- ACTUALITÉS INTERNATIONALES
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ
Jacques Raimond
- ACTUALITES INTERNATIONALES :
- Thierry de Montbrial : « Kim Jong-U n est un vrai stratège, il sait ce qu’il veut »
- L’OTAN met en place une présence avancée adoaptée dans la région de la mer Noire
- Pourquoi le despotisme oriental n’est pas mort
- LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE :
- « La force de la dissuasion, c’est de vivre libre »
- Que fait l’armée française au Sahel ?
- Revue stratégique de défense et de sécurité une analyse lucide et volontariste pour préparer la prochaine loi de programmation militaire
- INDUSTRIE ET ÉCONOMIE :
- L’Empire des mille plateformes
- Alstom et la nouvelle politique industrielle française
- Ce n’est pas le pétrole qui disparaît, c’est la demande de pétrole
- GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ :
- Greenpeace tire un feu d’artifice depuis la centrale nucléaire de Cattenom
- Combien coûterait le retour du service national en France ?
- l’équation à quatre inconnues d’Angela Merkel
ACTUALITÉS INTERNATIONALES
1 – Thierry de Montbrial : « Kim Jong-U n est un vrai stratège, il sait ce qu’il veut » (Les Echos, intervivew)
L’Europe peut-elle retrouver un souffle ou bien est-elle sur la voie de la dislocation ?
On observe depuis plusieurs années que la mondialisation se traduit par deux phénomènes apparemment contradictoires : l’élargissement des espaces pertinents pour les décisions publiques, comme pour le climat où l’échelle nécessaire embrasse d’emblée les plus grands Etats ; et le mouvement inverse qui est la fragmentation. La cause de ces deux phénomènes est la même : la révolution des technologies de l’information et les bouleversements qu’elle entraîne dans les représentations territoriales. Il y a là une dialectique dans laquelle les Etats traditionnels, westphaliens, se trouvent mal à l’aise. Il est intéressant de rappeler qu’au XIXe siècle a fleuri toute une littérature sur la notion de la taille optimale des Etats. La question des Etats trop petits est en fait posée depuis longtemps.
Cela ne freine pas le mouvement indépendantiste catalan…
Chaque entité territoriale qui a eu un rôle dans l’histoire est tentée de se reforger une identité. Cela peut prendre des tournures passionnelles. Tel a déjà été le cas en Ecosse. Tel est aujourd’hui le cas en Catalogne. La formation territoriale de l’Espagne a été douloureuse, les plaies se sont souvent rouvertes. La tendance fragmentation/regroupement s’inscrit d’une façon propre à chaque pays. Aujourd’hui, on parle beaucoup d’indépendance mais dans le monde actuel la réalité est l’interdépendance ! Carles Puigdemont n’a jamais dit clairement ce qu’il entendait par l’indépendance. Son projet est idéologique. D’où l’affolement de beaucoup d’entreprises, les annonces de délocalisations, etc. On voit bien qu’à travers les entreprises d’un côté et les réactions européennes de l’autre, un principe de réalité se manifeste. Néanmoins, le mouvement de fragmentation pourrait se poursuivre. A long terme, même un pays comme la France pourrait se trouver un jour atteint. On sous-estime toujours les remontées de l’histoire, en particulier quand les choses vont mal. « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l’est à sa façon » : la phrase par laquelle Tolstoï commence « Anna Karénine » s’applique aussi aux peuples. Quand tout va bien, personne ne pense à l’histoire. Quand ça va mal, on la revit et on la transpose en discours identitaire.
On peut aussi aboutir à la conclusion inverse. Forts de l’enseignement du Brexit, les Catalans sont finalement contraints de reculer face à une aventure aussi risquée ?
Il est dans l’intérêt de tous que les indépendantistes catalans modèrent leurs ardeurs. Mais on ne peut jamais exclure les dérapages, les drames passionnels. Dans l’histoire, c’est souvent les hypothèses les plus improbables qui se réalisent. Ainsi en fut-il de la chute de l’Union soviétique en 1989-1991. En ce qui concerne la Catalogne, si l’Espagne parvient à franchir sans tragédie la passe actuelle, on peut imaginer ultérieurement un processus d’adaptation de la Constitution espagnole. Mais cela ne se fera pas à chaud. L’Espagne ira peut-être vers un fédéralisme mieux structuré. Il y a là une problématique plus générale dans l’Union européenne et dans le monde entier car les questions de partage de responsabilités dans les structures territoriales complexes est universel. J’ajouterai que le droit international est contradictoire : d’un côté, il y a l’interdiction de changer les frontières unilatéralement et, de l’autre, le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est au nom de ce principe qu’on a commis l’erreur, selon moi, de reconnaître le Kosovo comme un Etat. Ce principe est fractal et source de crises à répétition…
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https://www.lesechos.fr/monde/enjeux-internationaux/030701411053-thierry-de-montbrial-kim-jong-un-est-un-vrai-stratege-il-sait-ce-quil-veut-2121963.php
2 – L’OTAN met en place une présence avancée adaptée dans la région de la mer Noire (OPEX360, Laurent Lagneau)
