«Réarmer : pourquoi faire ?»

Focus d’André Dulou
(Relations internationales)

«Réarmer : pourquoi faire ?»

Depuis l’Antiquité, la dangerosité du monde appelle l’humanité à se défendre contre son vis-à-vis, pour toutes les raisons qui tiennent d’abord à sa nature. Si Rousseau et les philosophes, ceux d’hier et d’aujourd’hui, ont pu gloser sur la responsabilité individuelle ou/et collective, sur celle de la société et de chacune et de chacun, force est de constater que leur analyse conduit irrémédiablement au même résultat : l’humain se déchire avec son semblable.

Pour accomplir tout ce déchaînement de violence, les phénomènes de coercition, les droits des peuples et les facultés des Etats montrent la même obligation : pour bien se défendre, il faut montrer ses muscles, et pour préserver sa paix, il faut dissuader l’ennemi.

Or, il semble souvent qu’il y ait des inversions dans les raisonnements, et il faut se résoudre à un constat évident : Réarmer d’abord, pour ensuite conduire une politique de puissance.

Dans le monde d’aujourd’hui, où les conflits sont nombreux, l’évaluation des menaces se fait à partir de conditions et de renseignements, qui paraissent revêtir des caractères liés au flou plus qu’à certaines réalités. Et souvent, c’est la réalité économico-financière qui l’emporte sur le reste. Car la réindustrialisation possède alors toutes les qualités d’une « économie de guerre », même lorsque les conditions n’en sont pas vraiment exposées.

Par ailleurs, il y a une « osmose alimentaire » entre « industrialisation et course aux armements » : on ne peut nier que la menace actuelle est plutôt dans le cyberespace que dans des attaques ciblées à l’aide d’une infanterie, soutenue par des appuis, y compris aériens. C’est aussi la raison pour laquelle nos yeux se tournent volontiers vers des enjeux qui paraissent plus pernicieux, et où le réarmement tient une place considérable pour défendre les intérêts de l’humain, les valeurs (qui souvent devraient être définies) des Nations, face à des ennemis quasi invisibles.

La guerre à nos portes est alors à considérer comme étant ourdie depuis des endroits et par des entités où le réarmement est nécessaire, parce que l’armement n’est pas suffisant. Quant à savoir à quoi il sert, le pourquoi a une seule réponse : la défense.

Bonne lecture.

 


A LA UNE 

En 2024, le monde se réarme
(Revue Conflits, 25 mai 2025, avec AFP)

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Le monde se réarme. En 2024, les dépenses militaires ont atteint des sommets jamais obtenus. Sur tous les continents, les pays investissent massivement dans l’armement. La guerre est présente dans les discours et sa préparation se manifeste dans les politiques mises en place.

En 2024, les dépenses militaires mondiales ont atteint un niveau record de 2 718 milliards de dollars, marquant une hausse de 9,4 % par rapport à l’année précédente. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle depuis la fin de la guerre froide, selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).

Une tendance mondiale généralisée

Pour la dixième année consécutive, les dépenses militaires ont augmenté dans toutes les régions du monde. En 2024, elles représentaient 2,5 % du produit intérieur brut (PIB) mondial. Les cinq plus grands dépensiers — les États-Unis, la Chine, la Russie, l’Allemagne et l’Inde — ont concentré à eux seuls 60 % des dépenses mondiales, totalisant 1 635 milliards de dollars.

États-Unis : toujours en tête

Les États-Unis ont maintenu leur position de premier acheteur mondial avec un budget de 997 milliards de dollars, en hausse de 5,7 % par rapport à 2023. Ce montant représente 37 % des dépenses militaires mondiales et 66 % de celles des membres de l’OTAN.

Chine : une croissance continue

La Chine a augmenté ses dépenses militaires de 7 % pour atteindre environ 314 milliards de dollars, marquant ainsi sa trentième année consécutive de hausse. Elle représente désormais 50 % des dépenses militaires en Asie-Océanie.

Russie et Ukraine : les dépenses se poursuivent

Le budget militaire de la Russie atteint 149 milliards de dollars en 2024, soit une augmentation de 38 % par rapport à 2023. Cela équivaut à 7,1 % de son PIB. De son côté, l’Ukraine a consacré 64,7 milliards de dollars à la défense, représentant 34 % de son PIB, le plus haut taux mondial.

