ROBERT-CHARLES SURCOUF

Pourquoi ne pas revenir un peu sur l’histoire de Robert-Charles Surcouf auquel notre revue a emprunté son nom pour en magnifier son ESPRIT au service de la France.

Embarqué dès l’âge de 13 ans, il devient ensuite capitaine corsaire. Il harcèle les marines marchandes et militaires britanniques, non seulement sur les mers de l’Europe, mais aussi sur celles de l’Inde. Ses activités le font reconnaître – il est nommé membre de la Légion d’honneur  (14 juin 1804) – et l’enrichissent. Il devient l’un des plus riches et puissants armateurs de Saint-Malo et un prospère propriétaire de 800 hectares de terrain.

Né le 12 décembre 1773 à Saint-Malo, mort le 8 juillet 1827 à Saint-Servan (près de Saint-Malo).

 

UN CORSAIRE AU SERVICE DE LA FRANCE

Capitaine corsaire à vingt ans, Surcouf va commander successivement plusieurs bâtiments: l’ Émilie, le Cartier, la Clarisse, la Confiance et le Revenant. Il effectuera des dizaines de combats et par deux fois, il fera front à deux contre un : en février 1799 contre l’ Anna-Maria et le Coturbok puis en janvier 1800 contre la Louisia et le Mercury . Il totalisera entre 1795 et 1801, puis 1807 et 1808, pas moins de 44 prises dont deux – le Triton et le Kent – entreront dans la légende

À BORD DE LA CONFIANCE : 1800 – 1801

La Confiance est une frégate de 24 canons lancée en 179922. Parti le 10 mai 1800 de l’Ile-de-France, il ne lui faut pas plus d’un mois et demi pour faire une première prise : un trois-mâts américain l’Alknomack, jaugeant 350 tonneaux et nanti de 14 canons . Il n’y eut pas de bataille. Si les deux coups de semonce du corsaire laissèrent de marbre l’Alknomack, les trois coups de canons à boulet qui suivirent, plus explicites, incitèrent l’équipage à se rendre sans combat.

Septembre 1800

Fin septembre 1800 sera une période chargée : le 19 septembre, le Praise, un trois-mât de 800 tonneaux, est arraisonné. Le 22 septembre, c’est le tour d’un brick anglais dont on ignore le nom et le tonnage. Le 24 septembre, l’Harriet et ses 400 tonneaux connaît le même sort. Le 26 septembre, un brick danois croise le chemin de Surcouf et son équipage. Délesté de sa cargaison de riz, le Danois se voit confier les prisonniers anglais qui venaient d’être capturés. Enfin, le 30 septembre, le Tiger et ses 500 tonneaux achève pour ce mois la période de course.

Octobre 1800

Le 2 octobre, l’Union et ses 450 tonneaux tombent dans l’escarcelle de Surcouf. Le 4 octobre voit la prise de deux navires : la Charlotte de 400 tonneaux et la Rebecca de 450 tonneaux.

 

LE 7 OCTOBRE, SURCOUF RENTRE DE SON VIVANT DANS LA LEGENDE AVEC LA PRISE DU KENT.

Navire anglais de type indiaman, il appartient à la Compagnie anglaise des Indes orientales. Son tonnage est presque le triple de celui de la Confiance, soit 1200 tonneaux. Il aligne 38 canons de calibres divers face aux 24 canons de la Confiance, tous de calibre inférieur à ceux du Kent. Enfin, côté anglais, on compte 400 hommes tandis que les Français n’en ont que 160.

À l’aube du 7 octobre, les deux navires s’aperçoivent. Certain de sa supériorité, le capitaine anglais convia ses passagers au « spectacle », lequel durera moins de deux heures. Après une course-poursuite nautique où Surcouf se montra plus fin stratège que son adversaire, la Confiance put accoster le Kent, permettant ainsi son abordage. En dix minutes – les Anglais affirmeront 20 – après un combat acharné, l’affaire sera réglée. Il en résultera pour les Anglais, bien que trois fois supérieurs en nombre, une perte humaine quatre fois plus nombreuse que celle des Français, lesquels compteront dans leurs rangs entre 3 et 5 morts et de 6 à 13 blessés.

Le combat achevé, Surcouf arrêtera immédiatement le début de pillage de ses hommes et veillera à ce que les passagères ne subissent aucun outrage. De cette prévenance naîtra une véritable amitié entre Surcouf et l’époux de l’une d’elle – une princesse d’origine allemande mariée au général Saint John.

Puis la Confiance et le Kent, dont le commandement fut confié à son second, le capitaine Drieux, feront route vers l’île de France où ils arriveront en date du 16 novembre 1800. La vente du navire ainsi que sa cargaison sera estimée à 100 000 piastres, soit 100 millions de livres. À la suite de quoi la Confiance sera désarmée puis chargée de marchandises, prenant la direction de la France et atteignant La Rochelle le 13 avril 1801.

La prise du Kent est racontée, selon la tradition, par le texte de la chanson de marins Au 31 du mois d’Août.

 

BILAN TOTAL DES COURSES DE 1798 A 1801

Au total, entre les prises de la Clarisse au montant estimé (à minima) à 264 millions de livres, et celles de la Confiance évaluées à 200 millions de livres (dont 100 millions rien que pour le Kent), Surcouf peut se flatter d’avoir amassé près de 500 millions de livres.

Quant à gêner l’ennemi, premier but de la course, le résultat sera dans ce domaine tout aussi positif : prime au montant record pour qui capturerait Surcouf, hausse des tarifs d’assurance, et installation de filets anti-abordage sur les navires anglais. Consécration suprême : le nom de Surcouf aurait été utilisé comme équivalent du croquemitaine par les mères pour calmer les petits Anglais trop turbulents.

Pour lire le billet du N° 52 du 26 mars : ESPRITSURCOUF.fr, cliquez ICI.

 


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