En juillet 2016, lors d’un sommet organisé à Varsovie, l’Otan avait non seulement décidé de déployer quatre bataillons multinationaux dans la région de la Baltique mais aussi d’établir une « présence avancée adaptée » dans celle de la mer Noire, théâtre d’une importante activité des forces russes. Selon l’Otan, « cette présence requiert notamment un entraînement des forces terrestres au sein d’une brigade-cadre multinationale en Roumanie » et vise « à renforcer la posture de dissuasion et de défense de l’Alliance » ainsi qu’à « améliorer la connaissance de la situation, l’interopérabilité et la réactivité. » À l’occasion d’une séance de l’Assemblée parlementaire de l’Otan organisée à Bucarest, ce 9 octobre, le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg, a annoncé qu’une force multinationale venait d’être déclarée opérationnelle en Roumanie. « Nos déploiements sont une réponse directe aux actions agressives de la Russie en Ukraine », a fait valoir M. Stoltenberg, pour qui les « actions de l’Otan sont défensives, proportionnées et entièrement conformes » à ses « engagements internationaux. » « Nous sommes préoccupés par le renforcement de la présence militaire de la Russie près de nos frontières ainsi que par son manque de transparence, comme cela est le cas lors d’exercices comme Zapad 2017 », a insisté M. Stoltenberg. « Notre objectif est la paix, non la guerre », a, de son côté, assuré Klaus Iohannis, le président roumain. « Nous ne sommes pas une menace pour la Russie, mais il nous faut une stratégie alliée sur le long terme, il nous faut dialoguer à partir d’une position forte de défense et de dissuasion », a-t-il expliqué. Les détails relatifs à cette force multinationale, basée à Craiova, dans le sud de la Roumanie, n’ont pas été précisés. L’on sait juste que sa composante terrestre compte entre 3.000 et 4.000 soldats (soit une brigade), dont le gros des troupe est fourni par la Roumanie et la Pologne. D’autres pays devraient y contribuer, comme l’Allemagne, la Bulgarie, l’Italie et le Portugal. Dans le domaine aérien, le Royaume-Uni va déployer des Eurofighter Typhoon sur la base « Mihail Kogalniceanu », dans le sud-est de la Roumanie. Des CF-18 Hornet canadiens sont déjà à pied d’oeuvre. En outre, l’Italie a envoyé des Typhoon en Bulgarie. En février, l’Otan avait déjà annoncé une présence navale accrue en mer Noire, avec « des formations renforcées, des exercices et de la collecte de renseignement. » Ainsi, selon les explications données par M. Stoltenberg à l’époque, les rotations de navires devaient y être « de plus en plus fréquentes, tout comme les exercices menés conjointement avec les pays de la région. » À noter que les moyens déployés dans le cadre de cette présence « avancée » et « adaptée » viennent s’ajouter aux éléments de la défense antimissile de l’Otan installés en Roumanie, lesquels reposent sur le système AEGIS Ashore.
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http://www.opex360.com/2017/10/09/lotan-met-en-place-une-presence-avancee-adaptee-dans-la-region-de-la-mer-noire/
3 – Pourquoi le despotisme oriental n’est pas mort (Challenges avec Institut Thmas More, Jean-Sylvestre Mongrenier)
La crise nucléaire nord-coréenne est provisoirement éclipsée par le dernier tir balistique iranien, la proche décision de Donald Trump sur l’accord du 14 juillet 2015 et les agissements du régime chiite-islamique au Moyen-Orient. Serait-ce donc le calme avant la tempête ? En l’état des choses, la question nord-coréenne est dans une impasse, d’autant plus que cette crise oppose indirectement les Etats-Unis et la Chine, au péril de ce que Graham Allison nomme le « piège de Thucydide ». Les commentateurs se sont emparés de l’expression, en appellent à la prudence et font comme s’il s’agissait d’une affaire exclusivement sino-américaine. A contrario, il importe de comprendre que les alliés européens des Etats-Unis ne pourront pas s’abstraire de cette confrontation qui, outre sa dimension géostratégique globale, met aussi en question les valeurs universelles portées par l’Occident.
Le despotisme oriental n’est pas mort
Le « piège de Thucydide » désigne la situation d’affrontement dans laquelle se trouve une puissance régnante remise en cause par une puissance ascendante. Lorsque la première s’efforce de défendre le statu quo, la seconde entend bouleverser l’ordre des choses et imposer sa propre conception de l’ordre international. La suprématie mondiale n’étant pas un bien divisible, la situation s’avère tragique et menace de basculer dans la guerre. Auteur de Destined for War : Can America and China Escape Thucydide’s Trap (2017), Graham Allison se réfère à Thucydide, historien et contemporain de la guerre du Péloponnèse (431-404 av. J.-C.). « En fait, expliquait ce dernier, la cause la plus vraie est aussi la moins avouée : c’est à mon sens que les Athéniens, en s’accroissant, donnèrent de l’appréhension aux Lacédémoniens, les contraignant ainsi à la guerre » (trad. Jacqueline de Romilly, 1958). La période qui précède la guerre du Péloponnèse est en effet marquée par la transformation de la Ligue de Délos en un outil de l’impérialisme athénien, au point de débaucher les alliés de Sparte, confinée dans le Péloponnèse et sommée par Corinthe de contrer Athènes. Graham Allison recense quinze configurations de ce type dans l’Histoire universelle. A onze reprises, elles ont débouché sur des guerres hégémoniques venues scander les cycles de puissance des cités, empires et nations. Assurément, ce type de situation est à prendre au sérieux. Et l’auteur de prodiguer ses conseils de modération afin d’éviter une spirale infernale entre la démesure (« hubris ») de la puissance ascendante et la peur (« phobos ») de la puissance régnante. Encore faut-il bien comprendre qu’il ne s’agit pas là de simples erreurs de perception et de représentations distordues, un « dialogue » ouvert permettant de dissiper les « malentendus » entre ces compétiteurs. Dans le cas de la Chine contemporaine, l’ambition ne consiste pas seulement à s’enrichir. Le « léninisme de marché » n’a pas ouvert la voie au libéralisme et Xi-Jinping incarne une forme de néo-maoïsme. Les dirigeants de ce système, toujours communiste sur le plan politique, sont persuadés que leur heure est venue, le projet de « nouvelles routes de la soie » (« One Belt, One Road ») donnant la mesure de leur ambition. Bref, le despotisme oriental est bien vivant et il dispose de moyens sans précédent.
