parti démocrate. Le but présumé : nuire à Hillary Clinton et avantager le républicain Donald Trump dans la course à la Maison-Blanche. Pendant cinq mois, l’administration Obama commence alors à débattre en interne d’une « douzaine d’options pour dissuader ou sanctionner la Russie ». Parmi les pistes évoquées, des cyberattaques contre des infrastructures russes, la publication de documents de la CIA pouvant gêner Poutine ou encore des sanctions économiques. En marge d’un sommet en Chine en septembre, l’ancien président des Etats-Unis aurait directement demandé à Vladimir Poutine de cesser ses agissements.
Pour Trump, Obama n’a « rien fait »
Ce n’est qu’en octobre que Washington accuse publiquement la Russie d’être derrière les piratages informatiques, ayant permis la diffusion, fin juillet 2016, de milliers d’emails du parti démocrate. Ces derniers dévoilaient la cuisine interne du parti, préférant la candidature d’Hillary Clinton à celle de Bernie Sanders. La responsable du parti, Debbie Wasserman Schultz, avait alors quitté ses fonctions. En janvier seulement, l’implication de Vladimir Poutine est confirmée par un rapport conjoint du FBI, de la CIA et de la NSA. L’enquête du Washington Post n’a pas manqué de faire réagir Donald Trump ce week-end via son moyen de communication préféré : Twitter. « Révélé à l’instant : l’administration Obama savait bien avant le 8 novembre l’interférence de la Russie dans le scrutin. Mais elle n’a rien fait.
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http://www.latribune.fr/economie/international/presidentielle-americaine-obama-etait-au-courant-d-une-ingerence-russe-depuis-aout-2016-741679.html
2 – Le couple franco-allemand condamné à réussir (Blog B2, Nicolas Gros-Verheyde)
Le couple franco-allemand est redevenu l’alpha et l’oméga de la politique européenne de la France. Ce Sommet franco-allemand à Paris pourrait en être la preuve.
Les dirigeants français et allemands, flanqués d’une dizaine de leurs ministres, se retrouvent ce jeudi (13 juillet) à l’Elysée pour une réunion qui est destiné à devenir un rituel plus affirmé dans les années à venir. Du moins, c’est la volonté affichée à l’Elysée par l’entourage d’Emmanuel Macron, mais aussi à Berlin où on espère une position plus engagée, française, sur l’Europe.
Une réunion en plusieurs formats
Cette réunion, assez courte dans la durée, une grosse matinée, comportait une succession de séquences alternant rencontres bilatérales entre chaque ministre français avec son homologue outre-rhin, des réunions de travail des dirigeants, des visites symboliques, notamment à l’Espace « Paris Jeunes », autour de trois thèmes principaux : la sécurité et la défense, l’économie et l’innovation, la jeunesse et la culture.
Un deuxième pas pour la PESCO
Une réunion du Conseil franco-allemand de la sécurité et de la défense, présidée au plus haut niveau, était prévue, pour acter l’engagement de Paris et Berlin dans la création d’une Coopération structurée permanente, version plus technocratique du projet d’Union européenne de sécurité et de défense. Avec l’adoption d’une première feuille de route. Ce qui constitue un deuxième pas avec la déclaration d’intention affichée au dernier sommet européen. Et les deux dirigeants entendent bien porter sur les fonts baptismaux, l’Alliance pour le Sahel, symbole de la volonté déterminée à Paris comme à Berlin, de stabiliser une zone pleine d’enjeux pour la France comme l’Allemagne, que ce soit en termes de terrorisme, d’immigration mais aussi de développement économique (lire : Paris et Berlin lancent une Alliance pour le Sahel).
Pas de révolution, mais des premiers pas … en matière de défense
De cette réunion au sommet, il ne faut cependant pas attendre de décisions révolutionnaires que ce soit sur le renforcement de la Zone Euro – une promesse de campagne du candidat Macron – ou la création d’une Union européenne de la défense et de sécurité – un projet auquel l’Allemagne tient. Ces décisions, particulièrement complexes, nécessite de « prendre du temps » explique-t-on à l’Elysée. Et le principe de réalité oblige à attendre la fin des élections allemandes, c’est-à-dire jusqu’à fin septembre. Mais ce sommet de l’Elysée se veut révélateur d’une impatience, tout autant française qu’allemande, de voir l’axe Paris-Berlin revivifié, de le voir retrouver toute sa pertinence. « On a travaillé, vraiment, de concert » est le motto français. Un leitmotiv qui n’est pas uniquement de l’ordre de l’opération de com’ (malgré les apparences).