Allemagne : une progression notable

L’Allemagne est devenue le quatrième plus grand acheteur mondial avec un budget de 88,5 milliards de dollars, en hausse de 28 % par rapport à 2023. C’est la première fois depuis la réunification que l’Allemagne atteint ce rang.

France : vers une économie de guerre

La France a augmenté ses dépenses militaires de 6,1 % pour atteindre 64,7 milliards de dollars en 2024. Le pays dit vouloir une « économie de guerre », visant à renforcer sa base industrielle et technologique de défense.

OTAN : des objectifs atteints

En 2024, les dépenses militaires des 32 membres de l’OTAN ont totalisé 1 506 milliards de dollars, soit 55 % des dépenses mondiales. 18 membres ont atteint ou dépassé l’objectif de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense, contre 11 en 2023.

https://www.revueconflits.com/en-2024-le-monde-se-rearme/


HISTOIRE

30 mai 1431 Jeanne d’Arc est brûlée vive à Rouen
(Hérodote, André Larané 28 mai 2025)

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Le 30 mai 1431, Jeanne d’Arc est brûlée vive à Rouen, sur la place du Vieux-Marché, après un procès inique. Elle est victime de ce que les Anglais voulaient à tout prix la convaincre d’hérésie (et accessoirement de sorcellerie) pour abaisser ainsi le roi Charles VII qu’elle avait diligemment servi.

Son procès, dont on a conservé et publié les minutes, témoignent d’une personnalité d’exception, avec un esprit acéré et une conscience pure.

Capturée au siège de Compiègne, le 23 mai 1430, Jeanne d’Arc est vendue par les Bourguignons aux Anglais, lesquels n’ont qu’une hâte : la faire condamner par un tribunal ecclésiastique afin de déconsidérer le roi Charles VII et rendre le moral à leurs troupes. Celles-ci, il est vrai, ne se montrent plus guère offensives depuis le siège d’Orléans.

Après un passage à la forteresse du Crotoy, au bord de la Manche, Jeanne arrive à Rouen la veille de Noël 1430. Elle est enfermée au château du Bouvreuil, la forteresse de la ville, qui accueille ordinairement des prisonniers hommes. Pour l’occasion, une tour lui est réservée. Elle est placée sous la garde du gouverneur de la ville, Richard de Beauchamp, comte de Warwick. 

https://www.herodote.net/30_mai_1431-evenement-14310530.php#:~:text=Le%2030%20mai%201431%2C%20Jeanne,qu’elle%20avait%20diligemment%20servi

 


REVUE DE PRESSE ESPRIT SURCOUF

HITSOIRE :

30 mai 1431 Jeanne d’Arc est brûlée vive à Rouen

GEOPOLITIQUE :

  1. De la place du Japon, dans l’architecture de sécurité Ino-Pacifique
  2. Retour sur le sixième sommet de la Communauté politique européenne
  3. Chine : réunion diplomatique à Xiamen pour renforcer le partenariat avec les pays insulaires du Pacifique

ECONOMIE :

  1. Réarmement : l’indispensable compétition entre petites, moyennes et grandes entreprises de la défense
  2. Défense : l’instrument SAFE obtient l’approbation finale du Conseil
  3. Cybersécurité : les collectivités territoriales doivent s’adapter

DEFENSE ET SECURITE :

  1. Les fleuves, l’autre option étudiée pour se déployer en Europe de l’Est
  2. Les 19 CASEAr 8×8 livrés à l’Ukraine ont tiré plus de 40 000 obus depuis avril 2023
  3. Quelles stratégies pour la défense française, face à la déferlante allemande à venir en 2030 ?

TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES

ARTICLES EN LANGUE ETRANGERE 

TEXTES PARUS AU JOURNAL OFFICIEL

(*) Colonel (ER) André Dulou, auditeur de l’IHEDN (156ème session régionale) est le président de la Gironde de la Société des membres de la Légion d’honneur et le président d’Aquitaine des membres de la Légion d’honneur décorés au péril de leur vie. Il est également le responsable de la revue de presse « Défense » de l’Union des associations d’auditeurs de l’IHEDN et rédacteur en chef de la revue « Floréal an X ». Auteur chez Edilivre, il est Directeur Média, Mémoire et Patrimoine d’ESPRITSURCOUF. Il est rédacteur de la revue d’actualité d’ESPRITSURCOUF et du Sémaphore d’Espritscors@ire.