L’« Europe vénusienne » mise au défi
Il est illusoire de penser que les puissances occidentales de l’Ancien Monde, à savoir l’Union européenne et ses Etats membres, pourraient se soustraire au défi jeté par ce despotisme, voire de pratiquer un jeu de bascule entre Xi-Jinping, promu défenseur d’un monde ouvert, et l’Amérique de Donald Trump. D’une part, les ambitions chinoises ne sont pas limitées aux « méditerranées asiatiques » (les mers de Chine orientale et méridionale), ni même à l’Asie-Pacifique. Leurs effets parcourent le vaste ensemble spatial euro-asiatique et les pratiques déloyales d’un pays où les droits de la propriété, intellectuelle ou autre, ne sont pas garantis mettent à mal les économies européennes. Et si le conflit géopolitique auquel renvoie l’expression de « piège de Thucydide » dégénérait, ses conséquences directes et indirectes frapperaient de plein fouet l’Europe, « petite péninsule » occidentale de l’Eurasie. En d’autres termes, la mondialisation est un fait, tant sur le plan de la géostratégie que sur celui de la finance et du commerce. Aucune puissance, aucune grande zone, moins encore l’Europe au regard de sa dépendance à l’outre-mer, ne peut décider d’entrer ou de ne pas entrer dans le « jeu du monde ». L’« Europe vénusienne » portraiturée par Robert Kagan n’est donc pas dans un chimérique « ailleurs », mais elle doit faire face, d’autant plus que la Chine est l’élément le plus « lourd » d’une constellation de puissances révisionnistes qui comprend notamment la Russie et l’Iran. Cette esquisse d’un front anti-occidental est susceptible d’être élargie à d’autres Etats dont les dirigeants sont convaincus d’avoir à infliger une revanche historique aux puissances anciennement établies. Considérer la Chine et autres puissances révisionnistes comme des « actionnaires » du système international, simplement soucieux d’accroître leurs parts et d’exercer de manière responsable leurs nouveaux pouvoirs, s’est avéré faux.
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https://www.challenges.fr/monde/europe/pourquoi-le-despotisme-oriental-n-est-pas-mort_505349
LES ENJEUX DE LA DÉFENSE FRANÇAISE
1 – « La force de la dissuasion, c’est de vivre libre » (Défense.gouv.fr, prise de parole du ministre)
Le 5 octobre, la ministre des Armées, Florence Parly, a clôturé le colloque « Résistance et Dissuasion » à l’Hôtel de Brienne. L’occasion pour elle de réaffirmer la nécessité de maintenir la dissuasion nucléaire en tant que « clé de voûte de notre sécurité et la garantie de nos intérêts vitaux ». Placé sous le haut patronage du président de la République, ce colloque a été l’occasion pour la ministre de réitérer des messages forts sur la dissuasion nucléaire telle qu’elle existe aujourd’hui. Rappelant le rôle pionnier joué par la France dans la découverte de l’énergie nucléaire – à travers notamment les figures de Henri Becquerel et de Pierre et Marie Curie – mais aussi la décision du général de Gaulle de ne pas être dépendant de ses alliés en termes de sécurité et de défense, la ministre a énoncé clairement la position actuelle de la France sur la dissuasion. « Aujourd’hui, alors que de nombreuses nations modernisent de manière ostensible leur capacités de dissuasion et que la Corée du Nord accélère le développement de son propre programme nucléaire, la dissuasion nucléaire garde tout son sens« . La stratégie de dissuasion nucléaire doit donc être maintenue, « tout comme ses deux composantes complémentaires, océanique et aéroportée« . Elles seront renouvelées et un « effort financier y sera consacré au cours des prochaines années« .
2 – Que fait l’armée française au Sahel ? (Orient XXI, Mathieu Rigouste)
C’est en janvier 2013 que la France a décidé d’intervenir militairement au Mali. Cinq ans plus tard, l’instabilité s’est accrue dans tout le Sahel, et les groupes radicaux étendent leur influence. Si Paris renforce son pré carré et ses intérêts économiques, les peuples de la région paient le prix d’une guerre sans fin.. Un réseau de bases françaises quadrille actuellement la bande sahélo-saharienne, dans la continuité historique du « pré carré » français. Les interventions militaires occidentales en Irak en 2003 et en Libye en 2011 ont contribué au développement et au renforcement des groupes armés présents dans le Sahel. Constitués sur la misère et la discrimination politique, ethnique et sociale, ces groupes émergent en réaction à la corruption, à l’autoritarisme et à la violence des États sahéliens appuyés et soutenus par la France et les pays occidentaux1. C’est dans ce contexte que les troupes françaises sont envoyées au Mali en janvier 2013. L’opération Serval déploie 4 000 soldats en 48 heures avec pour objectif affiché de contrer ceux de ces groupes armés qui avaient pris le contrôle de la moitié nord du pays. La démonstration de force vaut label d’efficacité sur la scène internationale et une base est établie à Tessalit.
SANS MANDAT DES NATIONS UNIES
L’opération Barkhane vient alors remplacer Serval. Déclenchée le 1er août 2014 sans mandat des Nations unies et jamais validée par le Parlement, elle reste centrée sur le Mali en reconduisant les dispositifs mis en œuvre précédemment. Mais Barkhane étend aussi officiellement son quadrillage à la Mauritanie, au Niger, au Burkina Faso et au Tchad, en débordant officieusement au sud de la Libye et dans le nord du Nigeria. L’opération est légitimée publiquement par un accord de coopération de défense signé en juillet 2014, ratifié par l’État malien. Un groupement tactique interarmes (GTIA) déploie 1000 soldats depuis Gao tandis que la base principale du commandement des opérations spéciales (COS) — l’autorité opérationnelle qui rassemble l’ensemble des forces spéciales françaises sous les ordres du chef de l’État — est installée à Ouagadougou, au Burkina Faso. Au Niger, hub militaire international, une base pour les drones et les avions de chasse est implantée à Niamey et une base opérationnelle avancée des forces spéciales l’est à Madama. Au Tchad, le dispositif Épervier (1986-2014) est reconduit, l’état-major et son socle aérien sont déployés à N’Djamena et la base de Faya-Largeau est employée pour surveiller la Libye. La bande sahélo-saharienne dans son ensemble est ainsi soumise à la surveillance et aux interventions, émaillées de bombardements aériens, de l’armée française d’une part, mais aussi à la répression menée par les armées africaines contre les populations locales d’autre part. Des habitants dénoncent en effet des brutalités, des arrestations arbitraires et des disparitions lors de détentions secrètes de la part des troupes africaines appuyées par les forces françaises. Les soldats maliens sont notamment accusés d’extorsions et de tortures lors d’interrogatoires, rapporte l’Association malienne des droits de l’homme (AMDH) en mai 2017. Le commandement militaire des États-Unis en charge du continent africain, Africom, créé en 2007-2008 pour y développer leur présence, s’est également impliqué contre le « terrorisme » au Sahel et appuie l’initiative française, en particulier avec des moyens aériens de reconnaissance. Le 23 avril 2017, le général James Mattis, secrétaire à la défense, encourage publiquement la France à poursuivre ses opérations militaires au Sahel. Bien que concurrents en matière d’influence et d’intérêts économiques en Afrique, États-Unis et France se rejoignent pour maintenir un écosystème qui leur est favorable.
