Entre commémoration
et surenchère …
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Pascal Le Pautremat
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf
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Il y a quelques semaines, le commandant en chef de l’armée ukrainienne, Valeri Zaloujny, reconnaissait que son armée avait finalement échoué dans l’atteinte des objectifs que la contre-offensive s’était fixés depuis juin dernier. Et d’estimer qu’il faudrait que l’Ukraine puisse disposer, à l’avenir, d’une nouvelle arme susceptible de renverser le rapport de force et de permettre la reprise d’un certain ascendant sur la Russie. Quoiqu’il en soit, cette dernière redouble actuellement d’efforts pour accroître sensiblement les productions de son industrie de défense. Les usines de fabrication de véhicules de combat fonctionnent à plein régime, au point que, selon diverses sources ouvertes, ce ne sont pas moins de 600 blindés qui devraient sortir des ateliers en décembre. À moyen terme, cela donnera lieu à un ensemble conséquent, destiné à reconstituer des régiments de chars et des unités mécanisées…
Cela laisse présager, dans quelques mois, le risque d’une nouvelle surenchère dans le conflit russo-ukrainien.
Avec près de huit années de hausse consécutive, le commerce des systèmes d’armes et d’équipements divers ne s’est jamais aussi bien porté, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Il connaît ainsi une nouvelle croissance en 2022, avec 3,7 points supplémentaires , soit un montant global de 2 240 milliards de dollars. Les Etats-Unis se placent en fournisseurs de choix, assurant à eux seuls, près de 40% des exportations mondiales.
C’est tout de même une particularité constante autant que cynique de notre monde. D’un côté, on commémore le 11 novembre (1918), le 8 mai 1945, par le sang versé ; on soutient les blessés et invalides de guerres, les victimes de conflits, avec une réelle empathie. De l’autre, on excelle dans l’affinement des moyens de tuer massivement et de manière la plus expéditive qui soit…
Lors d’une messe du Souvenir pour le 11 novembre, dans une commune de Loire-Atlantique, le prêtre rappela l’une des notifications du Concile du Vatican de 1962. Déjà, l’époque, les évêques mettaient en garde quant à l’avenir, estimant que si les êtres humains étaient incapables de trouver des solutions constructives aux dangers de leurs sociétés (guerres, crises sociales), ils ne pourraient alors obtenir leur salut que dans la mort, qui viendra ainsi conclure en somme, la longue incapacité de l’Humanité à dépasser ses faiblesses, ses manquements, son arrogance à se remettre en question de manière significative autant que massive.
Il est, en tout cas, grand temps, d’inverser la donne, avec des hommes et des femmes de bonne volonté… Car la tâche est immense.
En attendant, nous avons sans doute encore le temps de sortir quelques numéros d’Espritsurcouf, sur fond d’espoir…
Pour ce numéro 225, je vous invite à lire le texte de Christian Frémaux qui s’interroge sur la posture des uns et des autres, à géométrie variable, vis-à-vis des principes policiers et de la liberté de ton comme de parole : « Suis-je un idiot intolérant mais heureux ? » (Rubrique Humeurs).
Compte tenu de la poursuite de la guerre russo-ukrainienne, Jean-Claude Allard, pour sa part, nous offre une synthèse et un état des lieux de ce conflit hybride, dont nous publions, dans ce numéro 225, la première partie « Guerre en Ukraine : un nouvel ordre mondial ? » (rubrique Géopolitique).
Xavier Raufer, au regard de la nouvelle phase de tensions au Moyen-Orient, dresse un état de lieux avec un avis ferme : « Gaza, Israël, Moyen-Orient : l’avenir d’un conflit » (rubrique Sécurité).
Sur fond du 105ème anniversaire du 11 novembre, André Dulou, nous relate le contexte de la mise en place de la sépulture réservée au soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe : « Soldat inconnu » (rubrique Histoire).
Enfin, sa Revue d’actualité, avec un angle conséquent dédié à la défense européenne, vient parachever ce nouveau numéro d’Espritsurcouf qui attire toujours plus de lecteurs. Merci pour votre fidélité.
En matière de parution, André Dulou reste à l’honneur pour son septième roman, Amitiés immobiles, qui vient de paraître aux éditions Edilivre. Un roman d’aventures qui met en avant une femme issue d’X et de Saint-Cyr, qui saura relever les défis de moults missions, entre sécurité civile et lutte contre le terrorisme, sans oublier son rôle de mère. Une femme combattante, en somme, qui assume pleinement son rôle. La vie ne lui épargne ni les difficultés ni les occasions de relever des défis et de servir par altruisme et dévouement.
Bonne lecture
(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF. Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF. |
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