Du choc au clic …
comment la violence circule par l’image

Laure Fanjeau (*)
Responsable recherche / développement et communication digitale

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En France, les réseaux sociaux sont devenus une fenêtre ouverte sur le monde, mais aussi le reflet de la violence quotidienne. Les jeunes y sont exposés à une multitude d’images brutales et choquantes : bagarres filmées entre les élèves, scènes de harcèlement, ou encore contenus liés à des actes violents en France et à l’étranger. Cette banalisation visuelle de la violence peut désensibiliser, choquer ou même influencer les comportements. Face à cette réalité, parents, éducateurs et plateformes doivent redoubler de vigilance pour protéger les jeunes esprits  et encourager un usage plus responsable du numérique.

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La vidéo de la semaine mise en avant par Espritsurcouf revient sur « la violence pulsionnelle et violence totalitaire » avec le neuropsychiatre Boris Cyrulnik.

La violence a toujours existé. Elle est partie intégrante de l’être humain. En chacun de nous existe une violence pulsionnelle, que nous jugulons. Toutefois, certains en arrivent à une violence sans frein, une violence qui s’exprime parfois dès le plus jeune âge, à la crèche, à l’école, à la maison et/ou dans la rue. D’où vient cette violence ? Quelles en sont les sources ? Et comment en arrive-t-on à la violence totalitaire ? C’est de cela dont nous parle mon prestigieux invité, Boris Cyrulnik. Boris Cyrulnik est neuropsychiatre. Il est l’auteur, chez Odile Jacob, de nombreux ouvrages qui sont tous d’immenses succès, tels que « Sauve-toi, la vie t’appelle », « La nuit, j’écrirai des soleils », « Des âmes et des saisons » et « Le Laboureur et les Mangeurs de vent » ou encore celui sur lequel porte cet entretien « Quarante voleurs en carence affective : bagarres animales et guerres humaines ». 

Pour visionner la vidéo, cliquez ICI

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A travers les deux podcasts de la semaine, Espritsurcouf vous invite à réfléchir sur la violence diffusée par et à travers les images sur les réseaux sociaux.

Les jeunes face à la violence des images sur les réseaux sociaux;

rfri –  

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Conflit israélo-palestinien, guerre en Ukraine, assassinat du professeur de français à Arras, des images violentes inondent les réseaux sociaux… et sont également vues par un public jeune. Des vidéos d’enlèvements, de cadavres sous les décombres ou encore d’otages circulent particulièrement sur X, anciennement Twitter, qui ne modère presque plus sa plate-forme. Difficile d’y échapper lorsqu’on a un téléphone portable. RFI est allée à la rencontre des premiers concernés, les jeunes eux-mêmes, assez lucides sur cette exposition à la violence

Pour écouter le podcast, cliquez ICI
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La violence des images

France Culture –  29/

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La profusion d’images numériques circulant sur les réseaux sociaux constitue une ressource infinie pour les chercheurs, pour les journalistes et pour les enquêteurs. Elles ont d’abord été exploitées par les services de renseignement – d’où leur dénomination d’Open source intelligence (par opposition aux sources fermées, obtenues par un travail d’infiltration et de recrutement), désignées par leur acronyme OSINT. Mais le travail à partir de ces images s’est rapidement émancipé du monde du renseignement pour constituer une nouvelle forme de vérité : « l’enquête OSINT » ; celle-ci renouvelle le travail journalistique, suscite de nouvelles ONG comme Belingcat et transforme également la preuve judiciaire. …

Pour écouter le podcast, cliquez ICI

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Le livre de la semaine nous invite à nous interroger sur « L’océan en 100 questions »

L’Océan est-il le maître du climat ? Quelle est l’importance des récifs coralliens ? Les abysses, un nouveau défi pour l’humanité ? Quelles sont les solutions à la pollution plastique ? Qu’est-ce que le traité sur la haute mer ? Pourquoi dit-on que la France est la 2e nation maritime au monde ?

Depuis toujours, l’Océan assure notre survie en produisant la moitié de l’oxygène de la planète. Il est aussi notre plus grand régulateur climatique en absorbant 25 % des émissions mondiales de CO2. Grâce à sa capacité à stocker la chaleur, il modère les températures terrestres et limite les phénomènes climatiques extrêmes. Malgré ce rôle vital, nous l’épuisons : la surpêche, la pollution plastique, l’acidification des océans, l’intensification des transports maritimes, l’exploitation des ressources marines mettent en péril non seulement son équilibre, mais aussi celui de la planète, avec des conséquences imprévisibles. Le réarmement naval global le fragilise encore davantage, faisant de l’océan le terrain de jeu des grandes puissances.

Découvrez la fiche du livre « L’océan en 100 questions. Préserver l’avenir de l’humanité » en cliquant ICI

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Affiche créée par IA et Laure Fanjeau

L’ « Esprit de Camerone », jusqu’au bout de l’honneur, fêté sur les réseaux sociaux cette semaine.

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Cette semaine nous revenons sur la fête de Camerone, combat qui devint symbole de sacrifice et du devoir, fêtée chaque année le 30 avril depuis 1906 par la Légion étrangère. 

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Le combat de Camerone s’inscrit dans le cadre de l’expédition du Mexique, un épisode méconnu mais important de l’histoire du Second Empire français.