 


GEOPOLITIQUE

Les conditions de la paix dans l’Indopacifique font-elles écho aux discussions de la communauté politique européenne ?

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1 – De la place du Japon, dans l’architecture de sécurité Ino-Pacifique
(Aérion24, 27 mai 2025, Valérie Niquel)

Le Japon ne cesse de renforcer ses capacités de défense, mais densifie aussi sa trame de coopérations de défense, notamment à travers un plus grand nombre d’exercices multinationaux. Comment se perçoit-il dans l’architecture géostratégique de l’Indo-Pacifique ? Comme un acteur moyen ou comme un leader potentiel ?

Depuis le milieu des années 2010, d’abord sous le Premier ministre Abe puis sous le Premier ministre Kishida, le Japon a adopté un certain nombre de mesures qui renforcent d’une manière significative sa capacité d’action militaire. À la suite d’une « interprétation » de l’article 9 de la Constitution, le Japon peut participer à des actions de défense collectives. Une Stratégie de sécurité nationale a pour la première fois été publiée en 2013. Il a signé des accords de coopération logistiques (ACSA) avec plusieurs pays, dont la France, et des accords facilitant les exercices conjoints avec l’Australie et le Royaume-­Uni. Le Japon multiplie les partenariats de sécurité avec ses voisins qui partagent une même inquiétude face à la Chine, avec notamment la mise en place depuis 2024 d’un programme d’assistance de sécurité (OSA, Official security assistance) selon les termes esquissés dans la nouvelle Stratégie de sécurité nationale publiée en 2022. Enfin le Japon a décidé en 2022 de porter son budget de défense à 2 % du PNB à l’horizon 2027. En dépit de ces éléments importants, ses moyens d’action réels demeurent limités. S’il se dote de porte-­avions capables d’accueillir des F‑35 américains, les règles d’engagement demeurent ambiguës, notamment en cas de conflit dans son environnement immédiat. L’opinion demeure très réticente à tout ce qui peut apparaître comme une prise en risque en cas de conflit, même si la conscience d’une menace de déstabilisation liée à la politique régionale de la Chine est présente. À ce titre, en dépit de discours parfois très engagés de certains hommes politiques, le Japon n’a ni les moyens ni la volonté de jouer un rôle d’acteur militaire majeur en Asie et la priorité demeure de satisfaire les attentes de l’allié américain.

https://www.areion24.news/2025/05/27/de-la-place-du-japon-dans-larchitecture-de-securite-indo-pacifique/

2 – Retour sur le sixième sommet de la Communauté politique européenne
(Télos, Cyrille Bret et François Lafond, 27 mai 2025)
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Le 16 mai dernier, l’Albanie accueillait le sixième sommet de la Communauté politique européenne (CPE) et constituait, pour quelques heures, l’intense foyer de discussions sur la sécurité et l’avenir du continent européen. Pour un « petit » Etat européen, au PIB modeste (officiellement un peu plus de 17 Mds€ en 2024) et à la population réduite (moins de 2,5 millions d’habitants mais avec une diaspora de plus d’un million), il s’agit d’un coup de maître diplomatique. Longtemps isolée en Europe du fait de la dictature communiste de Hodja, encore affaiblie par une sortie du communiste chaotique, l’Albanie de 2025 confirme son statut régional, réaffirme sa vocation européenne et consacre ses ambitions internationales.