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https://www.bruxelles2.eu/2017/07/13/le-couple-franco-allemand-condamne-a-reussir/
3 – Doha rejette les accusations de Ryad, Washington joue le médiateur (AFP)
Doha – Le Qatar a réclamé des preuves sur les accusations de soutien au « terrorisme » lancées par l’Arabie saoudite, au moment où les Etats-Unis tentent de jouer les bons offices pour résoudre la crise sans précédent entre les pays arabes du Golfe. Le 5 juin, l’Arabie saoudite ainsi que les Emirats arabes unis et Bahreïn, deux autres voisins du Qatar, et l’Egypte ont rompu les liens diplomatiques et imposé des sanctions économiques au Qatar accusé de soutenir des groupes « terroristes » et de se rapprocher de l’Iran chiite, rival du royaume saoudien sunnite. Mardi, les chefs de la diplomatie saoudienne, qatarie, émiratie et un ministre koweïtien se trouvaient aux Etats-Unis, dont le secrétaire d’Etat Rex Tillerson a multiplié les rencontres pour trouver une solution à la crise. Les quatre adversaires du Qatar ont fixé un ultimatum de 10 jours à Doha pour satisfaire à leur liste de 13 demandes, qui lui a été remise le 22 juin par le Koweït. Ils exigent du Qatar notamment de fermer la chaîne de télévision Al-Jazeera, réduire ses relations avec l’Iran et fermer la base militaire turque sur son territoire. Le Qatar n’a pas encore répondu mais a jugé ces demandes déraisonnables. « Le Qatar s’engagera dans un dialogue constructif » avec ses adversaires « si leurs allégations (sur le soutien au « terrorisme ») sont soutenues par des preuves claires », a dit son ministre des Affaires étrangères Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, cité par les médias à Doha. Il s’est exprimé après un entretien mardi à Washington avec M. Tillerson et après une déclaration du ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir qui a affirmé sur Twitter que les 13 demandes n’étaient « pas négociables. C’est maintenant au Qatar de cesser de soutenir l’extrémisme et le terrorisme ». « Cela est contraire aux bases qui régissent les relations internationales car on ne peut pas présenter des listes et refuser de les négocier », a répliqué le ministre qatari. Après que l’Arabie saoudite s’est montrée inflexible, M. Tillerson, dont le pays est un allié de Ryad et de Doha, a affirmé « espérer que toutes les parties continueraient à se parler de bonne foi ». Il a exhorté « les parties à rester ouvertes à la négociation, qui est le meilleur moyen de résoudre le différend ». Les Etats-Unis ont plus tôt mis en garde sur le fait que le Qatar aurait du mal à satisfaire certaines demandes et réclamé à Ryad de réduire sa liste aux requêtes « raisonnables et recevables ». Mais le ministre d’Etat émirati aux Affaires étrangères, Anwar Gargash, porte-voix des adversaires du Qatar, a rappelé mercredi à Doha que « l’heure de vérité approche ». « Nous invitons le (Qatar) frère à choisir la sincérité et la transparence dans ses relations », a-t-il écrit sur son compte Twitter. « Nous avons tant souffert de ses complots contre notre stabilité et assisté à son soutien à des agendas politiques semant le chaos dans notre monde arabe ». Les discussions sur un règlement de la crise vont se poursuivre cette semaine, a précisé le département d’Etat américain. Les Etats-Unis ont des liens étroits avec les pays en conflit. Le Qatar abrite la plus grande base aérienne américaine de la région, au centre de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique. Bahreïn abrite une base navale de la Cinquième flotte américaine. Et les armées américaines et saoudiennes travaillent étroitement ensemble. Le rôle des Etats-Unis sera crucial dans ces « discussions de proximité », estime Hussein Ibish, un chercheur à l’Arab Gulf States Institute à Washington. « La porte de sortie c’est une sorte de médiation américaine qui permet à chacun de sauver la face ».
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – Défense : 2018, une année très tendue (Les Echos, Anne Bauer)
Florence Parly, la nouvelle ministre des Armées, a promis d’aller au combat, tout en esquissant quelques pistes d’économies. –
La revue stratégique en cours permettra d’établir la loi de programmation militaire pour 2019-2025.