CONTRÔLER LES RESSOURCES ET GÉNÉRER DE NOUVEAUX MARCHÉS
La concurrence chinoise menace les intérêts énergétiques et commerciaux occidentaux en Afrique depuis le début des années 2000. Le Sahel abrite de grandes réserves pétrolières ainsi que des gisements d’uranium et d’or, mais aussi de gaz, de coltan, de cuivre, de grenats, de manganèse et de lithium, de minerais magnétiques et de « terres rares » (17 éléments chimiques indispensables dans de nombreuses nouvelles technologies comme les LED ou les éoliennes).
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http://orientxxi.info/magazine/que-fait-l-armee-francaise-au-sahel,2041
3 – Revue stratégique de défense et de sécurité (à télécharger sur défense.gouv.fr) une analyse lucide et volontariste pour préparer la prochaine loi de programmation militaire (Défense, DICOD)
La Revue stratégique a été présentée le 11 octobre dernier au Président de la République lors d’un Conseil de défense. La ministre des Armées, Florence Parly, l’a remise officiellement le 13 octobre au chef de l’État. Dans les prochains jours, elle sera présentée aux présidents des commissions compétentes des deux assemblées. Le président de la République a confié à la ministre des Armées, Florence Parly, le 29 juin dernier, la responsabilité de conduire une Revue stratégique de défense et de sécurité nationale. La Revue stratégique est destinée à fixer le cadre stratégique de l’élaboration de la prochaine Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, qui doit porter notre effort de défense à 2% du PIB à l’horizon 2025. Elle tire les leçons de l’évolution, depuis le Livre blanc de 2013, d’un contexte stratégique instable et imprévisible, marqué par une menace terroriste durablement élevée, la simultanéité des crises, l’affirmation militaire de puissances établies ou émergentes, l’affaiblissement des cadres multilatéraux et l’accélération des bouleversements technologiques. La Revue examine dans ce contexte les intérêts de la France, son ambition pour sa défense et en déduit les aptitudes prioritairement requises pour nos armées. Placée sous l’autorité de la ministre des Armées, cette Revue a été conduite par un comité de rédaction composé de 18 membres, représentants des institutions civiles et militaires et de personnalités qualifiées notamment issues de la société civile et présidé par Arnaud Danjean, député européen. Le comité a consulté un ensemble représentatif d’élus, de responsables publics et privés ainsi que de chercheurs, en France et à l’étranger, en particulier en Europe. Au bilan, le comité a auditionné ou s’est entretenu avec 140 personnalités françaises et étrangères et a effectué quatre déplacements à l’étranger (UE, OTAN, États-Unis, Allemagne et Royaume-Uni).
PRÉFACE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
La capacité militaire de la France est au coeur de notre ambition. Etre à la hauteur de ces ambitions exige des moyens financiers et humains. Mais cela exige aussi une vision stratégique. C’est pourquoi, dès mon élection, j’ai demandé à la Ministre des Armées de conduire une Revue stratégique de défense et de sécurité nationale venant étayer notre vision et alimenter une nouvelle loi de programmation militaire. La ministre s’est entourée pour cela d’experts reconnus qui ont travaillé en profondeur. Nous sommes entrés dans une ère de grandes turbulences. Pour la plupart, les risques et les menaces auxquels nous sommes confrontés ne nous étaient pas inconnus, mais leurs manifestations se sont accélérées, leurs effets se sont amplifiés et rapprochés. Leur accumulation traduit un affaiblissement du système international et l’émergence d’acteurs qui cherchent à le contester ouvertement.
La France et l’Europe se trouvent désormais directement exposées. Le terrorisme islamiste, qui a frappé notre sol, se propage à de nouvelles régions malgré nos avancées militaires. Sur la scène internationale, la menace d’une déflagration majeure redevient possible. Les affirmations de puissance et les régimes autoritaires émergent ou reviennent, tandis que le multilatéralisme semble s’effacer devant la loi du plus fort. Le cyberespace est le théâtre d’actions agressives régulières, aux conséquences potentiellement dramatiques. L’idée européenne même, projet de paix et de prospérité né des drames du siècle passé, est profondément ébranlée, par le Brexit, par la crise des réfugiés et par le doute qui naît dans nos populations sur la capacité de l’Europe à les protéger. Dans cet environnement qui remet en cause les certitudes et les repères de trois décennies, seule une France forte, maîtresse de son destin, peut apporter des réponses aux grandes crises contemporaines, promouvoir ses valeurs et faire valoir ses intérêts. Cette ambition ne peut se passer d’une diplomatie et d’une défense de premier plan, soutenues par une grande armée, forte et crédible, capable d’agir face à toutes les menaces et dans tous les espaces. C’est ainsi que nous conforterons notre place au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et que nous conserverons, dans l’ordre multilatéral qui doit prévaloir, la capacité d’initiative et d’action qui garantit notre souveraineté. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé le maintien de notre stratégie de dissuasion nucléaire et le renouvellement de ses deux composantes : elles sont la garantie ultime de nos intérêts vitaux, de notre indépendance et, plus largement, de notre liberté de décision.
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INDUSTRIE ET ÉCONOMIE
1 – L’Empire des mille plateformes (ZDnet, Frédéric Charles)
Sommaire : Une des tendances qui s’affirme depuis au moins ces cinq dernières années, c’est bien celle de la « plateformisation de l’économie », pour signifier que les entreprises, les applications et même les États veulent devenir des plateformes.