Après avoir officiellement accédé au statut de pays candidat à l’UE en 2014, puis ouvert les négociations en octobre 2024, le « pays des aigles », déjà membre de l’OTAN depuis 2009, accélère sa trajectoire européenne, au sens large et au sens communautaire. L’organisation de cette sixième édition d’un sommet de la CPE, peu remarquée par le grand public, atteste surtout de l’émergence d’un élément d’une nouvelle architecture de la sécurité européenne, appelée de ses vœux par le président Macron lorsqu’il lança en 2022 l’idée d’une instance informelle de coopération intergouvernementale, dans le contexte de l’agression russe en Ukraine : la CPE est un forum propre européen où tous – petits et grands, otaniens ou non – ont vocation à se saisir des enjeux du continent. Après l’organisation de la CPE en 2023 par la Moldavie, la détermination et la capacité de certains « petits » pays, comme l’Albanie aujourd’hui, à s’adapter à la donne mondiale en accueillant ce sommet sont des signes à prendre en compte. Quelle est la « recette » de ce succès diplomatique ?

https://www.telos-eu.com/fr/retour-sur-le-sixieme-sommet-de-la-communaute-poli.html
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3 – Chine : réunion diplomatique à Xiamen pour renforcer le partenariat avec les pays insulaires du Pacifique
(RFI, 28 mai 2025, avec Cléa Broadhurst)

Ces 28 et 29 mai, la Chine accueille une réunion diplomatique avec plusieurs États insulaires du Pacifique. L’objectif affiché est de resserrer les liens avec cette région stratégique, avec, autour de la table, les chefs de la diplomatie de 11 pays, dont Kiribati, les Îles Salomon, la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou encore Fidji. L’enjeu principal est d’approfondir le partenariat stratégique global entre la Chine et les pays insulaires du Pacifique.

Au programme de ce sommet, trois priorités : renforcer les échanges commerciaux et les investissements, la coopération face aux défis climatiques, et enfin soutenir un développement durable dans ces pays insulaires souvent vulnérables, explique notre correspondante à Pékin, Clea Broadhurst.

L’autre enjeu fort est la réduction des risques de catastrophe. La Chine a mis en place un centre régional qui organise des formations, des exercices d’urgence, et fournit du matériel de secours. Des partenariats ont été noués avec des institutions locales comme l’Université des Fidji ou celle des Tonga.

Ce sommet est aussi l’occasion de dialogues bilatéraux. Par exemple, les Îles Cook poursuivent, avec Pékin, la mise en œuvre d’un plan stratégique pour la période 2025–2030. Mais cette offensive diplomatique de la Chine attire l’attention. L’accord signé avec les Îles Cook a provoqué des tensions avec la Nouvelle-Zélande, qui regrette de ne pas avoir été consultée. Dans cette région, chaque rapprochement est aussi un message géopolitique.

Malgré ces crispations, les pays du Pacifique affirment leur autonomie et cherchent des partenariats alignés sur leurs priorités. Cette réunion pourrait bien marquer les contours de la coopération régionale et peser sur les équilibres géopolitiques à venir.

https://www.rfi.fr/fr/asie-pacifique/20250528-chine-r%C3%A9union-diplomatique-%C3%A0-xiamen-pour-renforcer-le-partenariat-avec-les-pays-insulaires-du-pacifique 


ECONOMIE

Les différentes approches économiques des questions liées à la dangerosité du monde contiennent les éléments de défense qui conduisent à la nécessité de réarmements

 

1 – Réarmement : l’indispensable compétition entre petites, moyennes et grandes entreprises de la défense
(The Conversation, 27 mai 2025, Johanna Gast, Chloé Zanardi, Référic Le Roy)


La France a adopté une loi de programmation militaire 2024-2030 ambitieuse : 413 milliards d’euros pour moderniser les armées. Concrètement, financer sa base industrielle et technologique de défense composée de 4 500 entreprises, dont neuf grands groupes industriels comme Thales ou MBDA, et de nombreuses PME. L’enjeu : les faire travailler ensemble dans une logique de « coopétition », une relation mixant la compétition et la coopération. Une véritable révolution copernicienne.

Face à la menace russe et à un désengagement états-unien, l’Europe se réarme. Fin avril 2025, 16 pays de l’Union européenne demandent à Bruxelles d’être temporairement dispensés des règles encadrant la stabilité budgétaire pour investir davantage dans la défense. La France n’a pas manifesté cet intérêt, mais Emmanuel Macron a évoqué en février 2025 l’idée de porter les dépenses militaires françaises de 2,1 % à 5 % du PIB.