Lundi soir, la nouvelle ministre des Armées, Florence Parly, avait rendez-vous avec le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, qui lui aurait demandé des économies de 850 millions d’euros en 2017. De quoi mettre en doute la promesse faite par le président de la République d’augmenter progressivement le budget de la défense à 2 % du PIB en 2025 (hors pensions et hors opérations extérieures). La ministre qui rencontrait pour la première fois la presse hier, a pourtant confirmé que sa feuille de route n’avait pas changé et que son cap était bien de porter le budget de la défense à quelque 50 milliards d’euros en 2025 par rapport au 32,7 milliards de 2017. « Mon action sera guidée par cette seule question : comment organiser une trajectoire crédible pour aller vers ces 2 % du PIB », a-t-elle promis. Et de souligner la mise en place sous l’autorité du député européen, Arnaud Danjean (LR), d’un comité chargé de mener une « revue stratégique » d’ici au mois d’octobre, afin de bâtir au plus tôt une nouvelle loi de programmation militaire. En débat en 2018, elle tracera la route pour 2019-2025. Combien de temps l’armée française devra-t-elle rester au Sahel (opération Barkhane) et quelle sera la part prise par les Européens et les Africains ? Quel engagement pour pacifier l’Irak, la Syrie, la Libye ? La revue stratégique a vocation à réévaluer les scénarios pour en déduire les capacités militaires nécessaires. A cet égard, Florence Parly a précisé que la victoire à Mossoul ne permettait pas d’alléger le dispositif : « Nous n’en avons pas terminé puisqu’il faut encore se battre à Raqqa et terminer l’action engagée. » Pour 2018, année de transition, la situation sera très tendue. Tous les ministères sont appelés à faire un effort financier pour maintenir le déficit public sous la barre des 3 % de PIB. Pourtant les seules promesses de François Hollande exigent une hausse des dépenses d’un milliard d’euros, tandis que les besoins de renouvellement de matériel sont aussi évalués à un milliard
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https://www.lesechos.fr/industrie-services/air-defense/030439693781-defense-2018-une-annee-tres-tendue-2101327.php
2 – Bercy veut amputer le budget de la défense 2017 de 850 millions d’euros (La Tribune, Michel Cabirol)
Entre sa volonté de rester dans les clous du pacte de stabilité et son envie de protéger les Français, Le Premier ministre Édouard Philippe fait semble-t-il aujourd’hui le grand écart avec le budget de la Défense. Après avoir gelé 2,7 milliards d’euros de crédits, Bercy a récemment transmis à Matignon une proposition pour réduire de 850 millions d’euros le budget de la défense en 2017. Les arbitrages ne sont pas encore tranchés. Le ministère des Armées est bien dans le collimateur de Bercy. Après une parenthèse de cinq ans où l’ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a défendu avec succès son budget, le ministère de l’Économie est revenu depuis le début de l’année à la charge pour contraindre le ministère des Armées à faire des économies. Après avoir gelé 2,7 milliards d’euros de crédits avant l’arrivée du gouvernement Philippe comme l’a révélé La Tribune, Bercy a récemment transmis à Matignon une proposition pour réduire de 850 millions d’euros le budget de la défense en 2017, selon nos informations. Le blog Secret Défense avait révélé ce montant jeudi. Pour autant, les arbitrages n’ont pas été encore effectués.
Arbitrages chez Macron?
Le gouvernement a promis jeudi de préciser sous quinze jours le tour de vis prévu pour contenir le déficit public à 3% en 2017.« J’ai proposé au Premier ministre un certain nombre d’économies » et il « va rendre des arbitrages dans la semaine », a annoncé le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, rappelant que Bercy devait trouver 4 à 5 milliards d’euros pour respecter en 2017 les règles budgétaires européennes. « Tous les ministres sont solidaires, (…) donc il n’y aura pas de logiques de l’un contre l’autre », avait-il rappelé début juin. « Aucun ministère, aucun opérateur, aucune niche fiscale ne sera sanctuarisé. Partout, nous chasserons la dépense inefficace et le saupoudrage de crédits », a d’ailleurs confirmé mardi le Premier ministre Édouard Philippe lors de son discours de politique générale. Si le ministère des Armées devait être touché par des économies budgétaires, les promesses d’Emmanuel Macron, relayées par Édouard Philippe, ne seraient finalement que des… promesses, qui n’engagent que ceux qui les écoutent alors que les armées réclament plus de moyens pour assurer leurs missions face aux menaces terroristes. En novembre 2015 juste après les attentats, François Hollande avait à juste raison considéré devant les sénateurs et députés français réunis en Congrès au château de Versailles que « le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité budgétaire européen ». Emmanuel Macron, qui va devoir arbitrer entre Bercy et l’Hôtel de Brienne, va-t-il être le président qui va changer ce dogme ?
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http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/aeronautique-defense/bercy-veut-amputer-le-budget-de-la-defense-2017-de-850-millions-d-euros-743216.html
3 – Ne relâchons pas notre effort de défense (Les Echos, Eric Trappier*)
*président du GIFAS et PDG de Dassault Aviation
Alors que de nouvelles menaces de coupes budgétaires pèsent sur la défense, rappelons que l’objectif doit être au contraire de porter à 2 % du PIB notre effort en matière de sécurité. Ceci afin de préserver la capacité de l’Etat à investir pour préparer l’avenir.
