Donner la vie en service commandé

Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf

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Au regard des déclarations fermes de l’Élysée, reprises et ânonnées par certains journalistes, sans prise de recul et analyse critique, il est donc vivement recommandé aux jeunes adultes ou même aux trentenaires et quarantenaires, de se pencher sérieusement sur leur mission de procréation au nom d’un réarmement démographique qui devient soudainement un impératif national…et européen d’ailleurs puisque les mêmes discours fleurissent ici ou là…

Les motifs sous-jacents renverraient-ils à la crainte du retour à la guerre de haute intensité en Europe et à la probabilité de son extension à notre propre pays ? Ou est-ce au nom de la solidarité avec ceux de nos voisins, hypothétiquement visés dans 20 ans ou 30 ans, qu’il faut envisager de fournir à nouveau des contingents destinés à la guerre de masse, renouant ainsi avec celles du siècle dernier ?

Conjointement, cette fracassante démarche de l’Exécutif serait-elle justifiée par la nécessité de financer les retraites, en vertu de notre modèle social présenté comme en péril ?

En fait, ce débat n’est pas nouveau ; il est même récurrent.

Au-delà des considérations idéologiques, donner la vie des enfants devrait répondre d’abord et avant tout à l’envie consciencieuse d’être parents, de donner de l’amour à sa progéniture. Cela ne devrait nullement être motivé par des questions mercantiles, économiques liées à l’ultralibéralisme, ou encore pseudo-guerrières.

Le conditionnement collectif est en tout cas lancé et l’on va devoir entendre et observer des appels en ce sens, sur fond de soft power, pour favoriser un sursaut de natalité.

Heureusement, les Femmes, principales intéressées, n’ont pas manqué de dénoncer, via diverses associations, le caractère déplacé, irrespectueux et même insultant de cette posture officielle, brutale même, à leur égard. Et nombre d’entre elles refusent de devenir des outils de reproduction politisés.

Nous l’avons souvent rappelé à maintes reprises dans nos colonnes : nous sommes en surpopulation planétaire. Nous tendons, à la fin de ce siècle, vers la présence de 9,5 à 11 milliards d’individus selon les diverses projections retenues, contre un milliard de terriens en 1800.

Or, preuve d’ailleurs que la propagande des pro-natalistes intervient déjà, certains n’hésitent pas à mettre en doute les estimations de l’ONU, en affirmant qu’à la fin du siècle, la population mondiale serait de 4 milliards d’individus du fait de l’effondrement rapide des taux de natalité dans le monde entier.

Si cela devait être le cas, ce sera encore excessif, mais sans doute source d’apaisement pour nombre d’écosystèmes, d’espaces naturels, extrêmement amoindris, victimes de la surexploitation, de l’urbanisation et de l’artificialisation des sols qui n’ont fait que s’accentuer depuis le milieu du XXe siècle.

Alors, un peu de réalisme, de prise de conscience individuelle et collective et surtout d’humilité face aux enjeux universels, loin des discours dogmatiques.

Dans le présent numéro, nous vous proposons de retourner en Chine et d’étudier de près le Yunnan, province stratégique située aux portes de la Birmanie, du Laos et du Vietnam, grâce à l’article de Ariane de Pompignan, « Le Yunnan, pivot de l’ambition chinoise en Asie du Sud-Est » (rubrique Géopolitique).

Comme la passionaria semble encore s’emparer de certains milieux politiques pour relancer le sempiternelle débat – conflictuel – quant à l’acceptation de l’enseignement privé, nous vous proposons un regard historique sur la loi de 1905 qui acte la séparation de l’Église et de l’État… Où l’on rappellera qu’Émile Combes, Président du Conseil entre 1902 et 1905, en fit un affaire personnelle faute d’avoir pu devenir lui-même prêtre dans ses plus jeunes années…(Pascal Le Pautremat : « 1905 : La séparation de l’Église et de l’État », (1ère partie, rubrique Histoire).

Sur le champ conflictuel et sécuritaire, on retiendra d’abord les deux articles d’Anatole Lhermite consacrés à la question russo-ukrainienne. Il revient ainsi sur le dernier trimestre 2023 pour dresser le bilan des opérations russes sur un front qui s’est sensiblement figé. Ensuite, il se penche sur le devenir de l’Ukraine en 2024, et offre ainsi quelques éléments de prospective (rubrique Défense).

Enfin, Xavier Raufer explique pourquoi la criminalisation en France semble mal cernée par les autorités françaises et les acteurs administratifs (rubrique Sécurité)

André Dulou, pour sa part, dresse une nouvelle Revue d’actualité en insistant sur le thème de l’excellence scolaire en corrélation avec la dualité Public/Privé savamment entretenue par certains milieux, et que notre auteur met en lumière à l’occasion de la crise récurrente du monde agricole.

Dans le dernier SEMAPHORE n°54 du 19 janvier (dont l’intégralité, avec sa revue de presse, est réservée et adressée aux adhérents à Espritcors@ire), André Dulou, suite à la conférence de presse du Président de la République, chef des armées, attire d’ailleurs notre attention sur un point majeur : « Mettre ses valeurs en action ! Forces morales »

Quant à l’ouvrage mis en avant, Le Temps des loups. L’Allemagne et les Allemands (1945-1955), d’Haral Jähner, il relate ces dix années qui voit l’Allemagne repartir à zéro, au milieu d’un territoire pays en ruines, entre des millions de personnes déplacées, quatorze millions de réfugiés et d’expulsés des territoires de l’Est, et dix millions de travailleurs forcés et de détenus libérés, sans compter les millions de prisonniers de guerre qui parviennent, in fine, à rentrer chez eux.

Enfin nous remercions tous ceux et celles qui ont adhéré à Espritcors@ire pour permettre à ESPRITSURCOUF de continuer à exister. Grâce à eux, nous approchons de l’objectif que nous nous étions fixés pour la fin du mois de janvier.

Début février, nous vous informerons de nos perspectives d’édition.

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Bonne lecture

Pascal Le Pautremat

 

(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF.
Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.

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