Macron,
islamisme et faux-semblant

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Pascal Le Pautremat (*)
Rédacteur en chef d’Espritsurcouf

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Ainsi, il faut donc un rapport de 76 pages, émanant du ministère de l’Intérieur, intitulé « Frères musulmans et islamisme politique en France », fruit d’une mission lancée en avril 2024, pour que, subitement, une partie du pouvoir exécutif se réveille et prenne conscience de l’urgence de la situation.

Nombre de journalistes ont fait écho de ce rapport et de sa réception, au gré d’une visible campagne de communication qui, finalement, s’avère assez contreproductive. En effet, il aura fallu un Conseil de Défense, le 21 mai, pour que le Président de la République veuille donner l’impression de reprendre la main, en minimisant le problème ; sans doute pour rassurer ou empêcher les confusions avec l’islam « modéré ». L’Elysée a tempéré les inquiétudes interministérielles et a fait mine de s’inquiéter de la réaction des pays musulmans face à la critique portée à l’égard des fondamentalistes musulmans, et plus précisément, des frères musulmans, quant à leur stratégie et leur dynamique.

Pourtant, selon diverses sources, ledit rapport, commandé il y a plus d’un an, aurait été lu par le Président de la République depuis plusieurs mois. Ce qui laisse à penser qu’il préfère ne pas prendre le problème à bras le corps, comme bien d’autres présidents avant lui. De crainte d’engendrer des remous majeurs dans une société française pourtant déjà bien phagocytée par le communautarisme ?

Une partie de l’opinion publique n’est pas dupe. Et nombre d’élus, de fonctionnaires perçoivent clairement les dérives et démarches incisives des milieux fondamentalistes islamiques en France. Plusieurs universitaires, comme Bernard Rougier, Gilles Képel ou encore Florence Bergeaud-Blakler connaissent parfaitement la situation. Ils en ont souvent fait état, au gré de leurs travaux. Mais ils sont souvent dû faire face à des critiques acerbes, subjectives et politisées.

Il y a 20 à 25 ans déjà, il n’était pas exceptionnel de voir divers experts dénoncer la menace que représente le lobbying des Frères musulmans, notamment via l’UOIF (Union des organisations islamiques en (puis de) France) apparue en 1983 et renommée Musulmans de France en 2017. Leur entrisme dans les universités, les associations culturelles et sportives, tout comme dans les entreprises était déjà palpable dans les années 2000. Il n’a fait que s’ancrer, s’amplifier même pour s’inscrire dans un quotidien que beaucoup de Français acceptent par fatalité, faute de réactivité des pouvoirs publics. Ceux-ci craignent en effet les batailles juridiques que savent très bien engager les fondamentalistes musulmans et leurs soutiens, en faisant valoir des logiques démocratiques, la liberté d’expression, et sachant jouer aussi sur la notion de laïcité, comme sur celle du racisme pour se présenter comme victimes…

Aujourd’hui la situation s’est lourdement aggravée en raison de l’inertie de diverses autorités, de la complicité malsaine et opportuniste de maires, en quête de réélection. Ceux-ci n’hésitent pas, en effet, à soutenir les revendications des fondamentalistes musulmans (associations sportives où le voile se répand, piscines aux créneaux réservées à des musulmanes conservatrices, etc). Sans prendre conscience que les frères musulmans, fidèles à leur stratégie des étapes, étendent ainsi leur maillage intercommunal et scellent les liens avec leurs réseaux implantés dans les pays européens qui, pour beaucoup, sont confrontés aux mêmes maux en la matière. Et surtout, n’oublions jamais que les frères musulmans honnissent toute logique démocratique.

Jouer le faux-semblant, donc… Mais jusqu’à quand ? Et surtout à quel prix ?

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Pour ce 258^ème numéro d’Espritsurcouf, le thème principal est consacré à la question du fondamentalisme musulman et notamment aux Frères musulmans.

Éric Stemmelen partage son avis sur la lutte contre le radicalisme islamique tout en rappelant la genèse évolutive au sein d’un Islam pluriel : « La lutte contre la radicalisation islamiste est-elle efficace ? » (rubrique SECURITE).

Autour de cette même thématique, Alain Chouet nous livre son avis sur les derniers évènements politiques et médiatiques ; lui qui a passé des décennies à analyser les Frères musulmans et à mettre en garde contre leur extrême dangerosité polymorphe « Les Frères musulmans : de leur origine aux années 2010 » (rubrique HUMEURS).

Laure Fanjeau, dans sa rubrique, vous propose, sur ce thème, divers interviews, notamment de Bernard Rougier et de Florence Bergeaud-Blakler. Conjointement, elle propose un focus sur les Pompiers de Paris qui sont intervenus, dans la nuit du samedi 24 au dimanche 25 mai, afin d’éteindre un incendie qui a touché l’École militaire dont les charpentes, pour l’essentiel, ont plus de 200 ans (Rubrique LU, VU ET ENTENDU POUR VOUS).

Sarah Caron, pour sa part, nous propose la deuxième partie de son étude consacrée à la notion de frontière renforcée en Europe : « La politique du Mur » (rubrique GEOPOLITIQUE).

André Dulou, avec sa REVUE D’ACTUALITE, propose une nouvelle sélection pluri thématique d’articles de presse et s’inscrit autour d’un thème principal : « Réarmer, pourquoi faire ? »

Enfin, au moment de cet incendie, de l’Ecole militaire, il est en également question en matière d’édition à travers l’ouvrage qui lui consacre Lionel Pétillon, à travers les cartes postales : Lionel Pétillon, L’École militaire, une histoire en cartes postales. Ed. Pierre de Taillac, 2025, 152 pages, 24,90 euros. (Rubrique LIVRES).

Bonne lecture,
Pascal Le Pautremat

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(*) Pascal Le Pautremat est Docteur en Histoire Contemporaine, diplômé en Défense et Relations internationales. Il est maître de conférences à l’UCO et rattaché à la filière Science Politique. Il a enseigné à l’Ecole Spéciale militaire de Saint-Cyr et au collège interarmées de Défense. Auditeur de l’IHEDN (Institut des Hautes Études de Défense nationale), ancien membre du comité de rédaction de la revue Défense, il est le rédacteur en chef d’ESPRITSURCOUF. Son dernier ouvrage « Géopolitique de l’eau : L’or Bleu » est présenté dans le numéro 152 d’ESPRITSURCOUF.