En ce 14 Juillet, nos forces armées vont de nouveau être mises à l’honneur et la France toute entière, unie, va admirer et saluer ces femmes et ces hommes au service de notre Nation. Ils forcent notre respect. En ce moment d’unité nationale, et alors qu’une équipe dirigeante renouvelée a accédé au sommet de l’Etat, il convient de tracer les grandes lignes de ce que doit être, selon nous, la préparation de l’avenir. L’effort de défense ne doit pas être relâché, dans un contexte international marqué par de nombreuses incertitudes au niveau politique comme au niveau économique. Notre vigilance doit être totale. Mais depuis 1990 et la fin de la guerre froide, le budget des armées a été constamment ponctionné. C’est ce qu’on a appelé « les dividendes de la paix ». Formule célèbre mais contresens malheureux.
Un engagement à tenir
Aujourd’hui, nos forces sont mobilisées en permanence sur plusieurs fronts. Malgré la valeur des hommes et la qualité des moyens, le potentiel s’épuise rapidement. Depuis plusieurs mois, la quasi-unanimité de la classe politique appelle à cetteremontée de l’effort de défense à 2 % du PIB, à un horizon fixé à 2025. C’est un engagement du Président de la République. Il doit se traduire, par une progression de 2 milliards d’euros par an dès 2018. Ce sursaut conditionnera la réussite de la prochaine Loi de Programmation Militaire 2019-2025. Seule cette trajectoire budgétaire nous permettra de conforter tout à la fois l’effort en matière de recherche et technologie, de développement et d’acquisition des équipements nécessaires au succès de nos armées. Le redressement doit être engagé sans délai. Or, de récentes annonces évoquant des annulations ou des gels de crédits portant sur plusieurs centaines de millions d’euros du budget 2017 sont préoccupantes. Concrètement, ceci se traduirait par un décrochage du programme d’investissement du ministère. Rappelons aussi que l’objectif de 2 % est déjà un engagement pris en 2014 par notre pays au sein de l’OTAN. Menons davantage de programmes en coopération européenne fondés sur la compétence. Et saluons à cet égard la mise en place par la Commission d’un plan d’action européen pour la défense qui viendra abonder les budgets nationaux et non s’y substituer.
Risque de décrochage technologique et industriel
Si les investissements dans la préparation de l’avenir devaient encore être victimes d’arbitrages budgétaires, ce sont les capacités de notre filière industrielle de continuer à fournir les matériels les plus performants qui pourraient être hypothéquées à terme. De grandes ruptures technologiques sont devant nous (intelligence artificielle, numérique, connectivité, furtivité…). Si nous les ratons, le décrochage technologique et industriel sera inévitable et notre liberté de décision et d’action, sans laquelle il n’y a pas de souveraineté, sera remise en cause. Comme seront également remises en cause nos capacités d’adresser le marché export face à une concurrence qui aura, elle, relevé ces défis technologiques. Enfin, gardons-nous de sous-estimer l’impact que ce décrochage aurait aussi sur l’emploi dans une filière industrielle, constituée de grands groupes mais aussi de plusieurs centaines de PME et d’ETI, qui embauchent aujourd’hui sur l’ensemble du territoire.
La filière aéronautique et spatiale en danger
L’industrie aéronautique et spatiale française, structurée en une filière solidaire et cohérente, est le fruit d’une stratégie d’investissements sur plus de quarante années, partagée entre l’Etat et l’industrie. C’est un atout formidable. Le partenariat établi avec l’Etat, depuis près de 10 ans, par le Conseil pour la recherche aéronautique civile en témoigne d’une manière éclatante. Une feuille de route technique nationale, réalisée de façon concertée entre tous les acteurs de la filière, a permis d’aligner les priorités, d’optimiser les demandes budgétaires et de parvenir au chiffrage d’un besoin annuel en soutien à la R & T de 150 millions d’euros pour l’aéronautique civile.
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INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – Méga-contrat australien : Naval Group passe une nouvelle étape-clé (La Tribune)
« Le contrat des 12 sous-marins produits à Adélaïde est le contrat le plus important qui ait été lancé par l’Australie. C’est pour nous un défi de souveraineté, nous voulons maitriser notre destin », a estimé le Premier ministre australien Malcom Turnbull (Crédits : DCNS) Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a inauguré dimanche chez Naval Group à Cherbourg le bâtiment dans lequel sera installée l’équipe australienne d’une cinquantaine de personnes en charge de la conception des futurs sous-marins à propulsion classique. Le Premier ministre australien Malcom Turnbull a estimé dimanche que les 12 sous-marins commandés à Naval Group (ex-DCNS) est « un défi de souveraineté », en marge d’une visite d’un des chantiers à Cherbourg (Manche). « Le contrat des 12 sous-marins produits à Adélaïde est le contrat le plus important qui ait été lancé par l’Australie. C’est pour nous un défi de souveraineté, nous voulons maitriser notre destin », a estimé Malcom Turnbull lors de l’inauguration du bâtiment dans lequel sera installée l’équipe australienne d’une cinquantaine de personnes en charge de la conception des futurs sous-marins. Ce bâtiment accueillera aussi une cinquantaine de salariés de Naval Group, une dizaine de Lockheed Martin (chargé des systèmes de combat) et une équipe de la direction générale de l’armement (DGA). « Aujourd’hui, nous franchissons une étape majeure pour le futur programme de sous-marins australiens, a expliqué le PDG de Naval Group, Hervé Guillou, cité dans le communiqué du groupe naval. Ces nouveaux bâtiments vont permettre aux trois partenaires (ministère de la Défense australien, Lockheed Martin Australia, Naval Group) de travailler ensemble dans un environnement moderne et sécurisé et de renforcer notre coopération déjà étroite ». Le Premier ministre australien était accompagné de la nouvelle ministre des Armées Florence Parly, qui a assuré que « la France est pleinement engagée à mener ce projet à son terme et ouvre une nouvelle phase de coopération ». « Nous avons des intérêts communs avec l’Australie dans l’Asie-Pacifique, ceux de défendre les droits de la mer et la sécurité régionale », a-telle précisé.