Alors que la France se prépare à cette potentielle guerre de haute intensité, le gouvernement français met en ordre de marche sa base industrielle et technologique de défense (BITD) dans une nouvelle logique : celle de la « coopétition ». Ce mixte de coopération et de compétition entre différents acteurs qui étaient historiquement en coopération client-fournisseur est une véritable révolution copernicienne.

https://theconversation.com/rearmement-lindispensable-coopetition-entre-petites-moyennes-et-grandes-entreprises-de-la-defense-255333

 

2 – Défense : l’instrument SAFE obtient l’approbation finale du Conseil
(Euractiv, 28 mai 2025, Charles Cohen et Nicoletta Ionta)

Le Conseil de l’UE a donné mardi 27 mai son feu vert au programme Security Action for Europe (SAFE), un mécanisme historique de prêts de 150 milliards d’euros destiné à financer des achats conjoints d’équipements militaires. Cette étape marque la fin d’un processus d’adoption controversé, la Commission européenne ayant choisi d’activer une clause d’urgence pour contourner les négociations avec le Parlement européen.

L’approbation a été obtenue lors du Conseil Affaires générales. Seule la Hongrie s’est abstenue lors du vote, qui met un point final à l’adoption du programme, présenté en mars par la Commission comme un levier financier clé pour renforcer l’industrie européenne de la défense et accélérer la production d’armements, de munitions et de technologies militaires sur le continent.

Le dispositif prévoit que des groupes d’au moins trois pays unissent leurs efforts pour soumettre des projets éligibles à un financement au titre du programme SAFE. Les initiatives peuvent concerner des achats communs de munitions, de missiles, de drones militaires ou d’équipements de guerre électroniques.

https://www.euractiv.fr/section/defence/news/defense-linstrument-safe-obtient-lapprobation-finale-du-conseil/

3 – Cybersécurité : les collectivités territoriales doivent s’adapter
(Economie matin, 28 mail 2025, Benoît Grünemwald)

La cybersécurité dans les collectivités territoriales s’impose désormais comme une priorité. Non par effet de mode ou simple obligation réglementaire, mais parce qu’il en va de la continuité des services publics. Les élus et les agents en sont bien conscients.

Pourtant, entre pressions budgétaires, complexité organisationnelle et manque de ressources humaines spécialisées, la route vers une protection efficace reste semée d’embûches. Des approches pragmatiques, mutualisées et adaptées aux réalités de terrain permettent toutefois d’avancer concrètement. Cette pression numérique vient s’ajouter à une gestion opérationnelle déjà complexe.

Composer avec des systèmes hétérogènes et une numérisation progressive

Les collectivités, en particulier les petites et moyennes, fonctionnent avec des systèmes d’information souvent disparates, construits au fil des années selon leurs besoins. Une grande partie de leur parc informatique reste vieillissant : de nombreux postes sont anciens et utilisent encore des systèmes non maintenus. La diversité des logiciels métiers complique la gestion globale de la sécurité. Et comme dans d’autres secteurs publics, l’investissement dans le numérique reste limité : à peine 1 à 2 % du budget total, selon les territoires. Pour autant, les données gérées par les collectivités (état civil, listes électorales, documents administratifs, données scolaires…) sont précieuses et peuvent se monnayer sur les forums illégaux. Au-delà de l’importance des données, les cyberattaques par ransomware entraînent des paralysies administratives parfois longues, qui affectent directement les usagers et les agents.

https://www.economiematin.fr/cybersecurite-collectivites-territoriales-alerte-technologie-grunemwald


DEFENSE ET SECURITE

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De nombreuses hypothèses se bousculent encore, face aux anticipations stratégiques qu’il est indispensable de mener, sur les déploiements, les capacités, et le défi posé par les alliances.
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1 – Les fleuves, l’autre option étudiée pour se déployer en Europe de l’Est
(HOME FOB, 27 mai 2025, Nathan Gain)

 

Et si transport multimodal rimait aussi avec voie fluviale ? Évoquée auparavant pour le territoire français, la piste est désormais étudiée à l’échelle européenne par le Centre du soutien des opérations et des acheminements et la Plateforme affrètement et transport

Rhin, Danube, Elbe ou encore Oder, autant de fleuves que les armées françaises pourraient emprunter pour transporter leurs équipements et leur fret vers l’est de l’Europe. Adressée aux entreprises européennes, la demande d’information émise hier par le CSOA et la PFAT vise à étudier l’offre de marché disponible. Ni acte d’achat, ni appel d’offres donc, mais un panorama des solutions existantes au départ de grandes villes et grands ports français ou non, dont Hambourg, Le Havre et Marseille. 