Une des tendances qui s’affirment depuis au moins ces cinq dernières années, c’est bien celle de la « plateformisation de l’économie », pour signifier que les entreprises, les applications et même les États veulent devenir des plateformes. Cette tendance sent le marketing à plein nez mais cache un fond de pertinence que nous nous proposons d’aller gratter avec ce billet. Ce concept de plateforme sent bon le marketing car certaines sociétés de technologies voudraient fortement vous suggérer, en engageant des budgets marketing importants, qu’il n’y aura qu’UNE plateforme, la leur, et qu’il faudrait rejoindre sans plus tarder les rives de ce nouveau continent de rêve au ciel bleu azur peuplé de belles amazones 😉 Désolé, mais le futur sera certainement moins uniforme, du moins on l’espère pour la poursuite de l’innovation qui est généralement inversement proportionnelle au nombre de fournisseurs.
L’État se rêve en plateforme
Commençons par l’État plateforme, un concept tiré d’un article célèbre du MIT (Government as a platform – Tim O’Reilly) et qui avait fait l’objet d’un billet un peu plus tôt dans l’année au terme de l’action dans le numérique du gouvernement précédent. Ce concept séduit visiblement toujours le gouvernement actuel puisque Mounir Mahjoubi, le nouveau secrétaire d’État au Numérique le reprend à son compte pour matérialiser le souhait d’avoir une Administration qui offre de meilleurs services numériques aux tiers (citoyens, entreprises, …) et peut facilement collaborer avec un écosystème. On retrouve ici en toile de fond le concept d’une plateforme facilitant la transformation numérique d’un État qui se voudrait plus agile, plus transparent et même plus efficace, si on fait le lien entre numérisation et efficacité. Les plateformes ont été exploitées avec succès par les GAFA et les BATX en Chine. On compare souvent leur puissance à celle des États, et leurs offres gratuites à des services qui pourraient bien être publics. De bons exemples sont Google/Waze qui a les données de transport les plus fraîches pour les villes, ou encore Facebook Safety Check utilisé maintenant à chaque attentat pour déclarer que l’on va bien. C’est donc certainement une bonne idée que les États s’inspirent de ces grandes entreprises du numérique pour réformer leurs services aux citoyens. Après tout ils les connaissent déjà très bien, peut-être même mieux que les États 😉 Mais c’est certainement une autre bonne idée pour l’État de ne pas vouloir tout faire lui même et de pouvoir impliquer, quand c’est plus rapide ou plus efficace, les citoyens et les services qui ont déjà atteint une maturité dans les populations plutôt que de repartir de zéro et malheureusement souvent de ne jamais les rejoindre. L’efficacité de l’application SAIP par exemple, créée par l’Etat et finalement moins riche fonctionnellement que le « Safety Check » pour les alertes attentats, a même été récemment critiquée par les sénateurs eux-mêmes.Le concept de plateforme est donc associé à la transformation agile des organisations et à la capacité de s’ouvrir à un écosystème de partenaires qui l’utilisent. On peut l’imaginer comme un porte avions bien organisé auquel les États ont certainement une tendance naturelle à s’identifier, sur lequel de façon très organisée, une flotte d’avions peuvent en partir ou y atterrir et effectuer des missions. Mais on peut préférer au contraire voir une construction plus « organique », comme la station Alfa de l' »Empire des milles planètes » pour ceux qui connaissent, dans la bande dessinée et maintenant le film Valérian & Laureline(pour la diversité !), la station spatiale où se retrouvent toutes les espèces de l’Univers.
La capacité à délivrer de nouveaux services à coût marginal
Si beaucoup de ressources sont mutualisées comme la gestion des autorisations, la sécurité, des moteurs de notifications voire des services génériques d’analyse de données, cela réduit les délais et les coûts de mise en œuvre des nouveaux services, pour atteindre un coût marginal.
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http://www.zdnet.fr/blogs/green-si/l-empire-des-mille-plateformes-39858366.htm
2 – Alstom et la nouvelle politique industrielle française (Télos, Elie Cohen)
À l’épreuve des faits – la reprise d’Alstom par Siemens – et dans l’urgence, le Gouvernement a dû élaborer un nouveau discours sur la politique industrielle. Considérons-le un moment avec bienveillance. Le gouvernement entend protéger les secteurs stratégiques, la construction navale comme l’industrie ferroviaire en font partie. L’État ne peut donc se désintéresser du sort d’Alstom ou de STX France. Ce n’est pas le marché qui peut dicter la spécialisation industrielle du pays, l’État doit veiller à la localisation sur le territoire national des activités, des emplois, des centres de recherche, des états-majors et même de la propriété intellectuelle. La question du contrôle du capital doit être traitée scrupuleusement afin que des décisions d’actionnaires, prises sur une base financière, ne viennent pas remettre en cause cet ancrage. En même temps, à l’ère de la globalisation, face aux empires chinois et américain, seule l’Europe est à la bonne dimension. Le patriotisme économique cocardier n’est pas à la bonne échelle, il n’est de souveraineté soutenable qu’à l’échelle européenne. Du reste, Emmanuel Macron veut inscrire cette dimension de la souveraineté économique et industrielle de l’Europe au cœur du projet de refondation. Il propose pour cela trois types de mesures : offensives, avec la relance des programmes de R&D communs ; défensives, avec une nouvelle politique antidumping et un procureur commercial européen ; protectrices, avec un CFIUS européen (Committtee on Foreign Investment in the United States) pour empêcher les Chinois de racheter les start-up technologiques européennes. L’outil, déjà testé avec succès, de cette coopération organique pour favoriser l’émergence de champions européens est celui d’Airbus. Il ne se passe plus de jour sans qu’un Airbus de l’armement terrestre, du naval civil, de l’énergie ou du ferroviaire ne soit évoqué. Dans le cas d’Alstom, après l’échec il y a deux ans de l’« Airbus de l’énergie » qui devait rassembler les activités de génération électrique d’Alstom et de Siemens, c’est l’Airbus du rail qui doit regrouper les activités mobilité ferroviaire de Siemens et d’Alstom. Comme les preuves d’amour importent autant que le mariage entre partenaires égaux et consentants, l’un se voit attribuer le siège social et le poste de PDG, et l’autre, une parité d’échange favorable et une majorité dans le capital et au conseil d’administration. Des promesses sont même échangées sur la pérennité des sites, le maintien de l’emploi et des projets de recherche. Le gouvernement enfin conscient de la nécessité de préparer l’avenir, notamment de l’intelligence avancée, de la robotique, des nanotech, des biotech… annonce en même temps une dotation de 10 milliards d’euros supplémentaires pour le high-tech, soit un montant annuel de 200 millions d’euros d’investissements. Ainsi le gouvernement accompagne la mutation des anciens champions nationaux de l’industrie, promeut les restructurations nécessaires à l’échelle européenne et prépare l’avenir tant au niveau européen – avec la proposition de création d’une agence pour l’innovation de rupture, ou DARPA européen (Defense Advanced Revearch Projects Agency) – que national.