Macron en soutien de l’industrie française
Naval Group avait remporté le 26 avril 2016 le « contrat du siècle » d’un montant total de 50 milliards de dollars australien (35 milliards d’euros) aux dépens de l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) et d’un consortium japonais emmené par Mitsubishi Heavy Industries et soutenu par le gouvernement japonais. La mise en service des premiers sous-marins à propulsion conventionnelle est attendue au début des années 2030, et les derniers d’ici à 2050. A l’issue de premiers travaux de conception, leur construction sera principalement réalisée à Adélaïde, dans le sud de l’Australie.
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2 – Armement : mais qu’a vendu la France au Botswana en 2016 ? (La Tribune, Michel Cabirol)
Le missilier MBDA a vendu en 2016 au Botswana des systèmes de défense aérienne (missiles Mistral et VL-Mica) pour environ 300 millions d’euros. Comme chaque année, le rapport au Parlement sur les exportations d’armement de la France révèle quelques surprises. Celui de 2017 ne fait pas exception à la règle. La France a vendu l’année dernière 304,2 millions d’euros de systèmes d’armes au… Botswana. Une belle commande qui a permis à ce pays d’Afrique Australe, coincé entre l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et la Namibie, d’entrer dans le « club » des dix premiers clients de la France en 2016. Le Botswana est seulement précédé par l’Inde (7,99 milliards), l’Arabie Saoudite (764,4 millions), Singapour (646,6 millions), l’Égypte (623,9 millions), le Canada (446,5 millions), l’Australie (351,9 millions) et les Émirats Arabes Unis (323,9 millions). C’est le missilier européen MBDA qui a décroché en 2016 le contrat le plus inattendu de cette ampleur en vendant au Botswana, qui est régulièrement placé au premier rang des pays africains en matière de gouvernance et de transparence, des systèmes de défense aérienne (Mistral et VL-Mica), selon des sources concordantes. Un armement qui est défensif. D’ailleurs le Parlement du Botswana a voté et adopté cette commande. L’année dernière, l’armée botswanaise a reçu un hélicoptère Super Puma d’occasion vendu par l’Espagne et 14 lance-missile français. Au total, les livraisons d’armes françaises se sont élevées l’an dernier à 8,5 millions d’euros (2,1 millions en 2015).
Des Gripen pour le Botswana?
L’armée botswanaise est également très intéressée par l’achat d’avions de combat suédois Gripen (entre 8 et 12) pour remplacer ses vieux F-5. Elle négocie actuellement avec le constructeur Saab cette commande tout en regardant des avions russes et chinois. Pour sa part, la France a accordé en 2016 quinze licences d’exportation aux industriels de la défense français (contre 5 en 2015). Soit un montant de 567 millions d’euros. On verra si les industriels français ont fait au Botswana une percée durable… ou un simple coup commercial.