Moins rapide que d’autres, le transport fluvial présente néanmoins quelques avantages opérationnels, pointe la DI. Non seulement il diversifie l’offre actuelle, mais il est aussi plus discret car « moins exposé aux regards et aux arrêts fréquents que le transport routier, permettant de limiter le renseignement d’opportunité ».

https://www.forcesoperations.com/les-fleuves-lautre-option-etudiee-pour-se-deployer-en-europe-de-lest/

2 – Les 19 CASEAr 8×8 livrés à l’Ukraine ont tiré plus de 40 000 obus depuis avril 2023
(OPEX360, 27 mai 2025,  Laurent Lagneau)

En septembre 2021, la République tchèque confirma la commande de cinquante-deux CAESAr [camions équipés d’un système d’artillerie de 155 mm] en version 8×8 auprès de Nexter [devenu KNDS France], pour un montant de 335 millions d’euros. Le contrat prévoyait une participation de l’industrie locale [celle de Tatra, en particulier] à hauteur de 40 %.

« En sélectionnant le CAESAr dans sa version huit roues motrices, le ministère tchèque de la Défense fait le choix d’un système parfaitement adapté au combat de haute intensité », s’était félicité l’industriel français, à l’époque.

Puis, peu d’un an plus tard, au regard du retour d’expérience de la guerre en Ukraine, le ministère tchèque de la Défense signa un second contrat pour se procurer dix CAESAr 8×8 supplémentaires, pour 73 millions d’euros.

Le choix du CAESAr 8×8 devait alors permettre à l’armée tchèque de remplacer ses obusiers automoteurs Dana ZTS de 152 mm, en service depuis plus de quarante ans. Et cela assez rapidement puisqu’il était question d’achever les livraisons des pièces commandés à KNDS France en 2026.

https://www.opex360.com/2025/05/27/les-19-caesar-8×8-livres-a-lukraine-ont-tire-plus-de-40-000-obus-depuis-avril-2023/

3 – Quelles stratégies pour la défense française, face à la déferlante allemande à venir en 2030 ?
(Méta-Défense, 23 mai 2025, Fabrice Wolf)

Alors que le sommet de l’OTAN de La Haye se rapproche, l’avenir de la Défense française demeure encore particulièrement flou. Ainsi, là où Berlin multiplie les annonces afin d’anticiper les transformations radicales à venir pour ses armées et son industrie de défense, en application de la hausse des dépenses de défense qui seront avalisées par ce sommet, Paris, de son côté, reste, à son habitude, très discret à ce sujet.

De fait, aujourd’hui, la posture française, à un mois de ce sommet historique pour l’avenir de la sécurité en Europe, demeure officiellement identique à ce qu’elle était il y a un an, tout au moins dans l’attente de la publication de la Révision 2025 de la Revue stratégique 2022, et des conséquences budgétaires et programmatiques qu’elle engendrera.

Dès lors, il est possible de se montrer inquiet et anxieux face au mutisme des autorités françaises, lorsque Berlin multiplie les annonces visant à faire de la Bundeswehr la première armée conventionnelle en Europe, de l’industrie de défense allemande un substitut potentiel à l’industrie américaine, y compris en se dotant d’un mécanisme proche du FMS, et de l’Allemagne, comme pivot stratégique de cette défense européenne.

https://meta-defense.fr/2025/05/23/defense-francaise-vs-allemagne-2030/


TOUR D’HORIZON DE MEDIAS SPECIALISES 

ESPRIT SURCOUF vous offre un tour d’horizon des titres de fond propres à susciter la réflexion de défense et de sécurité


1 – Pourquoi Taïwan est un enjeu stratégique majeur pour l’Occident
(Asialyst, 20 mai 2025, Pierre-Antoine Donnet)

Taïwan est un bastion de démocratie face à un océan de totalitarisme, le lieu où la vaste majorité des semiconducteurs de dernière génération sont produits, et elle est surtout un verrou crucial qui contrôle l’accès à une bonne partie de l’océan Pacifique.