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https://www.telos-eu.com/fr/economie/alstom-et-la-nouvelle-politique-industrielle-franc.html
3 – Ce n’est pas le pétrole qui disparaît, c’est la demande de pétrole (Causeur, Philippe Simonot)
Le prix du baril de pétrole, qui était de 1 dollar en 1972, est monté à près de 150 dollars en 2013, avec des projections qui le voyaient aller jusqu’à 300 dollars. Et le voilà retombé aujourd’hui aux alentours de 50 dollars. Pour expliquer une évolution aussi spectaculaire, il faut comprendre que le pétrole a été à un moment un prix politique, mais que la loi du marché a pris sa revanche. C’est que l’on ne viole pas sa loi sans conséquence. Quand un prix se situe durablement très au-dessus du coût de production – au début des années 1970, ce coût s’élevait à 10 cents par baril et il tourne aujourd’hui autour des 3 dollars au Proche-Orient –, un tel sur-prix a des effets tant sur l’offre que sur la demande qui viennent corriger la situation.
Le culte du pétrole
Ce qui a déclenché la première hausse, c’est la guerre du Kippour en 1973. La réunion entre l’Opep et les compagnies qui se déroulait à Vienne – à l’époque les compagnies étaient partenaires de l’Opep dans le cadre des accords de Téhéran – a été interrompue du fait du conflit. Et l’on s’est retrouvé à Koweït pour décider de l’embargo et du relèvement du prix du baril. Mais cette fois, nous étions en formation Opaep – Organisation des pays exportateurs arabes de pétrole – c’est-à-dire sans l’Iran, l’Indonésie ou le Venezuela. Les pays arabes se retrouvaient donc entre eux dans une ambiance tout empreinte de religion en plein ramadan. Je fus le témoin direct de cette réunion. Tous les participants n’étaient pas en djellaba – Bélaïd Abdessalam en particulier, le ministre algérien du pétrole, était en civil – mais tous priaient. On voyait à la télévision les images de la guerre et Sadate devant le Parlement proclamant prématurément la victoire sur Israël, tandis que le président algérien Boumediene, lui, annonçait par un télégramme qu’il mettait à sa disposition tous ses hommes au service de la cause. Et qu’elle était la cause ? C’était « les juifs à la mer ». Tous pensaient qu’ils finiraient par la gagner. On connaît la suite… L’embargo, quant à lui, était une rupture complète du contrat, et il a fait prendre conscience à tout le monde que le pétrole est une matière première complètement politisée et, dans le cas d’espèce, complètement « islamisée ». Le deuxième événement politique qui a influencé les cours est la révolution iranienne de 1979, d’inspiration elle aussi islamique, qui a encore majoré le prix. Par la suite, il s’est ensuivi une assez courte période d’accalmie troublée par la guerre Iran-Irak durant les années 1980, l’invasion du Koweït en 1990 puis l’invasion de l’Irak par les Américains en 2003, et en fin de période une flambée des prix dopée par la progression de la demande chinoise.
La théorie du « peak oil »
En réalité, la mainmise du politique sur le marché pétrolier était totale. Il y a eu une espèce d’alliance objective – pour ne pas parler de conjuration afin d’éviter de tomber dans le complotisme – entre les compagnies pétrolières, les écologistes et l’Opep. La manifestation de cette alliance a été la théorie du « peak oil ». Cette idée du « peak oil » se nourrit du fantasme que les réserves pétrolières sont connues et finies et que, par conséquent , chaque extraction de baril non compensée par de nouvelles découvertes de pétrole nous rapproche du jour où les réserves commencent à diminuer pour aller jusqu’à l’épuisement. En 1973, on parlait d’un horizon à 30 ans, ce qui amenait ce moment fatal à 2003. Or qu’a-t-on vu à cette date ? Rien naturellement. Cet horizon du « peak oil » ne cesse de reculer à mesure qu’on avance… Pour la bonne raison que le volume des réserves est inconnu. D’abord le calcul des réserves est en soi compliqué : reposant sur une probabilité établie sur les découvertes les plus récentes, il est sans cesse révisé. Ensuite et surtout, le montant des réserves dépend à la fois de la physique, des capacités technologiques et du prix que l’on est prêt à y mettre. Or les progrès peuvent être énormes, comme on l’a vu récemment avec l’extraction du pétrole de schiste. Ce dernier n’entrait pas jusque-là dans les calculs de réserve ! Le « peak oil » rentre naturellement dans la mentalité des écologistes qui considèrent qu’étant donné que la Terre est un monde fini, il faut arrêter la croissance. Et il s’est trouvé, comme toujours dans ces cas, des scientifiques stipendiés pour accréditer cette thèse. Quant aux compagnies pétrolières, elles-mêmes productrices de pétrole, l’idéologie du « peak oil » servait évidemment leurs intérêts, tant un prix du brut élevé augmentait leurs superprofits.