3 – Communiqué après l’assemblée générale du GIFAS
L’Assemblée Générale du Groupement des Industries Françaises Aéronautiques et Spatiales (GIFAS) s’est tenue aujourd’hui à Paris sous la présidence de M. Eric Trappier, Président du GIFAS et Président-Directeur Général de Dassault Aviation. Dans son allocution, M. Eric Trappier a tout d’abord rappelé les bonnes performances de la filière aéronautique et spatiale qui a réalisé en 2016 60,4 Md€ de chiffre d’affaires (+4,1%), ce qui constitue un nouveau record. 78% de l’activité a été réalisé dans le civil et 86% à l’exportation. La filière a ainsi en 2016 de nouveau dégagé le premier solde excédentaire de la balance commerciale de la France avec +18,6 Md€. Les prises de commandes se sont élevées à 73,1 Md€. Il a également rappelé que cette progression masque une réalité contrastée avec certains acteurs de la filière en relative difficulté, comme les marchés des hélicoptères civils et de l’aviation d’affaires. Toute la filière a été concernée par cette progression d’activité : les systémiers, les motoristes, les équipementiers et les PME, ce qui constitue un véritable défi pour la supply chain qui doit s’adapter et a d’ores et déjà engagé des actions de renforcement et de compétitivité. M. Eric Trappier s’est aussi félicité des bons résultats de la dernière édition du Salon du Bourget 2017 qui vient de s’achever. Ce dernier fut une réussite commerciale avec 150 Md$ de commandes annoncées, ce qui constitue un record. «Cette 52ème édition a été un véritable succès dans tous les domaines : succès populaire bien sûr, mais aussi succès pour l’innovation, pour le nombre d’exposants, près de 2400 d’une cinquantaine de pays un record, pour le nombre de journalistes et de délégations de haut niveau. Il a également été une belle réussite commerciale. Notre Salon a montré de nouveau son incroyable attrait international. » a précisé le Président du GIFAS qui a rappelé que le succès du Salon a aussi été porté par deux évènements majeurs : Paris Air Lab et l’Avion des Métiers. « Paris Air Lab est un espace où le monde de la recherche, de l’innovation, des grands groupes, des ETI, des PME comme des startups s’est retrouvé pour présenter des projets souvent avant-gardistes. Au final, 50 000 visiteurs sont venus pour sa première édition. L’Avion des Métiers, dont c’est la troisième édition a connu un succès qui ne se dément pas. Cela a été l’occasion pour plus de 55 000 visiteurs, jeunes filles, jeunes gens en majorité, d’échanger avec des ingénieurs et des compagnons de nos entreprises et de découvrir la richesse et la diversité des métiers de notre industrie. » a-t-il ajouté. M. Eric Trappier a par ailleurs rappelé que « la profession n’a d’autre choix que d’innover » et a souligné le fait que l’industrie aéronautique et spatiale tient une partie de son succès du co-investissement Etat-Industrie. Il a ainsi plaidé pour la poursuite des travaux et des investissements du CORAC, le comité de Concertation pour la Recherche Aéronautique Civile, et pour un soutien public à la R&T à la hauteur de ses enjeux et défis. « Dans le contexte d’une compétition internationale exacerbée, avec l’arrivée de nouveaux entrants dans le secteur, le soutien public à la R&T est une condition décisive du maintien de notre industrie dans le peloton de tête. Une programmation pluriannuelle pérenne minimum de 150 M€ par an en est une condition indispensable ! » a précisé M. Eric Trappier. Dans le même esprit, il a confirmé l’absolue nécessité d’un budget de Défense revalorisé : «Nous serons particulièrement vigilants lors des prochains débats budgétaires. Je rappelle que nous soutenons un budget de la défense à 2% du PIB à l’horizon 2025. Ce chiffre fait consensus.» Le Président du GIFAS a enfin insisté sur le fait que la filière aéronautique a fortement progressé depuis une dizaine d’années, bénéficiant d’une forte augmentation des cadences de production. « La cohérence de la filière est aujourd’hui une priorité de notre stratégie. Or, elle est encore très fragmentée, très diversifiée et fragile face à une mutation profonde. Afin de parvenir à cet objectif, après le succès du programme Performances Industrielles, le GIFAS a lancé une phase 2. Je rappelle que Performances Industrielles a été conçu pour augmenter la performance opérationnelle de la supply chain en France, tout en améliorant les conditions de travail.» a-t-il précisé. M. Eric Trappier a enfin loué les efforts constants d’internationalisation du GIFAS et de ses membres, ainsi que la poursuite de la structuration de la filière spatiale française, leader européen grâce notamment au COSPACE qui renforce sa cohérence et sa compétitivité. Pour conclure, le Président du GIFAS s’est félicité de trouver, en prenant le 8 juin dernier la présidence du GIFAS, une filière solidaire, cohérente et structurée qui fait la force de l’industrie aéronautique et spatiale française. Il a très chaleureusement remercié son prédécesseur M. Marwan Lahoud, pour le magnifique travail accompli pendant ces quatre dernières années. Il a rappelé son engagement personnel à défendre à l’avenir les intérêts de la filière et de ses membres, et à la préparer aux profondes mutations à venir. Le nombre d’adhérents du GIFAS s’élève à 382 sociétés.
GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
1 – La cyberdéfense, menace permanente (La Tribune, Patrick Cappelli)
« La cyberdéfense est un domaine d’opération imbriqué dans les autres. Il n’y aura pas d’armée cyber, mais des structures partagées, car il n’existe pas de limite entre le civil et le militaire. À l’OTAN, nous avons des accords avec sept entreprises privées avec lesquelles nous partageons des informations. La révolution numérique est basée sur ce partage de l’information et le secteur privé va plus vite que l’État » analyse le général Denis Mercier, commandant suprême allié Transformation de l’OTAN. Pour l’ancien pilote de chasse, nous sommes passés d’un monde compliqué à un monde complexe. Une simple nuance sémantique ? Non, car dans un monde complexe « chaque paramètre à une influence sur les autres. Et l’accès du plus grand nombre aux technologies cyber ajoute encore à cette complexité » explique Denis Mercier. L’OTAN doit faire face à deux défis selon le général : répondre aux menaces cybernétiques et aux risques associés, et établir entre les membres de l’alliance un langage commun ainsi que des procédures collectives. La France, selon l’ancien chef d’état-major de l’Armée de l’air, est plutôt bien placée dans cette lutte contre les hackers. Mais, étonnement, ce ne sont pas les plus grosses nations qui sont les plus en pointe d’après Denis Mercier. L’Estonie, petit État balte de 1,5 million d’habitants, a regroupé toutes ses bases de données pour délivrer une carte unique à ses e-citoyens qui sert de pièce d’identité, à renouveler son permis de conduire en ligne, consulter son dossier médical, etc. L’OTAN s’est inspiré de l’expérience lettone pour son programme d’entraînement anti cyber attaque. L’alliance nord-atlantique va relier les capacités cyber de plusieurs des pays qui en font partie lors des manoeuvres militaires qui se déroulent en ce moment en Pologne. Avec pour la première fois un démonstrateur qui comparera la réponse à une menace cyber d’un seul pays à une réponse collective. Alliance défensive, l’OTAN ne s’interdit pourtant aucun type d’action en cas de crise. Éviter les trous dans la raquette La France, elle, a choisi de séparer action défensive et offensive pour éviter les conflits d’intérêts, avec l’ANSSII (autorité nationale en matière de sécurité et de défense des systèmes d’information) comme coordinateur des actions des ministères concernés. « C’est un rôle complexe, et c’est pourquoi nous avons regroupé géographiquement nos services et ceux du Centre d’analyse de lutte informatique défensive (CALID) du ministère de la Défense qui travaillent dans le même bâtiment et au même étage. Nous mutualisons tout ce qui est possible, avec l’espoir qu’en cas de crise majeure, nous puissions basculer facilement les compétences militaires et civiles vers les autres ministères : économie, intérieur, affaires étrangères. Il s’agit d’éviter au maximum les trous dans la raquette » explique Guillaume Poupard, directeur général de l’ANSSI. Reste une interrogation majeure en matière de cyber guerre : peut-on appliquer le droit international à des actions secrètes par essence et dont il est souvent difficile de retracer l’origine (hackers indépendants, états, agences de renseignements) ? « Un groupe d’experts de l’ONU a établi que le droit international s’applique dans le cyberespace » tranche Guillaume Poupard. En cas d’attaque cyber, chaque nation doit être capable de se défendre seule, même si des coopérations sont souhaitables pour contrer les ennemis communs. « On a besoin de construire de la confiance. Le Monténégro est devenu le 29e État de l’OTAN et il s’est immédiatement tourné vers nous pour être aidé lors d’une attaque récente » illustre Denis Mercier. Dans tous les cas de figure, la clé, c’est le délai de détection de l’attaque. « Il faut repérer au plus vite les traces d’une intrusion. Exemple avec celle qui a visé TV5 en avril 2015. La chaîne était une cible facile et pourtant, l’attaquant a dû entrer dans les systèmes deux mois avant de lancer son offensive » décrit Guillaume Poupard. Et même s’il est toujours compliqué d’avouer qu’on a été attaqué, les entreprises et organisations OIV (opérateurs d’importance vitale) ont l’obligation de prévenir l’ANSSI le plus rapidement possible. Et aussi de mettre en place des systèmes de surveillance, car, en matière de cyberguerre, la vraie question n’est plus « est-ce que je vais être frappé ? » mais quand.
2 – Frédéric Pichon : « L’Etat islamique renaîtra, sous une forme ou sous une autre » (Figarovox)
Pour Frédéric Pichon, avec la mort d’Al Baghdadi et la perte de Mossoul, « l’année 2017 sera celle de la fin de l’État Islamique ». Mais pour lui, l’islamisme et le terrorisme survivront à cette disparition
Frédéric Pichon est géopolitologue, spécialiste du Moyen-Orient. Auteur d’une thèse de doctorat sur la Syrie, il est l’auteur deSyrie, une guerre pour rien (éd. du Cerf, 2017)
FIGAROVOX.- Mossoul, la «capitale» de l’État islamique, a été reprise à l’EI par les forces irakiennes soutenues par la coalition internationale. En Syrie, Raqqa est en passe d’être reprise par les Kurdes. Est-ce la fin de l’État islamique?