L’île de Taïwan et les autres petites îles administrées par le gouvernement taïwanais ne représentent en superficie guère plus que la Belgique. Sa population de 23,5 millions d’habitants comparée au 1,4 million de continentaux en fait un David contre Goliath face à la Chine continentale qui pourrait n’en faire qu’une bouchée.

Depuis des décennies, l’Armée populaire de libération chinoise (APL) se prépare à s’emparer de Taïwan. Les menaces se sont considérablement aiguisées depuis l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping en 2012 et davantage encore ces deux dernières années, au point que nombreux sont les experts de ce dossier à s’interroger sur un risque croissant de conflit qui pourrait dégénérer en guerre chaude entre la Chine et les Etats-Unis. Mais pourquoi récupérer Taïwan est-il devenu une obsession pour Xi Jinping dont la rhétorique guerrière ne laisse guère de doute sur sa détermination à parvenir à ses fins dans les années à venir, et ce quel qu’en soit le coût.

https://asialyst.com/fr/2025/05/20/pourquoi-taiwan-enjeu-strategique-occident/

 

2 – La formation à la lutte contre les atteintes à l’environnement, une étape importante pour renforcer l’efficacité de l’action de l’Etat
(Gendinfo, 28 mai 2025  CESAN)

Du 5 au 21 mai 2025, à Rosny-sous-Bois, se sont déroulées des sessions de formation, proposées par le Commandement pour l’environnement et la santé (CESAN), mises en œuvre par le Centre national de formation au renseignement et à l’investigation (CNFRI), et destinées aux fonctionnaires et agents avec lesquels la gendarmerie travaille régulièrement dans la lutte contre les atteintes à l’environnement.

Face à l’ampleur des atteintes à l’environnement, le législateur a, depuis quelques années, renforcé les pouvoirs de police judiciaires de certains agents appartenant aux administrations compétentes en matière de protection de l’environnement. Restait cependant à leur faire acquérir les connaissances pratiques pour leur permettre d’exercer concrètement leurs nouvelles compétences.

Dans cette optique, a été créé un module de formation aux fondamentaux de la police judiciaire à destination des fonctionnaires et agents avec lesquels les gendarmes travaillent régulièrement, proposé par le Commandement pour l’environnement et la santé (CESAN) et mis en œuvre par le Centre national de formation au renseignement et à l’investigation (CNFRI).

https://www.gendarmerie.interieur.gouv.fr/gendinfo/actualites/2025/la-formation-a-la-lutte-contre-les-atteintes-a-l-environnement-une-etape-importante-pour-renforcer-l-efficacite-de-l-action-de-l-etat

 

3 – Cyberguerre : mythe ou réalité ?  
(Diploweb, Planisphère avec A.Coustillère, sur RCF – RND, 28 mai 2025)

DANS les années 1990, Internet incarnait un idéal d’échange pacifique et libre, en appui d’une mondialisation heureuse. Quelques décennies plus tard, il est devenu un champ d’affrontement stratégique à part entière. Désormais, nous parlons de cyberguerre, un terme à la fois inquiétant et souvent mal compris. Pour éclairer ce phénomène, l’amiral Arnaud Coustillière, ancien commandant de la cyberdéfense au ministère des Armées, livre une analyse lucide et structurée de ce nouvel espace de conflictualité.

Le cyberespace, théâtre d’une guerre silencieuse

Le terme « cyber » désigne l’univers numérique, devenu un espace autonome et interconnecté. Initialement porteur de progrès et d’ouverture, cet espace est désormais investi par les conflits : désinformation, escroqueries, cybercriminalité, affrontements entre États. Comme l’espace maritime en son temps, le cyberespace transporte informations, valeurs et richesses. Les grandes puissances numériques – États-Unis, Chine, Russie – y exercent leur influence à travers leurs géants technologiques et leurs stratégies cyber offensives ou défensives.

https://www.diploweb.com/Planisphere-Cyberguerre-mythe-ou-realite-Avec-A-Coustilliere.html


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