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https://www.causeur.fr/petrole-nouvelles-energies-arabie-demande-147100
GRANDS PROBLÈMES DE DÉFENSE
ET DE SÉCURITÉ
1 – Greenpeace tire un feu d’artifice depuis la centrale nucléaire de Cattenom (RFI)
La centrale nucléaire de Cattenom (Moselle) a été investie pour la première fois par des militants de l’ONG environnementale Greenpeace, dans la nuit du 12 octobre 2017
Un nouveau geste de défi de Greenpeace en France. Deux jours seulement après une mise en garde sur la sécurité des centrales nucléaires françaises, plusieurs militants de l’organisation écologiste se sont introduit sur le site de la centrale de Cattenom (Moselle) afin, disent-ils, d’alerter sur le risque autour des piscines de combustibles usagé. Et clou du spectacle, ils ont tiré un feu d’artifice. Deux jours après une mise en garde sur la sécurité des centrales nucléaires françaises, des militants de Greenpeace ont défié jeudi EDF en s’introduisant sur le site de la centrale de Cattenom (Moselle) afin d’alerter sur le risque autour des piscines de combustible usagé. « Les militants de Greenpeace sont de retour sur le site d’une centrale nucléaire afin de dénoncer les risques qui planent sur ces installations », a fait savoir l’ONG dans un communiqué après l’intrusion. EDF a reconnu une intrusion, mais affirme que les militants ont été rapidement stoppés. « Pas d’accès à la zone nucléaire. Pas d’impact sur la sûreté des installations », a tweeté EDF Cattenom. C’est la première fois que des militants de l’ONG pénètrent dans la centrale de Cattenom. L’alarme s’est déclenchée à 5h45 et l’intervention a eu lieu avant 6h, a précisé Georges Bos, directeur de cabinet de la préfecture de la Moselle, assurant que « les militants n’ont approché aucune partie sensible du site ». Selon la préfecture, les militants « se sont introduits dans l’enceinte extérieure » et « l’alerte a été aussitôt déclenchée et a permis au peloton spécialisé d’interpeller les auteurs dans des délais extrêmement courts ».
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http://www.rfi.fr/france/20171012-greenpeace-cattenom-centrale-nucleaire-feu-artifice
2 – Combien coûterait le retour du service national en France ? (Causeur, David W Versailles)
La Suède vient de rétablir la conscription à l’été 2017. En France, les débats sont récurrents sur le sujet. Ils sont issus de deux réflexions. La première considère le service national comme une solution éventuelle pour pérenniser la posture permanente de sécurité à installer face au terrorisme (avec les opérations Vigipirate ou Sentinelle). La seconde vise à retrouver la logique d’instruction civique du modèle de la Troisième République qui était basé sur l’école et le service national, les deux figures tutélaires de l’instituteur et du capitaine se complétant pour diffuser un message sur les valeurs de la République de Jules Ferry ou de Gambetta, les droits et les devoirs du citoyen. Cet article propose une analyse des coûts budgétaires du service national pour cerner les raisons qui rendent la fin de sa suspension peu crédible, voire impossible.
Le cadre démographique
Il est assez simple de se donner une idée des volumes associés à la conscription en France. En 2015, l’ensemble des militaires représentent 202 964 hommes et femmes, après des niveaux historiquement bas en 2012. En 1995, les appelés représentaient un volume de 212 500 jeunes gens, répartis entre les trois armées, la Gendarmerie, le service des essences et le service de santé. Les « spécialistes » (médecins, informaticiens, bouchers, menuisiers, mécaniciens, etc.) représentaient alors 52 000 personnes en année pleine. Ces chiffres sont à rapprocher d’une population totale française alors à peine inférieure à 60 millions d’habitants et 760 000 naissances, ou par classe d’âge (contre 67 millions et environ 785 000 naissances en 2016). Si le service national est décrié à l’époque, c’est pour trois raisons majeures : il frappe les jeunes Français de façon tout à fait inégalitaire ; il propose des « occupations » très peu attractives et le plus souvent fort peu connectées aux missions militaires réelles ; il est devenu très coûteux à l’institution militaire et au budget de l’État. Pour aggraver le tout, les politiques ont décidé de ne plus envoyer les appelés en opérations extérieures depuis la Guerre du Golfe (1991).
Quelques références de calcul
L’analyse budgétaire du service national suppose de prendre en compte plusieurs composantes. Les dépenses liées à ces opérations vont se répartir entre rémunérations (Titre 2 en jargon budgétaire) et coûts de fonctionnement (Titre 3) qui comprennent tous les coûts de formation et d’opérations. Il sera également nécessaire de prendre en compte les dépenses en capital (Titre 5) qui couvriront les coûts d’infrastructure et d’investissement. Toutes ces dépenses ne représentent pas les mêmes masses budgétaires. La rémunération des appelés a toujours été considérée comme dérisoire par les intéressés. Dans les années 1990, un appelé du contingent était « soldé » entre 100 et 150 euros par mois si on convertit les 450 à 750 francs de l’époque en euros courants 2017. À titre de comparaison, la loi française impose aujourd’hui une gratification minimale de 504 euros mensuels aux étudiants en stage. C’est la masse totale qui pose donc un problème budgétaire quand on multiplie par 212 000 garçons comme c’était le cas en 1995, et a fortiori par 425 000 si on enrôle les jeunes gens des deux sexes sous les drapeaux. L’enveloppe totale variera selon la durée du service. Le rapport parlementaire rédigé sur le service national en 1995-1996 par le sénateur Serge Vinçon faisait état de besoins d’encadrement pour chaque durée de service national « court » envisagé à l’époque : 8 500 militaires d’active « équivalents temps plein » pour l’encadrement de 25 000 appelés pendant un service militaire d’un mois, qui deviennent 17 000 ETP pour deux mois et 50 000 appelés, ou encore 25 000 ETP pour trois mois et 75 000 appelés. On notera que ces chiffres représentent moins de 10 % d’une classe d’âge (garçons et filles) aujourd’hui. À titre de comparaison, en 2015, les militaires du rang, sous-officiers et officiers de la Marine nationale représentent 36 331 militaires et ceux de l’Armée de l’air 42 607 militaires (source : « Bilan social de la Défense 2016 »). Sans entrer dans les détails précis d’une analyse par fonction et par grade, il est facile de comprendre que le besoin d’encadrement entraînerait de très forts besoins budgétaires (Titre 2). Pour se donner une idée des masses budgétaires relatives à la rémunération des engagés qui assureront l’encadrement et la formation des appelés, il faut se souvenir que les effectifs cités pour 2015 correspondent à des rémunérations à peine inférieures à 3 milliards d’Euros pour l’Armée de l’air et un peu plus de 2,5 milliards pour la Marine nationale.