Tout commence en 1861, lorsque le président mexicain Benito Juárez, confronté à une grave crise financière, décide de suspendre le paiement de la dette extérieure du pays. Cette décision provoque la colère de plusieurs puissances européennes, dont la France, l’Espagne et le Royaume-Uni, qui décident d’intervenir militairement pour défendre leurs intérêts économiques.
Mais très vite, les objectifs français vont au-delà du simple remboursement de dettes. Napoléon III nourrit une ambition plus vaste : installer un empire catholique en Amérique latine, capable de contrebalancer l’influence des États-Unis et de renforcer la présence française dans le monde. Il soutient alors l’archiduc Maximilien d’Autriche, qu’il souhaite placer à la tête du Mexique.
C’est dans ce contexte que la Légion étrangère est envoyée sur le terrain. Chargée notamment de protéger les lignes de communication et les convois logistiques, elle opère dans des conditions très difficiles : terrain hostile, chaleur écrasante, maladies tropicales, et une guérilla mexicaine très active.

Le 30 avril 1863, une compagnie de 65 légionnaires, commandée par le capitaine Jean Danjou, un vétéran de Crimée, reçoit pour mission de sécuriser un convoi de ravitaillement entre Veracruz et Puebla. En chemin, près du hameau de Camerone, ils tombent dans une embuscade tendue par environ 2 000 soldats mexicains.

Plutôt que de fuir ou de se rendre, les légionnaires décident de tenir leur position et de résister jusqu’au dernier homme, malgré l’infériorité numérique écrasante. Le combat durera toute la journée. Blessé , leur officier, le Capitaine Danjou, leur fait jurer de ne jamais déposer les armes. Lorsque les derniers survivants, à court de munitions, sont encerclés, ils négocient de ne se rendre qu’à la condition de pouvoir garder leurs armes et de soigner leurs blessés, ce que les Mexicains acceptent, impressionnés par leur bravoure.

Ce combat, bien que militairement perdu, devient une victoire morale éclatante. Il symbolise les valeurs fondamentales de la Légion étrangère : le courage, la loyauté, le sens du devoir et le sacrifice. C’est en hommage à cet acte héroïque que, depuis 1906, la fête de Camerone est célébrée chaque 30 avril dans toutes les unités de la Légion, comme le moment le plus solennel de l’année.

« Armez vos fusils. Vous ferez feu au commandement, puis nous chargerons à la baïonnette. Vous me suivrez. » En cette fin d’après-midi du 30 avril 1863, après une journée de bataille à Camerone, au Mexique, le sous-lieutenant Maudet s’adresse à ses quatre légionnaires encore debout. Parmi eux, le caporal Philippe Maine. En face, 30 soldats mexicains les tiennent en joue. Quelques heures plus tôt, au petit matin, au lieu-dit Palo Verde, la 3e compagnie du capitaine Danjou était pourtant forte d’une soixantaine de légionnaires. Ces derniers repèrent alors au loin les 1 500 hommes du colonel Milan, chef de l’armée mexicaine de la province de Veracruz. Une première escarmouche éclate en terrain découvert. Mais, effrayés par les tirs, les deux mulets de la compagnie filent dans les rangs ennemis. Les vivres et les munitions sont perdus.

Décision est prise de trouver un point d’appui dans une hacienda du village de Camerone, puis de tenir coûte que coûte. « Nous l’avions juré », expliquera plus tard le caporal Maine. À un contre dix, les légionnaires repoussent les charges avec héroïsme. Mais les morts et les blessés s’accumulent. « Une écume blanche nous montait aux coins de la bouche et s’y coagulait. Nos lèvres étaient sèches comme du cuir, notre langue tuméfiée avait peine à se mouvoir, un souffle haletant, continu, nous secouait la poitrine, nos tempes battaient à se rompre et notre pauvre tête s’égarait… », racontera Philippe Maine. Jusqu’à cette ultime sortie baïonnette au canon, à l’issue de laquelle le caporal Maine est finalement capturé avec ses autres camarades – ils seront libérés en juillet avec d’autres prisonniers lors d’un échange contre un colonel mexicain. « L’esprit de Camerone, c’est le combat jusqu’à la mort avec la puissance, les tripes et le cœur du battant. Ne jamais renoncer, à l’image de Philippe Maine », indique le lieutenant-colonel Guy Sallat, historien des armées, spécialiste du Second Empire et auteur du livre Le sentier des braises : Philippe Maine.

Source : Ministère des Armées

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Le combat de Camerone est devenu un symbole fondateur pour la Légion étrangère française. Bien que militairement perdu, cet affrontement a révélé des valeurs profondes que la Légion continue d’honorer aujourd’hui. La première est le courage, illustré par la résistance héroïque de 65 légionnaires face à plus de 2 000 soldats mexicains. À cela s’ajoute la fidélité, à la fois envers la mission, les frères d’armes et l’uniforme, que les légionnaires ont démontrée en refusant de se rendre. Le sacrifice est également au cœur de cet engagement : les soldats ont combattu jusqu’à la mort, conscients de leur sort mais déterminés à tenir leur parole. Leur esprit de corps, leur solidarité inébranlable, et leur attachement au devoir, même dans des conditions extrêmes, incarnent l’idéal militaire porté par la Légion. Ces valeurs sont aujourd’hui commémorées chaque année lors de la fête de Camerone, et continuent de guider les légionnaires du monde entier.

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(*) Laure Fanjeau, Responsable recherche / développement et communication digitale. Auditrice « Jeunes de l’IHEDN » et de l’INHESJ, elle est officier de la réserve citoyenne de l’armée de l’Air et de l’Espace. Spécialisée en communication, marketing et publicité, elle a mené des projets civilo-militaires nationaux et européens. Elle a fondé l’agence FANJEAU LAURE (spécialisée en communication et relations publiques) au service quotidien d’associations militaires et civilo-militaires et de l’esprit de défense