Frédéric PICHON.- L’année 2017 sera celle de la fin de l’État Islamique. Né en Irak, il mourra en Irak… et renaîtra en Irak. Mais tandis que les efforts militaires se concentrent sur son cœur mésopotamien, la recomposition de la région qui est en cours annonce des années de soubresauts violents. Une chose est sûre: la question syrienne, le nationalisme kurde, le bourbier irakien et l’influence de l’Iran sont là pour des décennies. On se souvient que Mossoul fut prise en moins de quatre jours durant le mois de juin 2014 par une organisation qui disposait de nombreux soutiens au sein même de la ville. L’armée irakienne, peu aguerrie et surtout prisonnière des choix politiques désastreux du gouvernement al Maliki, apparaît comme une armée d’occupation face à des sunnites, qui depuis 2003, furent non seulement les grands perdants des décisions américaines mais aussi les victimes du sectarisme des nouveaux dirigeants irakiens, désireux de se venger de près de soixante-dix ans d’humiliations et de massacres à l’encontre de la majorité chiite. Même les forces sunnites-baptisées Sahwa- au nombre de 90000 combattants, qui avaient été associées dès 2006 par les Américains à la lutte contre les djihadistes, furent neutralisées par le gouvernement central chiite qui n’a jamais eu confiance en leur loyauté. Il faut bien comprendre que les tribus sunnites ont gravité durant toutes ces années par opportunisme entre Al Qaida, l’État Islamique et le gouvernement central au gré de leurs intérêts à court terme, en particulier financiers À Mossoul, l’État Islamique n’a pas eu besoin d’instaurer une dictature obscurantiste comme on se plaît par sensationnalisme à l’imaginer depuis l’Occident, à grand renfort d’informations spectaculaires. Certes, les exécutions publiques furent légion, la police de la charia existait bien, mais le véritable ordre était assuré par la notabilité préexistante des clans sunnites, à condition de se conformer a minima aux règles austères de Daech. Je ne dis pas que les populations y trouvaient entièrement leur compte mais au moins la relative probité de ceux qui étaient chargés de faire régner cet ordre tranche furieusement avec la situation précédente de corruption généralisée.
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3 – Armée française : des paroles aux actes, un choix crucial (Lettre de l’ASAF)
« J’ai voulu donner le premier rang aux armées françaises » |
Postures Le 8 mai, après avoir rejoint très symboliquement l’Arc de Triomphe en command-car pour présider la cérémonie du ravivage de la Flamme, le président de la République a rendu hommage aux soldats blessés en opérations à l’hôpital militaire Percy. Puis le 19 mai, il s’est fait présenter au Sahel les forces de l’opération Barkhane à qui il a tenu à « exprimer le salut et le respect de la Nation » ajoutant : « je ne risquerai pas vos vies pour rien, je respecterai les impératifs humains et techniques de l’outil militaire ». Enfin, sa récente plongée en SNLE au large de l’Ile Longue lui a permis d’afficher la place qu’il accorde à la dissuasion nucléaire. Ainsi le président de la République s’est affirmé comme le chef des Armées par des paroles et des gestes symboliques. Il ne peut en rester là et va devoir maintenant les traduire dans les faits par des choix et des décisions. Il lui faudra d’abord trancher très vite le « conflit » concernant le budget 2017 entre Bercy et le ministère des Armées et assurer que ce dernier ne se fera pas imputer les surcoûts OPEX et OPINT, soit 850 M € non budgétés, au prétexte du respect de la règle des 3% de déficit. Il lui faudra ensuite fixer le niveau de l’effort à consentir en 2018 pour amorcer l’indispensable remise à niveau de nos forces classiques (dissuasion, protection et projection) et initier l’effort de modernisation de la dissuasion nucléaire. Urgence Est-il utile de rappeler une fois de plus l’état de paupérisation de notre armée, comme n’ont cessé de le faire les chefs d’état-major des armées lors de leurs auditions devant les commissions de la Défense, relayés par de trop rares journalistes et par des officiers généraux en 2e section que le ministre précédent cherchait à faire taire au nom du devoir de réserve ? Les armées ont dû abandonner des capacités opérationnelles importantes, en principe temporairement, faute de moyens financiers ; elles sont utilisées depuis des années au-delà des contrats opérationnels pour lesquels elles sont dimensionnées ; elles usent leur matériel plus vite qu’elles ne peuvent le réparer et ne le modernisent pas aussi vite que la sécurité des hommes, l’efficacité au combat et leur âge l’exigeraient. L’armée est en situation d’appauvrissement accéléré et, à ce rythme, il ne sera plus possible de maintenir le niveau actuel de nos engagements, ni de reconstituer un ensemble de forces cohérent tant il est long et coûteux de restaurer des capacités militaires perdues, qui combinent souvent haute technologie, savoir faire individuels, entraînement et expérience opérationnelle. |
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