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https://theconversation.com/combien-couterait-le-retour-du-service-national-en-france-83234
3 – l’équation à quatre inconnues d’Angela Merkel (Télos, Daniel Vernet)
Plus de deux semaines après les élections au Bundestag, la vie politique allemande est suspendue à un scrutin régional en Basse-Saxe qui semble concentrer toute l’attention des partis politiques. La grande coalition entre les chrétiens démocrates et les sociaux-démocrates vit ses derniers jours et expédie les affaires courantes mais les préparatifs pour une nouvelle coalition n’ont pas vraiment commencé. Le SPD qui, avec l’ancien président du Parlement européen, Martin Schulz, a enregistré son plus mauvais résultat depuis le début de la République fédérale en 1949 (20,5% des voix), s’est décidé pour une cure d’opposition. Politiquement – si l’on coupe l’omelette par les deux bouts, Die Linke à l’extrême-gauche, et l’AfD, à l’extrême-droite – et arithmétiquement, il n’existe alors qu’une seule constellation possible : la coalition dite « jamaïcaine » aux couleurs du drapeau de la petite République des Caraïbes, noire pour la démocratie chrétienne, jaune pour les libéraux (FDP) et verte pour les écologistes. Cette formule, inédite au niveau fédéral – elle a échoué en Sarre et goûte l’euphorie des débuts au Schleswig-Holstein –, a de bonnes chances de voir le jour, mais le nouveau gouvernement allemand ne devrait pas être en place avant la fin de l’année.
D’interminables palabres
Le calendrier est à peu près fixé. Après les élections régionales de Basse-Saxe commenceront les « sondages » entre les partis concernés. On ne sait pas encore si, à ce stade, tout le monde parlera avec tout le monde ou si les « sondages » auront lieu sur une base bilatérale. Puis viendra le temps des négociations proprement dites pour la mise au point d’un accord de gouvernement censé durer quatre ans. Les Verts ont déjà composé leur délégation qui ne compte pas moins de quatorze membres représentant toutes les tendances du parti. À chaque étape, selon les statuts des différentes formations, les instances dirigeantes ou des mini-congrès, voire des consultations des adhérents, seront appelés à entériner sur les résultats obtenus. L’accord de gouvernement qui devrait sortir de ces interminables palabres sera inévitablement un compromis entre les positions des différents partis. Apparemment, il y a trois protagonistes : la démocratie chrétienne, les libéraux et les Verts. Mais l’apparence est trompeuse. Angela Merkel doit en réalité résoudre une équation à quatre inconnues. La CSU, l’avatar bavarois de la démocratie chrétienne, se comporte en fait comme un parti indépendant de la CDU. Menacée sur sa droite par les populistes de l’AfD, elle risque de perdre au Parlement régional de Munich la majorité absolue qui est sa raison d’être. Dans les négociations pour la formation du gouvernement fédéral, elle réclamera un coup de barre à droite et pourrait être pour la chancelière un interlocuteur plus coriace que les libéraux et les écologistes réunis. Avant de commencer les « sondages », il faut voir si la CDU et la CSU sont « toujours des partis frères sur le fond de la politique », a déclaré le chef des députés CSU au Bundestag, qui est encore par ailleurs ministre des Transports. En fait, les dirigeants bavarois n’ont qu’une obsession, la fixation d’un « plafond » au nombre de réfugiés que l’Allemagne pourrait accepter chaque année. Depuis 2015, ils se heurtaient à un refus d’Angela Merkel. Avant d’entamer des négociations avec les autres partis, CDU et CSU ont trouvé un compromis : l’Allemagne accueillera 200 000 réfugiés par an, sauf si des circonstances exceptionnelles exigent qu’elle en reçoive plus. C’est ce qu’Angela Merkel a appelé « résoudre la quadrature du cercle ».
Le Canada, modèle pour l’immigration
A priori les positions des libéraux et des Verts sur l’immigration sont aussi aux antipodes. Les premiers veulent durcir les conditions de l’asile pour les réfugiés et n’accepter que des migrants hautement qualifiés. Les écologistes, qui ont soutenu l’ouverture des frontières décidée par Angela Merkel, plaident pour une politique migratoire « humaniste ». Tous pourraient toutefois se retrouver autour d’une loi sur l’immigration inspirée du modèle canadien. Un autre point de désaccord entre le FDP et les Verts que la chancelière devra arbitrer concerne la politique fiscale. Ce sujet avait été au cœur des dissensions entre les démocrates chrétiens et les libéraux dans la coalition « bourgeoise » présidée par Angela Merkel entre 2009 et 2013. Le FDP s’est toujours présenté comme le « parti de l’économie et de l’entreprise ». Il plaide pour des allègements fiscaux allant de 30 à 40 milliards d’euros par an jusqu’en 2021, notamment pour les contribuables les plus aisés, rendus possibles, selon lui, par les recettes supplémentaires attendues. Le chef du parti, Christian Lindner, 38 ans, est candidat pour le poste de ministre des Finances. Celui-ci vient opportunément de se libérer, son détenteur actuel Wolfgang Schäuble devant accéder à la présidence du Bundestag. Les Verts ne sont pas opposés à une baisse de la fiscalité à condition qu’elle profite aux familles. Ils ont abandonné leur revendication d’un impôt sur la fortune dont même la gauche du parti ne parle plus. Cette gauche qui avait fait échouer une coalition a vec la CDU-CSU en 2013. Les rentrées fiscales étant florissantes, une baisse des impôts fait l’unanimité. Seul le montant diffère. La CSU aussi plaide pour 30 milliards. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble étaient d’accord pour 15 milliards. Ce ne sera pas un casus belli.
Les libéraux, de l’euro-enthousiasme à l’euroscepticisme
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